A. Les perspectives stratégiques que le Courant Démocratie socialiste propose à l’UFP
Le nouveau parti que le Courant Démocratie Socialiste veut contribue, avec d’autres, construire n’est pas sorti tout fait du congrès de juin. On a parlé d’un parti processus. Pour définir des perspectives du CDS, il est important de fixer clairement ce que le CDS veut que soit ce parti. Nous devons penser notre orientation dans le temps, ne pas brûler les étapes, ne pas chercher des polarisations hâtives qui ne seraient pas comprises, mais il faudra savoir garder le cap sur ce que nous croyons être l’instrument partidaire qu’il nous faut.
1. La lutte assurer la rupture de la majorité avec les partis bourgeois
La tâche fondamentale de l’UFP, qui doit être un parti des urnes et de la rue, c’est de lutter pour la rupture des travailleurs, des travailleuses et des masses populaires avec le PQ et tous les autres partis bourgeois. Cette rupture, c’est bien sûr une rupture au niveau du soutien électoral. La route qui reste à parcourir est encore longue. On doit estimer correctement la conjoncture, les possibilités électorales de la participation de l’UFP aux prochaines élections pour ne pas vivre des désillusions et pour bien définir le temps nécessaires à la construction d’une alternative de premier plan. La rupture nécessite l’organisation d’une organisation proposant un projet de société alternatif, crédible, implantée nationalement et active sur le terrain. La tâche de l’UFP est de jeter les bases d’un parti de masse mais qui pourra devenir un instrument essentiel pour contester l’hégémonie des partis bourgeois sur la scène électorale.
Le CDS devra aussi contribuer à ce que l’UFP ait les instruments politiques pour questionner et critiquer les courants qui refusent le combat sur ce terrain, qui ne comptent que sur le "spontanéisme", qui proclame l’inutilité du politique électorale et qui en fin de compte refuse de poser devant la population, sur un mode qu’elle peut comprendre dès maintenant, la question du pouvoir et d’un projet de société alternatif. Le parti devra expliquer le danger du rejet de l’utilisation du terrain électoral comme un terrain de bataille parmi d’autres. Si on comprend que la droite conserve son pouvoir grâce, en autres choses, au monopole qu’elle exerce aujourd’hui sur le processus électoral, cela signifie qu’il est absolument vital de contester ce monopole électoral où elle cherche et parvient, partiellement, à construire sa légitimité.
Le CSD devra aussi lutter au sein de l’UFP contre toute processus d’alliance, d’entente quelle qu’en soit la nature avec le PQ. L’UFP est un instrument pour faire éclater le bloc nationaliste qui domine au Québec depuis des années et qui est l’obstacle essentiel sur la voie de l’autonomie politique et de l’organisation des classes ouvrière et populaires sous une forme partidaire et nous devons être ferme sur ce point.
2. Pour la construction d’un Parti de masse et de combat
Pour un parti de masse : Le CDS avance la construction d’UFP locales dans le maximum de comtés du Québec. Il favorise également le regroupement dans des comités locaux et régionaux des militantEs des mouvements sociaux. Le CDS propose la mise sur pied d’un système de communication permettant de faire connaître l’UFP le plus largement possible.
Pour un parti de combat. Mais si le parti doit occuper le terrain de la lutte électorale, il doit également faire de la bataille pour une stratégie de combat dans l’ensemble des mouvements sociaux un axe essentiel de son combat.
La lutte pour la rupture avec les partis bourgeois est loin d’avoir une dimension uniquement électorale. Lutter pour la rupture de la majorité de la population avec le PQ et les autres partis bourgeois, c’est aussi lutter pour la rupture des liens entre le mouvement syndical et le PQ qui paralysent le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux, les entraînent dans des démarches de concertation sociale, les rejettent dans le lobbying et les empêchent de résister à l’offensive bourgeoise contre les intérêts des masses. Lutter pour l’autonomie politique de classe sur le terrain des luttes sociales, c’est également lutter pied à pied contre les stratégies de collaboration de classe mises de l’avant par les directions du mouvement ouvrier et du mouvement populaire. En faisant cela, le CDS propose une orientation qui refuse la division du travail entre le social et le politique.
Dans ce sens, la construction de l’UFP dans le mouvement syndical, dans le mouvement étudiant, dans le mouvement des femmes, dans le mouvement antiglobalisation… est un travail incontournable. Et il ne s’agit pas simplement d’un recrutement des militantEs individuels à l’UFP. Le CDS doit proposer de regrouper les militantEs du mouvement syndical, du mouvement des femmes et des autres mouvements sociaux dans des comités locaux ou régionaux autour de deux tâches essentielles : recruter à l’UFP, développer des orientations de combat dans le mouvement social. Car il n’y aura pas de dégagement du mouvement syndical et de l’ensemble des mouvements sociaux de l’emprise du bloc nationaliste par la seule stratégie électorale. Celle-ci ne permettra pas de contourner le travail de recomposition politique du mouvement syndical et des autres mouvements sociaux autour d’une autre orientation stratégique de combat.
Construire un parti de la rue, c’est construire un parti qui organise la gauche sur le terrain extraparlementaire car un parti de gauche ne pourra se développer tout en laissant dans leur état actuel la structuration mouvements sociaux.
