Le Parti québécois est un faux monnayeur par excellence. À l’approche des élections, il s’efforce de se donner des allures progressistes et il agite des épouvantails. Il veut se présenter comme le seul porteur de la justice sociale et du progrès.
Durant tout son mandat, le gouvernement péquiste, particulièrement le premier ministre actuel, s’est pêté les bretelles d’avoir mis en place une fiscalité hautement concurrentielle, entendez inéquitable et complètement biaisée en faveur des entreprises. Son obsession du déficit zéro l’a conduit à sabrer dans les budgets de la santé et de l’éducation. Son soutien à l’agro-business et sa politique de laisser-faire en matière de protection de l’environnement ont permis à des entreprises de polluer des régions entières. Ce gouvernement a fait preuve d’aveuglement volontaire sur le saccage des forêts du Québec.
Et à la veille des élections, voilà qu’il fait preuve de largesses inattendues. Il introduit, cédant à des pressions soutenues des groupes sociaux, une loi anti-pauvreté qui se maintient au niveau des principes mais qui ne change rien aux conditions de vie concrètes des personnes les plus défavorisées. Le ministre responsable se réveille enfin sur la gestion destructrice des forêts québécoises et promet d’y faire… quelque chose. Le gouvernement péquiste envoie une ministre à Porto Alegre et il critique même la ZLÉA (dans sa forme actuelle) comme si ce projet de l’impérialisme américain pouvait être amendé. La récupération est au poste de commande.
La démonisation de l’ADQ est bien utile ; c’est derrière les peurs suscités que le PQ et ses alliés s’abritent pour éviter de faire un bilan sérieux du gouvernement péquiste du point de vue des classes ouvrière et populaires. Le PQ, le PLQ et l’ADQ ont chacun leur physionomie, leur stratégie et des alliés privilégiés ; mais ils ont agi comme des instruments de l’offensive néolibérale contre la population du Québec. Compter protéger les acquis sociaux en s’appuyant sur un parti contre l’autre, c’est refuser de se préparer aux combats qui sont devant nous. C’est se désarmer politiquement. C’est refuser de comprendre, qu’il nous faut notre parti politique de classe.
Toute force politique sur la gauche qui prétend démasquer son double jeu est aussitôt pris pour cible. Et c’est bien le sens des attaques dont fait l’objet l’Union des Forces Progressistes de la part du PQ. L’UFP ne fait pas un virage à gauche de circonstance qui sera vite oublié. C’est un parti de gauche. C’est un parti qui défend les intérêts des classes ouvrière et populaires. C’est un parti qui présente une alternative concrète et réelle, qui présente une autre politique. L’UFP veut regrouper toutes les personnes qui en ont assez du double langage du PQ, de sa phraséologie progressiste couvrant des politiques néolibérales. L’UFP porte le projet de bâtir un Québec égalitaire et solidaire ; non celui d’un Québec construit sur la précarité, l’exclusion et la loi du plus fort !
Si des éléments progressistes (ou de gauche) sont encore prisonniers du PQ, de la logique péquiste, qu’ils sachent qu’ils sont promis à l’impuissance et à devoir bientôt avaler de nombreuses couleuvres. Il est temps d’en finir avec cette politique du moins pire, avec la remise à plus tard de la construction d’un parti qui ne soit pas celui des compromissions ; il est temps d’en finir avec le PQ qui remet toujours à plus tard les combats essentiels. La lutte pour l’indépendance nationale a aussi été sacrifiée sur l’incapacité de ce gouvernement de présenter un projet d’indépendance articulant les revendications sociales et les revendications nationales.
Construire une alternative politique à gauche au Québec aujourd’hui, nécessite une rupture claire et sans faille avec le Parti québécois et ses petites manœuvres sordides qui ne visent qu’à s’accrocher au pouvoir. Il faut rompre totalement avec ces politiciens petits-bourgeois dont les mépris de classe est si évident qu’il perce à chaque semaine leur vernis « progressiste ». Quand ce n’est pas le ministre de l’éducation qui rend les parents responsables des difficultés d’apprentissage de leurs enfants, c’est le Premier ministre qui se permet une comparaison qui responsabilise les plus pauvres du partage inégalitaire des richesses au Québec.
La lutte contre la ZLÉA et non la lutte pour sa prétendue réforme ; la lutte contre la guerre (quelle soit ou non patronnée par l’ONU) ; la lutte pour une fiscalité qui redistribue la richesse et non des accommodements de surface ; la lutte pour la réduction de la semaine de travail sans baisse de salaire, la lutte pour des réinvestissements massifs dans l’éducation et la santé… Tous ces éléments de la plate-forme de l’UFP oppose au projet péquiste un autre projet de société qui s’articule aux besoins des classes populaires.
La gauche aujourd’hui au Québec ne peut se faire la défenderesse d’un front commun national avec la composante nationaliste de la bourgeoisie québécoise ; la gauche doit s’installer dans la défense patiente, obstinée des intérêts populaires. Un long combat commence. Celui de l’autonomie politique des classes ouvrières et populaires, celui de la construction d’un parti complètement autonome des partis liés à un quelconque secteur de la bourgeoisie. Ce combat ne peut se fonder que sur une rupture totalement assumée avec le PQ, parti du faux-semblant.
Que ceux et celles qui se veulent progressistes et qui n’ont encore pris la décision de rompre avec le PQ se donnent la peine de faire un bilan sérieux de la politique concrète de ce parti , qui s’est défini pendant des années comme le héraut du libre-échange, du déficit zéro et du soutien à l’accumulation du capital national. Ils comprendront, nous l’espérons, qu’il est temps de quitter leur attentisme, leurs positions peu et mal définies qui les maintiennent dans un parti qui se moquera, aussitôt le pouvoir reconquis, de leurs convictions et de leurs principes.