Pourquoi oublier les politiques néolibérales du PQ
et l’impasse dans laquelle il a entraîné la lutte pour l’indépendance du Québec ?
La première erreur de la stratégie politique de monsieur Dubuc c’est d’oublier la nature du PQ et de ses politiques. Le PQ est un parti néolibéral qui défend la globalisation capitaliste, qui s’est présenté jusqu’à tout récemment comme le champion du libre-échange, qui a appliqué les politiques néolibérales avec zèle mais à la québécoise bien sûr (en cherchant à enferrer les dirigeants syndicaux et populaires dans la mise en place de ces politiques).
Proposer de faire alliance avec le PQ, c’est nous demander d’oublier que malgré la Marche du pain et des roses et la Marche mondiale de l’An 2000, les femmes vivent encore dans la pauvreté et que l’équité salariale accordé aux enseignantes signifie aussi un prolongement de leurs heures de travail ; Proposer une telle alliance, c’est oublier que les assistéEs socialEs se sont battues contre les coupures dans les différents programmes d’aide sociale, qu’ils et elles ont perdu la gratuité des médicaments, qu’ils et elles vivent la pire crise du logement, c’est oublier le mépris dont le gouvernement a fait preuve à leur égard et que la loi du gouvernement péquiste contre la pauvreté (sic) ne risque pas d’améliorer leur situation. Quant aux garderies à cinq piastres, parlons en en terme de places disponibles, et rappelons que les travailleuses des garderies ont dû brandir la menace de la grève pour gagner le droit à une retraite décente. Faut-il encore rappeler : les coupures dans l’éducation et la santé, la politique forestière, le laxisme en matière d’environnement, la "meilleure" fiscalité du monde pour… les entreprises… Le PQ a fait des concessions mais contraints et forcés. Et c’est avec un tel gouvernement qu’on propose de faire une alliance ?
Appeler à une alliance de la gauche avec le PQ, c’est reprendre comme de l’argent comptant ses discours "sociaux-démocrates" même si on ajoute qu’on doit demander des garanties. Cette proposition d’alliance repose sur une erreur d’analyse de la réalité concrète des pratiques du gouvernement maintenant aux abois car le population veut lui botter le derrière et qui ressort en fin de parcours des discours "progressistes et sociaux démocrates" non sans éprouver quelques difficultés avec des ministres qui appellent le PQ à se recentrer si ce n’est à virer à droite.
Proposer une telle alliance avec le PQ, c’est refuser de comprendre que le PQ est un obstacle dans la lutte pour l’indépendance du Québec. Il est maintenant tout à fait incapable de proposer quoi que ce soit de concret dans la marche vers la souveraineté. Et s’il ne peut le faire, c’est qu’il s’est toujours refusé de lier la lutte pour l’indépendance à lutte pour les revendications sociales de la vaste majorité. Il a même fait exactement le contraire. Souvenons-nous des fameux discours de Bouchard qui prétendait que l’atteinte du déficit zéro renforcerait la confiance des QuébécoisEs en eux-mêmes et donc la lutte pour la souveraineté. Et maintenant, engoncée dans une crise stratégique, il ressort le truc des référendums sectoriels.
L’ADQ, comme épouvantail
L’ADQ est un parti politique qui utilise un langage de la droite américaine. Cela en fait trembler certains. Mais, il s’inscrit comme le PLQ -et le PQ, dans le cadre de la défense de politiques néolibérales. Mais en faire l’ennemi principal, le danger essentiel, c’est en faire un épouvantail bien utile pour le PQ qui trouvera là le moyen d’éviter que le bilan de son offensive contre les classes travailleuses et populaires et contre les femmes soient exposés clairement. Faire de l’ADQ un épouvantail, c’est utiliser l’ADQ pour resouder autour du PQ, malgré son bilan, la gauche sociale et la laisser prisonnière de ce meneur de jeu. Ce serait le retour à la vieille stratégie du moindre mal qui a tant desservi les classes populaires. Ce remake politique peut séduire mais c’est un miroir-aux-alouettes, un piège qu’il faut savoir éviter.
Résister au pessimisme et aux manœuvres à courte vue
La construction de l’UFP reste la seule perspective sérieuse !
Depuis des décennies maintenant, la majorité de la gauche sociale n’a pas réussi à rompre avec le PQ parce qu’elle espérait qu’il conduirait la société à l’indépendance ou parce que les forces de la gauche politique n’avaient pas réussi à dépasser leur dispersion et d’offrir une alternative. Heureusement la gauche a fait du chemin. La fondation de l’UFP en est une preuve. Et l’UFP a été fondée pour offrir une réelle alternative au PQ, pour en finir avec la stratégie du moindre mal, du vote du moins pire.
L’UFP se veut un parti de la rue et des urnes pour poser au niveau politique les revendications que les gens poussent dans la rue et sur la place publique.. Accepter une telle stratégie pour l’UFP se serait accepter dans les faits de se subordonner au PQ, de négocier des arrangements avec un promoteur du néolibéralisme au Québec.? L’UFP n’a pas à pactiser avec le PQ, car l’UFP serait réduit à jouer la cinquième roue du carrosse péquiste.
La population québécoise a voté aux partielles l’ADQ pour renouveler le paysage politique. Les sondages ont démontré que les gens ignorent son programme politique, les gens ont plutôt dit : "du nouveau". L’UFP doit se présenter comme le véritable porteur de ce renouveau, un parti capable de défendre âprement les revendications les plus essentielles de la population. Rien ne sera facile. Et le travail d’enracinement de l’UFP demandera beaucoup d’opiniâtreté. Mais il n’y a aucun raccourci face au travail essentiel de construire une parti des classes travailleuses et des classes populaires.
Monsieur Dubuc votre stratégie nous tire en arrière. L’UFP s’est bâti contre les trois moutures du parti néolibéral, seul parti représenté à l’Assemblée nationale. Il a rien à sauver du PQ. Le Québec a davantage besoin d’une lutte contre la mondialisation et les politiques néolibérales, il a besoin davantage besoin d’une perspective indépendantiste fortement articulée à un projet de société que d’un remake d’une vieille stratégie du moindre mal et ce n’est pas l’utilisation de l’ADQ comme d’un épouvantail à moineaux qui nous convaincra du contraire.
S’il faut débattre de la stratégie proposée de M. Dubuc, c’est pour pouvoir la rejeter avec force et conviction.