3. Pour un parti féministe dans ses objectifs, sa composition et son fonctionnement
La lutte des femmes a été au centre des combats de la dernière décennie. La remise en question du pouvoir patriarcal par les femmes est un moteur essentiel de la remise en question de l’ordre social dans lequel nous vivons. L’UFP sera féministe s’il sait défendre les revendications des femmes et se lier au mouvement lui-même. Il devra aussi travailler au recrutement et à l’intégration des femmes et avoir un fonctionnement marqué par la réflexion féministe du bannissement tout mode de fonctionnement chauvin et autoritaire. L’organisation des femmes dans l’UFP et l’insistance mis sur le recrutement des femmes sera aussi de l’orientation que défendra le CDS à l ’intérieur de l’UFP.
4. Pour un parti indépendantiste et internationaliste
La question nationale est incontournable. La liaison de la lutte indépendantiste et de la lutte pour une société égalitaire est à démontrer. Le potentiel mobilisateur de cette démarche est également à démontrer. Le travail de désorientation et de rupture de ce lien par le PQ depuis des années a affaibli le potentiel mobilisateur de la lutte indépendantiste mais ce potentiel peut encore être activé. Ce n’est que si le CDS sait faire les propositions nécessaires pour que cet axe traverse l’ensemble du travail de l’UFP que la construction de l’UFP sera possible. Le CDS devra chercher à ce que l ’UFP véhicule un discours indépendantiste qui sait lier la lutte pour l’indépendance à la lutte anti-impérialiste en général.
B. L’organisation et les instruments du Courant Démocratie socialiste pour ce combat
1. Pourquoi participer à la construction d’un courant "démocratie socialiste" dans l’UFP ?
Ce nouveau parti est un parti processus, il n’a pas été construit par une démarche serrée de démarcation sur un ensemble de questions stratégiques. Il se construit par l’unification de différents courants, eux-mêmes hétérogènes et sur une plate-forme qui ralliera largement, non pas à un programme très élaboré et à de positions stratégiques définies mais à une plate-forme revendicative radicale qui laisse un grand nombre de questions politiques en suspens.
Toutes les composantes fondatrices de l’UFP ont cru nécessaire de s’unifier dans une structure qui dans un premier temps prendra l’allure d’une structure de front unique où se retrouverons des révolutionnaires et des réformistes et des personnes partageant toute une gamme de positions différentes ou mal définies. Nous croyons qu’étant donné la faiblesse de la gauche au Québec, ce processus d’unification est absolument essentiel et que des démarcations trop rapides et trop radicales affaibliraient l’ensemble de la gauche et la maintiendraient dans la marginalité. Notre ligne s’inspire du fait qu’il ne faut pas faire des démarcations trop rapides qui resteront incomprises du plus grand nombre de militantEs dans la gauche. D’autre part, la situation du mouvement social, dans son ensemble sur la défensive, n’annonce pas de grand processus de rupture, une radicalisation profonde et continue à court terme. Le dégagement de couches se définissant comme anti-capitalistes se fera et se fait, mais le processus ne sera pas impétueux et il faudra établir des liens serrés avec ces couches pour favoriser leur maturation politique et aider à ce qu’elles développent leurs capacités d’initiative. C’est dans ce contexte que l’existence d’un courant "démocratie socialiste" défendra les conditions de cette liaison et une conception du parti qui nous semble nécessaire à l’étape actuelle.
2. Quelle sera la base du courant "démocratie socialiste" ?
Spontanément nous pourrions dire que cette base, c’est la base actuelle du PDS. Une orientation socialiste et le fait de défendre clairement un projet de société socialiste. Il est vrai que cette option socialiste est restée très peu définie dans le PDS lui-même. Il faudra continuer ce processus d’élaboration. Une orientation indépendantiste claire qui se définit par la conviction qu’il faut lier la lutte pour l’indépendance à la lutte pour un projet de société socialiste. Une orientation féministe et la conviction de la nécessité d’un fonctionnement de parti féministe. Une conception de la nécessité de construire le parti dans les luttes sociales. Une compréhension de la nécessité de la solidarité internationale et de lutter contre les plans de l’impérialisme. Il est certain que le courant aura à prendre toute une série de positions sur les nouvelles questions qui seront posées devant le parti.
3. Le fonctionnement du courant Démocratie socialiste
Le courant Démocratie socialiste ne fonctionnera pas sur le principe du centralisme démocratique. Il est un courant idéologique et politique. Mais il doit non seulement défendre des orientations programmatiques générales mais une conception du type de parti que nous voulons construire et du mode de fonctionnement intégrateur que nous voulons lui voir adopter.
Le courant doit avoir une direction (plus restreinte que la direction actuelle) pour animer la vie du courant et les débats qui le traverseront. .
4. Les instruments du courant Démocratie socialiste.
Aujourd’hui le PDS a un bulletin La Brèche socialiste. Quel pourrait être le rôle de ce bulletin ? Doit-il être maintenu ? Il doit être maintenu pour être l’expression du courant Démocratie socialiste dans le nouveau parti et défendre les objectifs stratégiques que nous avons présentés dans la première partie. Les prises de position du courant doivent être publiées régulièrement comme dans l’organe du courant Démocratie socialiste. C’est moins un journal et une revue sur différents sujets (cela devrait être relever de l’organe de l’UFP), qu’un bulletin d’information, de formation, de discussion et de prise de position en direction des militantEs du courant mais disponible aux membres de l’UFP. Il doit être publié sous la responsabilité de la direction du courant Démocratie socialiste.
Une liste de discussion animée et organisée par la direction du courant devrait exister. Ce forum s’adresserait d’abord aux membres du courant sur des sujets soumis à la discussion par la direction du courant Démocratie socialiste. Le site du PDS devrait être transformé en site du courant (CDS) et être le lieu de publication des meilleures contributions de ce forum et des prises de position officielles du courant.