Le Collectif D’abord Solidaires mis sur pied fin janvier 2003 regroupe des militantes et des militants qui s’interrogent sur la situation politique actuelle dans le contexte de la mondialisation et de la guerre. Leur objectif en est un de conscientisation populaire en préparation de la prochaine campagne électorale. Ils et elles espèrent outiller les gens en examinant les programmes de chacun des partis politiques et en posant des questions pertinentes aux différentEs candidatEs.
Ce processus d’éducation populaire est, en fait. le bienvenue dans le contexte actuel. Alors où se situe l’insolence du PQ ? C’est que depuis sa fondation le collectif D’abord Solidaires ne reçoit de la part des militants et militantes péquistes que mépris et rapetissement de ses objectifs.
François Rebello caractérise ce mouvement comme « inoffensif » parce que ne se présentant pas sur le terrain politique. Marie Malavoy selon ses propos rapportés par Norman Delisle, (Le Soleil, dimanche le 23 février 03 p. A5) vante le rôle que joue le groupe D’Abord Solidaires qui, sous la direction de madame Françoise David « cherche à convaincre les gens de la gauche de se rallier derrière un appui au Parti québécois plutôt que de favoriser une division du vote progressiste qui permettrait l’élection de partis de droite. »
Serait-ce que le PQ ne veut pas voir la portée réelle d’une telle démarche militante ? Serait-ce que le PQ vit vraiment l’apparition d’une démarche à gauche sans angoisser ? Serait-ce que le PQ ne peut vivre avec une telle forme de démocratie participative ?
En fait toutes ces interrogations sont bonnes. Le PQ ne peut se permettre actuellement que s’opère une démarcation sur sa gauche. Il y va de ses votes et de sa crédibilité. Depuis les années 70, il a réussi à établir une collaboration de classe avec les différents courants sociaux y compris les mouvements syndicaux, populaires et des femmes. Son projet politique, son assise sociale, repose sur cet appui. Avant les élections le PQ flashe à gauche mais après chaque élection, il tourne à droite au dépens de sa base et de ses appuis et au service du capital et des entrepreneurs.
Et c’est cela qui commence à être moins facile à faire au Québec avec la prise de conscience de la mondialisation. Le PQ apparaît de plus en plus clairement comme le gérant, et l’un des meilleurs, des politiques néolibérales. Les concessions préélectorales du dernier mois ne sont que de la poudre aux yeux des militants et militantes. Et c’est ça que le Collectif D’abord Solidaires commence à remettre en question : le monopole du PQ sur la gauche des mouvements sociaux en faisait un bilan serré du cours droitier du gouvernement péquiste. La réponse péquiste à une telle initiative : le mépris et les tentatives de discréditer l’initiative.
Mais pourquoi le mépris ?
L’attitude péquiste est des plus condescendante et mérite une dénonciation en règle. Nous souhaitons que le Collectif réponde à de telle attitude. Mais, en même temps, il nous faut nous poser la question de pourquoi le PQ ne prend pas au sérieux cette démarche et se l’approprie en la récupérant, tout comme il a aussi récupéré ou tenté de le faire avec la manifestation monstre contre la guerre partout au Québec. Ce qui compte pour le PQ c’est sa domination idéologique sur les mouvements sociaux et leur appui électoral. Tout peut être instrumenté à cette fin.
Comme le collectif est d’abord un mouvement d’éducation populaire, le PQ peut se permettre de vivre avec en tentant de le discréditer. C’est là la force et la faiblesse du collectif. Par une éducation populaire accessible, il peut rejoindre une large couche de la majorité silencieuse, mais comme il ne propose qu’une approche critique et pas une alternative réelle sur le terrain de la politique électorale, le PQ peut vivre avec et tenter de dénaturer ses objectifs. Si le collectif abordait le terrain politique en présentant des candidatures, là le PQ réagirait autrement que par un mépris condescendant.
Le PQ, tout comme les deux autres partis politiques, le PLQ et l’ADQ, sont des partis néolibéraux à la solde de la bourgeoisie. Ces partis défendent des politiques de droite mais avec des têtes et des caractéristiques différentes. Pour eux, ce qui compte ce sont les votes et une démarche de démocratie participative et consciente est ridicule. Il faut donc, en plus de tout ce travail d’éducation, se poser sérieusement la question comment lutter contre les droites au Québec et contre les politiques néolibérales. Il est clair que, l’éducation populaire, même si elle est importante, ne peut s’opposer efficacement aux partis de droite. Il faut oser aborder le terrain politique et rompre définitivement avec le PQ. C’est ce que tente de faire l’Union des Forces Progressistes. C’est là une première solution, D’autres solutions pourront surgir des débats.