Québec, le 24 janvier 2004 - À l’initiative du Collectif pour un Québec sans pauvreté, plus de 250 personnes ont siégé aujourd’hui au Parlement de la rue à Québec. Elles préviennent le gouvernement qu’un plan d’action de lutte à la pauvreté aux mesures inacceptables rendra le Québec ingouvernable et mènera le Collectif et son réseau à intensifier leurs moyens de pression.
Interpellant le gouvernement de Jean Charest, l’assemblée du Parlement de la rue a voté une motion qui :
– exige la publication dans les plus brefs délais, avec un budget en conséquence, d’un plan d’action conforme à celui prévu par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale ;
– rappelle que cette assemblée juge indispensable d’y voir figurer des mesures qui améliorent directement les revenus et les conditions de vie des personnes en situation de pauvreté ;
– l’informe qu’elle jugerait inacceptable toute mesure qui pourrait contrevenir aux buts exposés dans cette loi, entre autres toute mesure qui porterait atteinte aux revenus ou à la dignité des personnes en situation de pauvreté ;
– affirme que de telles mesures inacceptables rendraient le Québec ingouvernable.
Cette session extraordinaire du Parlement de la rue a réuni des citoyens et citoyennes de différentes circonscriptions électorales et de plusieurs mouvements sociaux, qui se sont préparés dans les ateliers du matin à intensifier leur action. Elle a offert des échanges hauts en couleur au cours de l’après-midi. Mis en scène en collaboration avec le Théâtre Parminou, cette séance de théâtre participatif mettait en vedette l’opposition de la rue et le gouvernement de Jean Charest. La Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en décembre 2002, a été au cœur des débats.
Rappelons que cette loi exigeait du gouvernement un plan d’action avant le 5 mai 2003. Ce plan d’action se fait toujours attendre. Par ailleurs, une version préliminaire révélée dans Le Devoir du 10 novembre dernier, mettait au jour le projet du gouvernement Charest de recourir à d’importantes coupures et à des contraintes accrues pour inciter les prestataires de l’aide sociale à occuper un emploi. " Ce projet de plan d’action contrevenait à l’esprit de la loi, reconduisait les préjugés et constituait un grave recul ", informe Vivian Labrie, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.
Plus spécifiquement, le Collectif pour un Québec sans pauvreté et l’assemblée de citoyens et de citoyennes réunis à Québec considèrent indispensable :
– Que l’ensemble des buts, des orientations et des objets d’intervention énoncés à la loi soient mis en œuvre dans le plan d’action ;
– Que le plan comporte des améliorations concrètes à court terme dans la vie, les revenus et les conditions de travail de l’ensemble des familles et des personnes en situation de pauvreté ;
– Qu’il comporte notamment l’instauration d’une prestation minimale irréductible au moins équivalente à la prestation actuelle et un programme visant à assurer à brève échéance la couverture des besoins essentiels ;
– Que les personnes en situation de pauvreté et les organismes qui les représentent soient associés à l’élaboration et à la mise en œuvre des mesures prévues au plan d’action ;
– Que l’État québécois contribue activement à combattre les préjugés qui dévalorisent ses citoyens et citoyennes en situation de pauvreté.
Et ils réitèrent ce qu’ils considèrent inacceptable :
– Que le plan d’action entraîne une dégradation des conditions de vie et de revenu des familles et des personnes en situation de pauvreté ;
– Que le plan d’action accroisse les contrôles, les mesures punitives et coercitives, auxquelles les familles et les personnes en situation de pauvreté doivent se soumettre ;
– Que les prochains budgets annuels du Québec ne prévoient pas, pour la réalisation du plan d’action, l’affectation de ressources financières supplémentaires ;
– Que le prochain budget du Québec aggrave l’écart de revenu entre le cinquième le plus pauvre et le cinquième le plus riche de la population.
" Il est temps de passer aux choses sérieuses, le dépôt du budget s’en vient, estime Vivian Labrie, le Québec est une société riche... La loi parle d’impératif national. Beaucoup de gens le comprennent. Passer à côté menacerait la cohésion sociale. Les moyens de pression iront en s’intensifiant si le gouvernement lutte contre les pauvres et non contre la pauvreté. "
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Renseignements : Nathalie Labonté (418) 525-0040
(tiré du site du Collectif pour un Québec sans pauvreté)