Montréal et Saguenay. L’instauration de la journée nationale des Patriotes est une très heureuse initiative du précédent gouvernement qui a été saluée par l’UFP. Cette journée est un devoir de mémoire « surtout dans un pays ou l’histoire tant nationale que continentale et mondiale est si peu enseignée » disions-nous lors de l’annonce de cette journée en novembre 2002. La commémoration des patriotes est donc l’occasion de faire l’éducation populaire sur les valeurs démocratiques et républicaines, plus que jamais sources d’inspiration. L’actualisation de ces valeurs conduit les Patriotes de 2003 à affronter les empires contemporains avec la même détermination, envers et contre les forces répressives de notre époque.
Le parti des Patriotes est le premier parti politique fondé au Canada. Son programme, très progressiste pour l’époque, est encore source d’inspiration. Dans le plus fort du conflit armé opposant le peuple et l’Empire britannique, la République du Bas-Canada, proclamée le 28 février 1838 par les Patriotes ayant Robert Nelson à leur tête, décrétait « l’indépendance du Bas-Canada, la séparation de l’Église et de l’État, la suppression de la dîme, l’abolition des redevances seigneuriales, la liberté de la presse, le suffrage universel pour les hommes y compris les amérindiens, le scrutin secret, la nationalisation des terres de la Couronnes y compris celles de la British American Land, l’élection d’une Assemblée constituante et l’emploi des deux langues dans les affaires publiques ». L’on note ici une approche civique et inclusive de la nation qui ne se limitait pas aux Canadiens français et aux catholiques. Le nationalisme des Patriotes en est un qui ne se limite pas à la dimension ethnique, linguistique ou culturelle, c’est un nationalisme politique, économique et social qui, tout en défendant le français, reconnaît la langue anglaise. Les Patriotes étaient composés de francophones mais on y trouvait aussi de nombreux patriotes d’origines irlandaises qui luttaient pour la république. L’historien Gérard Bouchard rappelle dans Le Devoir du 2 décembre dernier, que « les valeurs les plus fondamentales et les plus estimables de l’occident étaient à l’origine du mouvement ; (...) tous les citoyens du Québec (et d’ailleurs) peuvent trouver dans ce chapitre de notre passé un profit quelconque, une riche matière à réflexion ».
Molly Alexander et Pierre Dostie, porte-paroles de l’UFP, ont indiqué que « c’est en s’inspirant de ces valeurs républicaines et démocratiques portées par le Patriotes que notre jeune parti a choisi de reproduire les couleurs des patriotes dans son logo ».
Pour l’UFP, l’oeuvre des Patriotes est loin d’être achevée et nous avons la responsabilité de la poursuivre. Le peuple du Bas-Canada, aujourd’hui du Québec, n’a jamais été consulté sur son adhésion à la fédération Canadienne, fondée en 1867, ni sur le rapatriement de la Constitution en 1982, lequel s’est fait sans l’accord du Québec et de son Assemblée nationale qui a dénoncé son exclusion à l’unanimité. Cela, malgré les promesses de changement faites par les fédéralistes lors de la campagne référendaire de1980. Le référendum de 1995, perdu de justesse par les tenants du « oui », n’a pas été suivi d’une réponse satisfaisante à la question nationale québécoise de la part du gouvernement fédéral. Plutôt que de reconnaître la spécificité de la nation québécoise, il s’est plutôt employé à entraver un éventuel exercice de son autodétermination (loi sur la clarté) et à renforcer la centralisation du gouvernement fédéral par son pouvoir de dépenser, notamment dans les champs de compétence provinciale, et par l’imposition d’une disette budgétaire en réduisant les paiements de transferts aux provinces. Sur le plan du régime politique, est-il besoin de rappeler que nous sommes toujours gouvernés par une monarchie constitutionnelle et un mode de scrutin injuste et dépassé ; et que pendant qu’aujourd’hui au Québec nous commémorons pour la première fois la Journée des Patriotes, au Canada on célèbre officiellement le Victoria Day, du nom de la reine sous laquelle les Patriotes furent pendus, au coin des rues Notre-Dame et De Lorimier, avec la complicité du clergé.
La question nationale québécoise est toujours dans l’impasse, plus de 165 ans après les Patriotes, 40 ans après la « Révolution tranquille » (qui fut surtout une modernisation et une laïcisation partielle des appareils de santé et de l’éducation), quatre mandats péquistes et deux référendums perdus plus tard... Il y a de quoi générer du désenchantement et un certain désintéressement de la chose politique, du moins pour une partie de l’électorat, y compris de l’électorat souverainiste... Est-il encore besoin de dire la nécessité de relancer le débat sur la question nationale au Québec. À voir la résignation observée dans certains milieux, et la nostalgie d’un certain nationalisme étroit, qui d’ailleurs ne manquera pas aujourd’hui de relater les seuls éléments de l’histoire des Patriotes qui font son affaire, devant ce club fermé de péquistes que constitue le Conseil de la souveraineté, dont l’UFP qui a le courage de porter les couleurs des Patriotes est exclu, force nous est de répondre que oui. Plus que jamais, le débat doit être ouvert sur l’avenir du Québec.
La naissance de l’Union des forces progressistes il y aura bientôt un an, à la suite d’un mouvement de rassemblement des forces de gauche qui ne fait que commencer, se veut une contribution à la résolution de la question nationale et de la question sociale de manière indissociable, dans l’esprit des Patriotes. Une conception moderne de la nation, l’idéal républicain et progressiste, de même que la convocation d’une Assemblée constituante, sont au coeur du programme de l’UFP. La construction d’un grand parti de masse porteur de ces aspirations est le projet que nous réitérons aujourd’hui et auquel nous convions les progressistes du Québec.
Lundi 19 mai 2003
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Pierre Dostie, V-P et porte-parole, cel : 418-540-3285 pierre.dostie@ufp.qc.ca
Molly Alexander, V-P et porte-parole, cel : 514-502-2228 molly.alexander@ufp.qc.ca