Il y a moins d’un mois que le Parti libéral a pris le pouvoir à Québec. Déjà, au fil des jours, ses intentions se précisent. Une véritable offensive contre les acquis syndicaux et populaires se profile déjà.
La présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme Forget promet des coupures draconiennes et elle planifie une politique de partenariat avec le privé afin de diminuer la taille de l’État. Elle lance un appel aux directions syndicales pour qu’elles fassent preuve de réalisme ; en d’autres termes, la ministre invite, avant l’ombre d’un début des négociations, les organisations syndicales à préparer non pas leurs revendications mais leurs concessions.
Le ministre des Affaires municipales, du Sport et du Loisir, Jean-Marc Fournier a promis aux maires d’abroger l’article 45 du Code du travail pour favoriser le recours à la sous-traitance. On sait que pour les administrations municipales, ce geste permettrait d’amorcer un processus de désyndicalisation des employé-e-s municipaux et de détérioration des conditions salariales et de travail de ces employé-E-s.
Dans le même volonté de s’attaquer au droit à la syndicalisation, le gouvernement Charest envisage de modifier la Loi sur la famille afin d’empêcher que les éducatrices en milieu de garde familiale puissent avoir droit de se syndiquer.
Le ministre du travail, Michel Després, ancien représentant de la Chambre de commerce du Québec, un ancien patron de combat, a reçu le mandat de revoir les lois du travail « afin que la législation corresponde à la réalité du marché du travail ». Cette rhétorique ne laisse pas de doute que ce sont les thèses patronales qui seront défendues par le ministre et que les droits syndicaux risquent d’en sortir rapetissés.
Si on se fie aux premières déclarations des ministres libéraux, on peut s’attendre à ce que le droit fondamental de se syndiquer soit attaqué par le gouvernement libéral.
Le ministre de l’éducation Pierre Reid affirme que le gouvernement libéral ne peut promettre d’assurer le maintien des coûts du système pour la prochaine année. Pour parler clair, cela veut dire une annonce de coupures dans l’éducation.
Pour ce qui est du dépôt d’un plan d’action prévue par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, il est déjà reporté. Et avec le déficit "découvert" de 4,3 milliards de dollars mis à jour par le rapport Breton la mise en application de la loi anti-pauvreté est mise en péril. Déjà, le ministre Béchard annonce que pour le budget 2003-04 la marge de manœuvre du gouvernement est insuffisante pour l’application de mesures permettant de lutter contre la pauvreté.
Le gouvernement libéral est d’ailleurs en phase avec l’intransigeance qui se manifeste dans le patronat. Le nombre de lock-out dans les conflits de travail en est l’expression la plus probabante. Mais l’attitude d’une grande entreprise comme Bombardier l’illustre également. Bombardier demande à ses employéEs de renoncer à l’augmentatjon salariale de 3,5% prévue pour décembre prochain alors que la convention a été signée il y a à peine un an ; l’entreprise brandit la menace de plus de 1000 mises à pied sans cette concession.
Les grandes organisations syndicales et leur direction vont devoir faire face à un gouvernement néolibéral prêt à en découdre avec le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux. Des affrontements majeurs sont devant nous, car, pour assurer l’application de ses priorités le PLQ voudra imposer des reculs tant sur le plan des services publics qu’au niveau des libertés syndicales. Le mouvement syndical fera face à des défis importants dans les années qui viennent. Seule la mise en place d’un front commun de résistance actif et militant pourra permettra de contrer cette offensive néolibérale.
Ce front commun de résistance devra a. soutenir activement la lutte des travailleuses et travailleurs du secteur public dans leurs négociations ; b. exiger du gouvernement libéral des initiatives concrètes dans la lutte contre pauvreté ; c. dénoncer les compressions et les coupures dans l’éducation et la santé et exiger un réinvestissement en démontrant que l’argent serait disponible s’il y avait une réforme de la fiscalité, et en exigeant que des structures démocratiques soient mis en place pour assurer le contrôle des services publics tout en refusant les privatisations et la mise en place de services publics à deux vitesses (une pour les riches et une pour les pauvres).
Les forces qui, dans le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux, identifient déjà les enjeux qui sont devant nous, doivent se donner comme axe de travail la mise en place de ce front commun de résistance et favoriser les initiatives qui permettront de construire l’unité intersyndicale de la base au sommet et le rapprochement entre le mouvement syndical et les mouvements populaires, féministes et jeunes.
L’unité la plus large, la plus démocratiquement organisée, est nécessaire pour défendre nos acquis sociaux et démocratiques. Nous serons de ce combat !
Bernard Rioux