Plusieurs centaines de syndiqué-es membres de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ont manifesté ce midi devant l’hôtel montréalais où se déroulent les consultations prébudgétaires que mène le ministre des Finances, Yves Séguin. Les travailleuses et travailleurs dénoncent les manœuvres pro-patronales orchestrées par le gouvernement de Jean Charest depuis qu’il a accédé au pouvoir, il y a moins d’un an, qui appauvrissent le Québec entier au profit d’une élite économique déjà privilégiée.
À cela, la CSN oppose une vision d’un Québec solidaire, une position qu’elle défendra d’ailleurs lors de la présentation de son mémoire au ministre, mardi prochain.
Une mascarade ou une vraie consultation
Après avoir mis en œuvre, au cours des derniers mois, un vaste plan antisocial directement issu des cartons du Conseil du patronat du Québec et des lobbies néolibéraux, le gouvernement Charest semble adopter une attitude plus ouverte, en organisant quatre forums régionaux. Bien sûr, comme elle l’a toujours fait, la Confédération, sous un mode ou un autre, sera présente dans le débat public. Toutefois, elle craint que ces forums ne soient finalement que des exercices de relations publiques.
Le gouvernement bafoue les droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs québécois. La CSN n’acceptera pas qu’on sacrifie des avancées sociales dont les Québécois sont fiers. Elle rejettera toujours l’approche dogmatique du tout au marché, du tout au privé. C’est ce message que sont venus livrer les militants pendant que le ministre Séguin termine sa tournée de consultation.
Nos réseaux publics de santé, de services sociaux et d’éducation font du Québec une des sociétés les plus solidaires en Amérique du Nord, où les écarts de niveau de vie entre les riches et les pauvres sont moins prononcés qu’ailleurs. Sacrifier ce joyau précieux, en vendant les services à la pièce au privé, en augmentant les tarifs d’utilisation pour les citoyennes et les citoyens, en sabrant dans les conditions de travail des hommes et femmes qui y consacrent leur énergie et leur talent n’est certainement pas l’avenue que préconisent les Québécoises et les Québécois.
Il y a une semaine, la CSN s’est dotée d’un plan d’action solide visant à combattre certaines lois antisyndicales adoptées au cours de l’automne. La Confédération en a particulièrement contre la désyndicalisation de milliers de travailleuses (lois 7 et 8), les entorses sérieuses aux droits d’association et de négociation dans la santé et les services sociaux (lois 25 et 30) et le saccage injustifié des protections des travailleuses et travailleurs contre les abus patronaux en matière de sous-traitance (loi 31).
Négociation
Une façon pour le gouvernement de manifester un réel changement de ton est sans doute de signifier son intention de négocier de bonne foi avec ses employé-es. Les syndiqué-es qui ont manifesté aujourd’hui font partie des 150 000 travailleuses et travailleurs que représente la CSN dans le secteur public. Les employé-es de l’État ont déposé leurs projets de convention au cours de l’automne dernier et leurs demandes salariales, le 15 décembre, en Front commun. Les conventions collectives sont échues depuis juin 2003.
Quant aux enseignantes et enseignants de cégep, ils n’étaient pas de la prolongation d’un an agréée en 2002 et ont déposé leurs demandes en février 2003. Après plusieurs rencontres d’explication de leurs demandes, ils ont reçu des réponses de la part du comité patronal de négociation des collèges la semaine dernière. Des propositions vagues et peu substantielles qui n’apportent pas de solutions aux problèmes identifiés par les enseignantes et enseignants.
La CSN est l’organisation syndicale la plus représentative des secteurs public et parapublic. Elle y compte quatre fédérations, soit la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants (FNEEQ-CSN), la Fédération des employé-es de services publics (FEESP-CSN) et la Fédération des professionnelles (FP-CSN).