L’offensive fédérale
Le gouvernement conservateur est à l’offensive. Il est en train de redéfinir la politique canadienne sur une orientation politique conservatrice et néolibérale. Il soutient sans gêne une politique antiécologique en favorisant le développement de sables bitumineux en Alberta et en soutenant le développement de l’exploitation pétrolière dans le St-Laurent abandonnant totalement la lutte contre le réchauffement climatique. Il mène une politique militariste en favorisant une hausse vertigineuse des investissements militaires et en participant à toutes les aventures guerrières de l’impérialisme américain. Il s’attaque au Québec, à ses acquis et à ses valeurs.
Le gouvernement conservateur abolit et détruit le registre des armes à feu malgré la demande unanime du Québec de ne pas le faire. Il impose une politique sécuritaire centrée sur la répression au mépris de toute l’expérience de réhabilitation développée au Québec. Il diminue le poids de la députation en provenance du Québec à la Chambre des communes. Il nomme des juges et des hauts fonctionnaires unilingues. Il redéfinit le nationalisme canadien en donnant une nouvelle place à un monarchisme folklorique et réactionnaire. Toutes ces politiques s’inscrivent dans la défense d’une oligarchie capitaliste irresponsable et démontrent le mépris du gouvernement Harper envers le Québec et sa volonté de le rapetisser.
Le gouvernement Charest engraisse ses amis affairistes dans un climat de fin de régime
Le gouvernement Charest est de plus en plus discrédité par des affaires de corruption. Son entêtement à refuser la tenue d’une enquête publique sur l’industrie de la construction et sur le financement des partis politiques était le simple reflet de sa panique sur l’impact destructeur qu’aurait une telle enquête sur l’avenir du Parti libéral du Québec. Il espère maintenant qu’il a suffisamment retardé sa mise en place pour qu’il puisse faire face à la prochaine échéance électorale sans que les retombées de la Commission mise en place n’aient pu faire de ravages. Malheureusement pour lui, ses appuis électoraux ont été suffisamment entamés, pour que certains secteurs de l’oligarchie régnante aient trouvé nécessaire de lancer un autre parti néolibéral, le CAQ de Legault, pour avoir deux fers au feu pour les prochaines élections.
Entre temps, le premier ministre Charest se comporte comme un véritable commis voyageur international prêt à brader les richesses naturelles du Québec sur les différents marchés de la planète. Son Plan Nord ne se contente pas de céder nos richesses naturelles minières et forestières aux grandes entreprises internationales, mais il se permet de les subventionner et de leur construire les infrastructures nécessaires pour vider le Québec de ces ressources. Les grands intérêts capitalistes derrière Power Corporation semblent dicter les différents choix de ce gouvernement.
Sa volonté d’ouvrir le Québec aux gazières est en un bel exemple. Malgré ses prétentions environnementales, ce gouvernement s’est fait le défenseur acharné du développement du gaz de schiste en dépit de la volonté populaire clairement exprimée de s’y opposer. Il organise le développement des énergies fossiles (pétrole du golfe St-Laurent au profit des entreprises de ce secteur). Tous ses plans énergétiques ne visent pas d’abord à répondre aux besoins de la population, mais ils sont avant tout centrés sur l’exportation de l’énergie produite vers les États-Unis.
S’il y a beaucoup d’argent pour les entreprises et pour mousser leurs occasions d’affaires, contre le peuple du Québec, il mène une politique d’austérité et il fait de sa priorité la lutte contre le déficit malgré le recul de l’économie. Tarification des services publics dont l’introduction d’une contribution dans la santé, hausse des frais de scolarité, renforcement du processus de privatisation en santé et en éducation, développement des infrastructures par des Partenariat-Public-Privé. Ces derniers s’avèrent plus coûteux que les travaux publics. Et ils provoquent des pertes d’expertises par les ministères et sont l’occasion de corruption de tout genre. Ces politiques d’austérité favorisent la concentration des richesses au sommet de la société et le maintien de couches entières de la population dans la pauvreté. Pour pouvoir mener ses politiques d’austérité et rencontrer le moins de résistance possible, le gouvernement Charest s’attaque encore une fois aux droits des organisations syndicales.
La résistance citoyenne des mouvements sociaux et démocratiques se renforce.
Les politiques du gouvernement conservateur révulsent de plus en plus la population du Québec. Il s’avère de plus en plus inacceptable que 50 % de nos impôts soient investis dans des projets que le peuple du Québec rejette. L’indépendance s’impose pour en finir avec les projets du gouvernement fédéral faits contre le Québec et sa population. C’est la désorientation stratégique totale du Parti québécois qui empêche que se cristallise et s’organise comme une force irrépressible pour le rejet des politiques fédérales.
