Pierre Houle, Ghyslaine Raymond
Depuis 1997, au Québec, nous vivons sous le règne du déficit zéro. Réduction de la taille de l’État et départs assistés : plus de 30 000 personnes employées de la santé, des services sociaux, de l’éducation et de la fonction publique ont quitté, emportant avec eux leur savoir-faire. Les enjeux pour les prochaines négociations ne peuvent se dessiner sans lier différents éléments structurants qui caractérisent les services publics actuellement. Parmi les éléments préoccupants, on note :
Le sous-financement des services publics et sous-traitance ; La charge de travail plus exigeante ; Le vieillissement général de la main d’œuvre et de la population en général ; L’accessibilité et le montant des prestations de la retraite.
Renouvellement accéléré du personnel salarié de l’État
D’ici 2008, nous assisterons à un renouvellement majeur du personnel salarié de l’État. Plusieurs dizaines de milliers de personnes quitteront les services publics. La détérioration des conditions de travail incite les personnes en « fin de carrière », à vouloir quitter sans délai tant leur insatisfaction est grande. Dans les de salles de repos, on parle de retraite, même si les moyens financiers font parfois défaut.
Les services publics ont subi une forte « cure minceur », et il y a pénurie de personnel expérimenté. L’expertise perdue de celles et ceux qui ont quitté crée des pressions sur celles et ceux qui restent. De leur côté, les jeunes ont aussi d’autres préoccupations et veulent, à juste titre, pouvoir concilier travail et famille.
De plus, les ponctions faites par le gouvernement dans les années quatre vingt dix ont fragilisé de façon permanente les services publics. Dans les urgences, les listes d’attente n’en finissent plus et la qualité des services dans tout le secteur public est questionnée. Une conjoncture idéale pour le secteur privé qui salive déjà, l l’idée de prendre la relève. Pourtant, la population du Québec ne veut pas se départir de ces mêmes services malgré les critiques qui leur sont faites.
Le défi à relever pour la prochaine ronde de négociation est important : renforcer les services publics de qualité, améliorer les conditions de travail de manière intéressante et satisfaisante et permettre une retraite décente garantie par un régime universel tel le régime des rentes du Québec (RRQ). Un tel défi exige de combattre les politiques de réduction du personnel de l’état à l’aide prochains départs à la retraite et de revendiquer la mise en place d’une authentique politique d’embauche et de renouvellement de la main d’œuvre.
Pour des alliances intersyndicales basées sur des objectifs communs
La résolution adéquate de ces enjeux nécessite une grande cohésion du mouvement syndical. Les frontières partisanes des principales organisations doivent laisser place à une recherche de solutions communes pour combattre la dérive marchande qui sera certainement relancée avec le prochain gouvernement provincial.
Pour obtenir une telle alliance intersyndicale, des revendications communes doivent être définies pour offrir des réponses concertées aux défis de la prochaine ronde de négociation. Des dispositions particulières, liées aux conditions immédiates dans laquelle la rétention et la pénurie de main d’œuvre se posent, doivent être au cœur de demandes communes durant les négociations, et ce malgré que les salaires puissent occuper un espace réel. La table centrale intersectorielle et intersyndicale est le lieu où ces enjeux doivent être résolus. Les tables sectorielles pourront alors se baser sur ces avancées et les traduire selon les conditions de travail particulières à chacun des groupes.
La réussite de la prochaine ronde de négociation se fera et se gagnera sur le terrain politique. Les politiques de privatisation des services publics gagnent du terrain. Sans l’unité et la solidarité du mouvement syndical, des gains significatifs dans cette lutte ne peuvent être faits.
(Tiré du site du Forum intersyndical, voir notre page de liens)