Le Front d’action populaire en réaménagement urbain est soulagé des bonifications annoncées, hier après-midi, par le ministre des Affaires municipales, Jean-Marc Fournier, au programme québécois d’aide aux ménages devenus sans logis en raison de la pénurie de logements locatifs. Le FRAPRU se dit toutefois préoccupé par l’avenir et continue de revendiquer des investissements de 128 millions $ dans le prochain budget Séguin, tout en s’opposant à tout allégement du contrôle des loyers.
Des mesures d’urgence plus adéquates
Selon l’organisme, les nouvelles mesures d’urgence annoncées par le ministre Fournier répondent au moins en partie à ses revendications. L’organisme se réjouit en particulier que les personnes seules et les couples sans enfant soient admissibles à un supplément au loyer d’urgence, alors qu’ils en étaient exclus dans le programme adopté en mars par l’ancien gouvernement péquiste. Quoiqu’il ne soit pas encore sûr que ce soit suffisant, le FRAPRU se réjouit également que le nombre de ménages pouvant recevoir une telle aide financière soit passé de 1000 à 1500 et que le budget total du programme ait été augmenté. L’organisme déplore toutefois qu’aucune aide ne soit prévue dans certaines municipalités, dont toute la région métropolitaine de Sherbrooke, alors qu’elles sont aussi en pénurie, le taux de logements inoccupés y étant tout juste supérieur à 1,5 %.
C’est sur les mesures à plus long terme permettant de s’attaquer à la crise même du logement que le FRAPRU se dit inquiet. Il précise que l’annonce de l’accélération de la réalisation de 1300 logements sociaux dans le cadre du programme AccèsLogis ne dispose en rien de sa demande d’investissements supplémentaires, dans le budget Séguin de la mi-juin, de 128 millions $ en cinq ans. Selon François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, « dans ses annonces d’hier, le gouvernement Charest n’a pas ajouté un seul sou ou un seul logement ; il n’a fait que devancé de quelques mois la réalisation de logements déjà budgétés ».
L’organisme ajoute que, sur les 128 millions $ réclamés, 58 millions $ sont nécessaires pour respecter l’engagement du Parti libéral de réaliser l’entièreté des 13 000 logements sociaux et abordables annoncés par l’ancien gouvernement. Le budget actuel permet tout juste d’en réaliser 10 700. Quant aux autres 70 millions $ demandés, ils permettraient de toucher 80 $ millions $ d’argents fédéraux qui sont disponibles pour les cinq prochaines années et ainsi construire au moins 3000 logements sociaux de plus que les 13 000 promis par le Parti libéral, ce qui, aux dires du FRAPRU, ne serait sûrement pas de trop dans le contexte de pénurie actuelle. L’organisme évalue à près de 23 000 le nombre de logements locatifs nécessaires au Québec pour sortir de la pénurie.
Mise en garde sur le contrôle des loyers
Le FRAPRU se dit par ailleurs en profond préoccupé par l’amorce d’une réévaluation de la méthode de fixation des loyers en vigueur à la Régie du logement. L’organisme se demande comment on peut sérieusement pointer du doigt le mode actuel de contrôle des loyers comme une des causes de la pénurie de logements locatifs alors qu’il est en vigueur depuis plus de vingt ans et que, durant cette période, le taux de logements inoccupés a, la plupart du temps, été supérieur au taux d’équilibre fixé à 3 %. Il rappelle que 218 000 ménages locataires consacrent plus de la moitié de leur revenu au loyer, selon les données du recensement, et qu’on ne peut demander à ces locataires de payer davantage. L’organisme croit qu’au lieu d’être affaiblie, la réglementation en matière de fixation des loyers devrait au contraire être considérablement renforcée.
Compte tenu de l’importance de ce débat, le FRAPRU croit qu’il devrait faire l’objet d’un large débat public, plutôt que d’être mené en catimini par une firme privée, comme le gouvernement en a confié le mandat à la firme Roche qui doit début ses consultations la semaine prochaine.