Problématique
Dès les origines du mouvement ouvrier, la réduction du temps de travail a été une orientation centrale. Le 1er mai célèbre une manifestation, durement réprimée, en faveur de la journée de travail de 8 heures, revendication considérée alors par le patronat comme entièrement irréaliste et destructrice de l’économie.
Pendant les dernières trente années, la productivité du travail au Canada a augmenté de 37%, mais la durée hebdomadaire moyenne du travail à temps plein n’a pas diminué. En fait, entre 1998 et 2005 elle a augmenté de 44,6 à 46,3 heures.
La réduction du temps de travail est une mesure à la fois efficace et juste de lutte contre le chômage, une mesure rassembleuse qui répond aux intérêts des syndiquéEs comme des non-syndiquéEs, des employéEs comme des sans emploi.
En plus, l’augmentation du temps libre favorise un partage équitable du travail domestique entre hommes et femmes, le développement personnel, l’enrichissement des rapports avec nos proches. Elle est une condition nécessaire de la participation active aux affaires de la collectivité, d’une démocratie citoyenne authentique. (Il va sans dire que la réduction du temps de travail doit être accompagnée d’une démocratisation de l’accès à la culture, de l’éducation continue, aux loisirs, question qui sera traitée par l’enjeu 3)
Finalement, l’accroissement du temps libre est une mesure qui permet de réorienter l’économie du consumérisme effréné, qui est en train de détruire notre planète, vers des valeurs écologistes et humanistes. Avec une telle réorientation, les innovations technologiques et la croissance de la productivité serviraient prioritairement à ce à quoi elles devraient servir : non plus à produire plus de choses, mais à rendre la vie dans la société plus libre et plus humaine.
Propositions
– Réduire la semaine légale de travail à 35 heures, puis aller vers 32 heures ou 4 jours/semaine, sans perte de salaire, avec embauche proportionnelle (une réduction de 10% du temps doit conduire à 10% de création d’emplois) et sans intensification du travail, et avec application à l’ensemble du salariat, incluant les PME.
– Durcissement des conditions de recours aux heures supplémentaires (faute de quoi la réduction de la durée légale ne conduira pas à une réduction de la durée effective. Il va sans le dire que cette mesure doit être accompagnée d’une hausse importante du salaire minimum.)
– Introduire des congés de grossesse payés à 100%
– 5 semaines de vacances payées après une année travaillée (au Danemark et en Italie – c’est 6 semaines.)
– Faciliter la négociation d’horaires flexibles, selon la volonté de l’employéE
– Permettre des années sabbatiques aux frais de l’employéE (comme dans la fonction publique).