Saguenay, le 25 janvier 2003. C’est à Davos où se rencontraient ces derniers jours les représentants des empires économiques mondiaux qui dominent la vie quotidienne de milliards d’humains sur la terre, que le PM du Québec, Jean Charest, a annoncé le fermeture des cuves Soderberg d’Arvida et la perte de plus de 560 emplois d’ici deux mois. C’est plus de 1200 emplois que le Saguenay-Lac-Saint-Jean perd depuis un mois (occasionnant près de 2500 perte d’emplois indirects), après la fermeture d’une usine de papier de l’Abitibi-Consolidated, et celle de l’usine Agropur l’an dernier. Pour contrer le pillage de leurs ressources et les fermetures d’entreprises qui accélèrent dangereusement leur désintégration, les régions dites " ressources " vont devoir se prendre en main et disposer des outils politiques nécessaires à leur développement économique et social.
Symbole puissant
À Davos, vendredi, le symbole était quand même puissant : c’est lors de la " grand messe annuelle " du club mondial des puissants de ce monde que leur plus fidèle serviteur au Québec, Jean Charest, a été embarrassé par l’annonce qu’il a dû faire lui-même de cette fermeture. Pour montrer à son peuple qu’il n’est pas d’accord avec cette décision, il a dû se priver d’un baquet offert le soir même par la compagnie...
Solutions partielles ou structurelles ?
La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est sous le choc. Plusieurs acteurs sociaux, dont le député péquiste de Chicoutimi, ont réclamé que le PM Charest vienne lui-même en personne rassurer la population. L’on se demande bien ce qu’il aurait à dire, son message est fait et son gouvernement en est un du " tout au marché sous la loi de la jungle ". M. André Harvey, député conservateur-indépendant-libéral fédéral s’est permis une sortie pré-électorale en réclamant des taxes sur l’exploitation hydroélectrique de l’Alcan afin de financer l’industrie de la transformation. Selon le porte-parole de l’UFP, Pierre Dostie, " l’idée n’est pas mauvaise et elle revient de façon récurrente dans la région, spécialement quand l’Alcan fait des siennes, mais il faut plus que des mesures sectorielles pour cesser l’hémorragie ". La mondialisation favorise les entreprises transnationales qui rationalisent leurs activités en fonction uniquement de l’intérêt de l’ensemble de leurs unités de production, sans égard à la population locale, aux lois sociales ou à l’environnement. Selon l’UFP, il faut une réglementation sévère en matière de fermeture d’usine qui protège mieux les employéEs et la population locale, de même qu’il faudra céder de véritables pouvoirs aux régions sur leur développement, pouvoirs qui devront être bien plus consistants qu’une simple Conférence régionale des élus, cette récente " solution " de Jean Charest aux problèmes des régions.
Gouvernements régionaux
Au niveau local et régional, l’UFP considère que ce dont les régions ont besoin, ce sont des changements structurels et non un saupoudrage de services ou de mesures fiscales. Seul un véritable gouvernement régional élu démocratiquement, avec des pouvoirs complémentaires à l’État national et des ressources financières adéquates, sera à même de planifier et de réaliser un développement économique et social capable non seulement de contrer la désintégration en cours mais de faire de chaque région du Québec un véritable pôle de développement. Un gouvernement régional, comme on en trouve en Suisse par exemple, pourra percevoir des redevances sur l’exploitation des ressources naturelles, planifier l’aménagement intégré du territoire en faisant place entre autres à la forêt habitée, prendre des décisions et être un véritable acteur socio-économique pour favoriser la diversification de l’économie et la transformation locale et régionale. Le potentiel de production d’électricité est une source de revenu éventuel et elle représente un avantage comparatif pour le développement de l’industrie secondaire. Une péréquation inter-régionale viendrait coiffer le tout. Cette décentralisation réelle s’inscrirait dans le cadre d’une réforme des institutions démocratiques qui comprendrait notamment l’instauration d’un régime proportionnel tant au niveau national que régional.
Appui aux travailleurs de l’Alcan
Le porte-parole de l’UFP a assuré les travailleurs éprouvés par cette perte d’emploi ainsi que leurs familles, de l’appui de son jeune parti malgré ses modestes moyens. Le syndicat (FSSA-TCA) décidera en assemblée générale cette semaine parmi divers moyens de pression à exercer sur la compagnie visant à atténuer les pertes d’emploi en réduisant par exemple le temps supplémentaire et la sous-traitance. " Nous soutiendrons tous les moyens de pression décidés par le syndicat et ses membres " de préciser Monsieur Dostie.