Accueil > Politique québécoise > Le colloque régional du RAP dans la région de Québec : Une déception où nous (…)

Le colloque régional du RAP dans la région de Québec : Une déception où nous avons notre part de responsabilité

dimanche 3 mai 1998, par Jean-Pierre Duchesneau

Le moins que l’on puisse dire c’est que le débat autour de la nécessité d’une alternative politique de gauche au Québec ne laisse personne indifférent. Un sondage effectué pour l’émission « Droit de parole » révélait que 73% des personnes au Québec étaient favorables à la mise sur pied d’une alternative de gauche. Malheureusement, il semble qu’une partie de cette gauche reste indifférente à cette nécessité ou du moins ne se sente pas interpellée par cet appel et ce, en particulier, dans la région de Québec. Du moins c’est le premier constat que nous pouvons tirer du colloque régional du Rassemblement pour une alternative politique de la région de Québec tenu samedi le 2 mai, auquel seulement une soixantaine de personnes ont participé.

Ce n’est pas tellement le nombre qui est une déception, mais plutôt l’absence des couches militantes actives dans la région de Québec. Où étaient les jeunes de la coalition Y et des associations étudiantes régionales qui ont joué un rôle important ces dernières années dans la lutte sur l’éducation ? Où étaient les militantes du mouvement des femmes qui ont mené l’un des plus beaux gestes de solidarité de l’histoire du Québec avec la marche « Du Pain et des Roses » ? Où étaient les milieux communautaires qui ont tenu le Parlement de la rue pendant un mois à l’automne ? Ils et elles étaient en très grande partie absentes et absents, de même que les militant-e-s de gauche du milieu syndical. En fait, la composition de ce premier colloque régional était plutôt hétéroclite : des petits entrepreneurs, des gens de divers horizons qui tenaient des discours dignes d’un congrès du P.Q. ou du P.L.Q. et, heureusement une trentaine de militantes et militants, dont quelques-uns ont quitté-e-s avant la fin, qui se sont vus noyer dans un discours qui ressemblait souvent plus a une thérapie de groupe, qu’à la mise sur pied d’une alternative de gauche au Québec.

Pourquoi cette absence ?

Pourquoi une telle situation, alors qu’à Montréal et ailleurs en région, les colloques semblent avoir été des réussites. Nous croyons qu’il y a deux raisons majeures : le type d’appel et les désaccords politiques. La première peut se diviser en deux. Soit des raisons de manque d’énergies militantes dans la préparation du colloque et une raison politique : savoir à qui nous nous adressons pour former l’alternative politique. Pour ce qui est du manque d’énergies militantes, nous ne pouvons que féliciter le comité d’organisation qui a fait son possible avec les énergies disponibles et sa représentation presque exclusivement limitée à certains syndicats. Mais malheureusement, la gauche organisée, ce qui dans la région de Québec se limite presque au PDS, n’a pas fait de campagne digne de ce nom pour mobiliser les couches militantes au colloque. Bien sûr, nous avons envoyé à toutes et tous nos membres les informations sur le colloque, mais tous et toutes nous savons que mobiliser exige des efforts de sensibilisation, et surtout de conscientisation, des discussions dans nos milieux de travail, nos milieux de lutte sur les enjeux fondamentaux de la période politique, sur l’importance d’être partie prenante de l’émergence d’une alternative politique. Un tel travail n’a pas été fait et nous devrons en faire une priorité pour les jours qui restent avant l’assemblée de fondation les 29-30 et 31 mai prochains.

Mais il ne faut pas non plus sous-estimer le manque de clarté de l’appel pour une alternative politique. Sauf dans les articles de l’Aut’journal, il n’est nul part souligné qu’il s’agit d’une alternative de gauche, c’est-à-dire non pas des citoyens et citoyennes du Québec, mais plutôt d’une alternative des classes ouvrière et populaires (voir l’article « Derrière un constat anti-néolibéral bien écrit au ton radical, des perspectives imprécises... ». Une alternative qui doit être la suite politique de nos luttes, une alternative qui doit être le reflet de nos luttes et ce tant dans son appel que dans le projet de manifeste.

Évidemment, ce ne sont pas là toutes les raisons de l’absence des couches militantes. Plusieurs ne veulent pas participer par souci de ne pas diviser le vote « indépendantiste » ou parce qu’ils ne croient pas à l’action électorale. Il semble que dans la région de Québec, ce soit la première position qui est la plus répandue et ce, sous le couvert d’un discours démagogique disant que la gauche n’est pas prête à l’action politique autonome. Malheureusement au Québec, il y a des lustres que cette gauche passe au côté de rendez-vous historiques parce qu’elle refuse de sortir du nationalisme bourgeois ou à l’autre extrême de son gauchisme infantile.

Le manque de démocratie

Un des pièges dans lequel le RAP ne doit surtout pas tomber, c’est l’absence de démocratie dans les débats. Pour plusieurs, le colloque de Québec en fut marqué. Une discussion floue sans des propositions claires, des comptes rendus d’atelier qui reflétaient très peu les débats et aucun vote même à titre indicatif. Il est difficile dans ce contexte de voir à quoi a servi cette consultation. Ont nous dit que les rapporteurs feront mention des modifications proposées par Québec, mais lesquelles ? Si c’est comme les compte rendus des ateliers, parions que toutes propositions clarifiant le rôle de défense des classes ouvrière et populaires du RAP seront oubliées dans ces rapports. Même chose sur mouvement ou parti, aucun vote nous permet de savoir la position des participantes et participants. Seule constat, les participant-e-s du PDS ont défendu l’option partidaire maintenant considérant l’urgence d’offrir une alternative pour les prochaines élections, alors que deux des organisateurs se sont opposés farouchement à cette option disant qu’elle était trop rapide et risquerait de diviser le mouvement.

Soulignons l’apport intéressant de Paul Cliche sur l’importance de l’unité dans son discours de présentation des statuts. Celui-ci, beaucoup plus proche de l’option mouvement que de celle de parti maintenant, a tenu à préciser l’importance pour le RAP d’appuyer nos alliés de gauche de manière militante, en particulier le Parti de la démocratie socialiste, lors des prochaines élections si l’option mouvement l’emportait.

Il faut construire l’assemblée de fondation

Il ne reste que peu de jours avant l’assemblé de fondation. Nous devons, comme je les déjà mentionné plus haut, faire de l’assemblée de fondation notre priorité. Nous devons faire en sorte que l’ensemble des secteurs militants de la région de Québec soit présent lors de la fondation. Nous avons déjà trop attendu pour nous doter d’un outil capable de représenter le mouvement ouvrier et populaire sur la scène politique. Nous n’avons plus le droit de laisser passer de tel rendez-vous. La situation de recul que nous vivons exige que nous posions la question de qui doit détenir le pouvoir dans notre société : les banques, entreprises, etc. ou un véritable mouvement qui reflète les besoins de la majorité de la population.