Les politiques d’austérité du gouvernement Charest sont aussi massivement rejetées. La contribution santé qui ne tient pas compte du revenu des personnes est particulièrement odieuse. La hausse des frais de scolarité qui diminuera l’accessibilité aux études supérieures est rejetée par les étudiant-e-s du Québec et par la majorité de la population qui se solidarise avec leur lutte. La concentration de la richesse dans les mains d’une minorité possédante a été remise en question dans de nombreux pays du monde. C’est également le cas au Québec et cela s’est manifesté par le développement du mouvement des indignés qui dénoncent le pouvoir du 1% des plus riches. Une réforme de la fiscalité qui ferait payer aux riches leur part est maintenant une revendication essentielle de nombreux mouvements sociaux.
L’indignation devant le bradage de nos richesses naturelles et l’aspiration à en reprendre le contrôle et à devenir véritablement maîtres chez nous s’est concrétisé dans la mise sur pied de nombreuses coalitions qui ont posé la nécessité dans finir avec les politiques du gouvernement Charest. L’indignation devant l’irresponsabilité de ce gouvernement en ce qui concerne l’environnement et devant son refus au nom de la défense des intérêts des pollueurs de passer au développement des énergies renouvelables et des transports collectifs trouve son expression dans la multiplication de mouvements citoyens qui cherchent et parviennent à se faire entendre de plus en plus clairement, malgré le contrôle des médias par deux grands monopoles de presse, Power et Péladeau.
Quelques éléments d’une plate-forme politique pour construire une Coalition solidaire pour bloquer les projets des partis des affairistes
Nous avons besoin d’une coalition solidaire unissant sur le plan politique ces résistances diversifiées. Une Coalition solidaire inscrirait son action dans la défense conséquente des mouvements sociaux de résistance et des initiatives citoyennes. Elle n’appellerait pas à la mise en place d’une gouvernance souverainiste, sorte d’autonomisme gestionnaire qui laisse toute l’initiative à d’éventuelles responsabilités gouvernementales. Elle viserait à remettre la démarche vers l’indépendance entre les mains des citoyen-e-s par l’élection d’une constituante.
Contre la politique d’austérité, une Coalition solidaire s’associerait à la lutte contre la privatisation des services publics, contre la hausse des frais de scolarité et elle inscrirait dans son programme la gratuité scolaire du primaire à l’université. Contre la privatisation de l’école, elle soutiendrait la fin des subventions aux écoles privées. Elle refuserait également la privatisation rampante du secteur de la santé et le monopole des pharmaceutiques qui font grimper les prix des médicaments et des services de santé.
Une Coalition solidaire rejetterait la priorité de la lutte au déficit et proposerait une réforme de la fiscalité qui favoriserait une nouvelle redistribution de la richesse, la hausse du salaire minimum et la baisse des heures de travail sans baisse des salaires, luttant ainsi contre la pauvreté.
Pour être véritablement maîtres chez, une Coalition solidaire favoriserait la nationalisation des richesses minières, la prise de contrôle public des grandes entreprises forestières, la nationalisation de l’éolien et le passage aux énergies renouvelables.
Enfin, une Coalition solidaire poserait la nécessité de faire un grand ménage des moeurs politiques au Québec, de réformer mode de scrutin pour instaurer un scrutin proportionnel et de parvenir à la parité de genre dans les institutions politiques et les organisations publiques.
Voila, les perspectives que le programme de Québec solidaire propose à la population du Québec et aux différents mouvements sociaux pour faire face à la droite et construire un véritable front de résistance au niveau électoral et dans les mobilisations sociales, une véritable coalition solidaire.
Une astuce électorale qui n’est pas à la hauteur du défi posé par l’offensive menée par les possédants
Dans leur contribution, que nous reprenons dans cette édition de Presse-toi à gauche, les camarades Cyr et Beaudet voient dans la constitution d’une alliance avec les tendances progressistes au sein du PQ les bases d’une possible convergence pour faire échec à la droite. Il s’agirait d’assurer un désistement mutuel dans certains comtés ciblés pour parvenir à une astucieuse alliance conjoncturelle.
De telles tractations nous semblent mettre beaucoup d’espoirs dans la possibilité d’une quelconque autonomie de ces secteurs au sein du PQ. Dans le contexte actuel où le PQ est aux abois, « il faudrait un petit miracle, comme ils l’écrivent eux-mêmes, pour que le PQ accepte de ne plus se présenter comme le chef de file des forces de changement. » Voilà une bien aléatoire perspective pour "remettre un peu d’espoir dans le coeur des gens".
Malheureusement, ce genre d’astuce porte le message qu’on pense contrer : le vote stratégique c’est le seul vote utile permettant de s’inscrire dans la logique du moins pire. Elle peut facilement se retourner contre nous. Elle porte également le message que le PQ ne serait pas un parti de droite, malgré les politiques néolibérales qui ont marqué son passage au pouvoir, mais pourrait être partie d’un bloc de résistance à la droite.
Faire preuve d’ouverture, c’est s’atteler à construire une véritable coalition solidaire avec les mouvements sociaux, afin d’unifier le plus largement possible autour de perspectives permettant de résister à l’offensive de l’oligarchie dominante tant dans les luttes sociales que sur la scène électorale.