La crise politique brésilienne a connu, ces derniers jours, de nouveaux développements. Au Parti des travailleurs (PT), formation du président Lula, les élections en deux tours d’un nouveau dirigeant sont en cours. Non sans mal.
Au Brésil, la crise politique s’accentue. Mercredi 21 septembre, le président de la Chambre de députés, Severino Cavalcanti, a renoncé à son mandat, pour éviter de perdre tous ses droits politiques. C’est le quatrième député fédéral à renoncer à son mandat dans les dernières semaines. Par ailleurs, dix-sept députés sont sous le coup d’une procédure qui peut conduire à de nouvelles démissions.
Le Parti des travailleurs (PT) de Lula, parti de gouvernement, est le plus atteint par les scandales de corruption. C’est dans ce cadre que s’est déroulé, le 18 septembre, le premier tour du « processus de vote direct » (PED) au PT, c’est-à-dire le vote pour la présidence du parti. L’usure est telle, que même le candidat du « camp majoritaire » parle de la nécessité de « refonder » le PT.
Les résultats du premier tour du PED montrent l’affaiblissement du « camp majoritaire », mais aussi l’impossibilité de toute « refondation ». De tous les candidats, seul Plinio Sampaio (lié à la Gauche chrétienne) a défendu la rupture avec le gouvernement Lula. Valter Pomar (Articulation de gauche) et Raul Pont (Démocratie socialiste1), bien que critiques de la politique économique néolibérale appliquée par le gouvernement, ont défendu le gouvernement. En outre, le vote pour le directoire national de PT a fait apparaître une large majorité pour la direction sortante : 42 % pour le « camp majoritaire », 5,8 % pour une dissidence « gouverniste », et 11,5 % pour le Mouvement PT, ce qui fait près de 60 % pour les pro-Lula. L’ensemble de la gauche du PT, la partie « gouvernementaliste » de Démocratie socialiste (DS), l’Articulation de gauche, la Gauche chrétienne ont fait, avec d’autres petits courants, moins de 40 %. L’hypothèse d’une élection de Raul Pont est donc improbable, les pro-Lula conserveront la majorité.
Mais le fait le plus significatif est la sortie de plusieurs milliers de militants du PT pour aller au Parti du socialisme et de la liberté (PSOL). La rupture de Plinio Sampaio avec le PT et son adhésion au PSOL sont remarquables. Sampaio est accompagné par plusieurs députés du bloc des parlementaires de gauche, en particulier ceux de la DS. D’autres sorties de députés sont prévues dans la semaine.
Samedi 24 septembre, environ deux tiers de la DS de l’État du Ceará, avec le député fédéral João Alfredo, ainsi que d’autres militants du PT, ont annoncé leur adhésion au PSOL, à l’occasion d’un meeting qui a réuni plus de mille personnes. Le lendemain, dans une réunion à São Paulo, plusieurs secteurs qui ont soutenu la candidature de Plinio Sampaio ont annoncé leur adhésion au PSOL : un secteur de la gauche de la DS (de São Paulo et d’autres États), un secteur de la dissidence de l’Articulation de gauche, le Mouvement d’unité socialiste et divers militants du mouvement syndical. Le 28 septembre, un acte important de désafiliation du PT est annoncé à Porto Alegre, à Rio Grande do Sul, impulsé principalement par des militants de la DS.
De nouvelles ruptures sont prévues après le deuxième tour de l’élection pour la présidence du PT, le 9 octobre. Parce que beaucoup de militants, bien que déjà convaincus que le PT est un parti irréformable, veulent encore marquer leur solidarité à Raul Pont, en votant pour sa candidature. Ce mouvement est tout à fait compréhensible, car bien qu’il défende le gouvernement Lula, Raul Pont a une longue trajectoire de militant de gauche anticapitaliste. Néanmoins, après le vote pour Raul Pont, une partie de ces militants ne restera pas dans le PT, même si une large majorité de la gauche actuelle reste encore dans le parti... La réorganisation de la gauche brésilienne - PSOL compris - entre maintenant dans une nouvelle phase politique.
De São Paulo, Joao Machado
1. Fraction du PT liée à la IVe Internationale
(tiré de Rouge)