Le moins que l’on puisse dire c’est que pour une des rares fois au Québec, la prochaine campagne électorale va poser questions et débats. Quant aux réponses, ça dépendra des personnes.
Le contexte de mondialisation
Il faut voir que tout ce bouillonnement vient d’un contexte politique bien précis : celui de la globalisation et de l’application des politiques néolibérales et de l’imminence d’une guerre contre l’Irak.
Le PQ après presque vingt ans de règne et de l’application docile des mesures néolibérales de rationalisation des services et des programmes sociaux perd des plumes. Plusieurs militants et militantes ont commencé à prendre leur distance de ce parti de moins en moins favorable aux travailleurs et travailleuses.
Mais soudain apparaît dans le paysage politique l’ADQ et Mario Dumont encore plus néolibéral que le PQ.
Et la frousse tenaille les militants et militantes qui reviennent au bercail péquiste. avec d’autant moins de remords que le PQ, en perte de vitesse, se met à la sauce social-démocrate et promet pleins de concessions aux mouvements sociaux…oh promesses d’élection que deviendras-tu au lendemain de la victoire…
Mais qu’en est-il réellement ? Certes il y a de la part de ces militantes et militants une compréhension des effets de la globalisation et de l’application des politiques néolibérales pures et dures : médecines à deux vitesses, privatisation, désyndicalisation et rapetissement de l’Etat.
Ces effets seraient certes, désastreux au Québec. Mais cette compréhension est obscurci par l’épouvantail Mario Dumont. Une compréhension plus profonde du néolibéralisme permettrait de remettre en question l’ensemble des politiques péquistes des dernières années : coupures en santé et en éducation, subventions systématiques aux entreprises et avantages fiscaux importants, politique du déficit zéro etc. Il ne faut pas voir dans le tournant des dernières semaines de Landry un changement de cap et une rupture avec le néolibéralisme mais une simple modulation électorale. Un Québec moderne et capitaliste ne peut pas se situer en dehors des enlignements du capitalisme mondial et ces enlignements sont les politiques néolibérales. Penser autrement, c’est de la pensée magique et c’est cette poudre aux yeux que Landry s’efforce de répandre. Et c’est ce qui le différencie de Marie Dumont. Tous les deux ont le même programme, mais pour l’appliquer ils ont des stratégies différentes. L’ADQ « compte sur le gros capital, sur la bourgeoisie sans l’appui des mouvements sociaux, tandis que le PQ pratique avec succès depuis vingt ans le partenariat et la coopération avec les mouvements sociaux en leur promettant le moment venu, des bonbons pour s’assurer de leur appui.
Un vote utile pour qui ?
Les militants et militantes sincères qui ont manifesté à la Marche mondiale des femmes en 2000, au Sommet des peuples en 2001 qui sont contre les accords de libre échange, contre la ZLÉA, contre la guerre vont devoir se poser la question du vote utile. Un vote utile contre l’ADQ en votant PQ ? Où un vote utile pour signifier le rejet des politiques néolibérales ? La peur de l’ADQ doit aussi être la peur du PQ et la seule façon de sortir de ce dilemme est de voter utile en votant à gauche.
L’Union des Forces Progressistes est une première manifestation du vote à gauche, il y a aussi certaine candidature indépendante comme Jean Yves Desgagné dans la circonscription de Jean Lesage. L’important c’est de rompre avec le PQ et pas seulement l’ADQ.
Mais au moins cette prochaine campagne électorale risque de sortir de la morosité habituelle et poser un vrai débat sur la place publique d’autant plus que la réforme du scrutin pour un scrutin proportionnel risque de rester sur le carreau…néolibéralisme oblige.