Le Parti des travailleurs a été uni dans la campagne électorale et ce fut une des raisons de notre victoire. Alors qu’il est dans le gouvernement, le parti a plus que jamais besoin d’unité pour affronter ce passage difficile. Non seulement pour faire passer la pilule amère que représente la phase initiale de la transition, mais surtout pour affronter les obstacles structurels au projet de changement qui nous a porté au gouvernement de la République.
Construire l’unité d’action dépend, comme toujours, de la politique. Mais l’unité ne peut s’affirmer que par la vitalité d’un débat démocratique large et respectueux. En ce moment, après une phase initiale précautionneuse, le groupe parlementaire, le parti et le gouvernement lui-même sont devant une nouvelle phase, celle des choix fondamentaux des chemins menant d’urgence au changement.
Au sein du gouvernement, du PT, des autres partis alliés, des mouvements citoyens et parmi les faiseurs d’opinion de diverses provenances, les voix soulignant la nécessité d’accélérer la transition vers une nouvelle phase de politique économique se font chaque jour plus insistantes. Le nombre de ceux qui prennent conscience qu’il n’est pas possible de combiner une politique économique conservatrice avec une politique sociale progressiste s’accroît.
Devenu un importateur de capitaux, le pays s’est fragilisé financièrement. En se soumettant à la logique du capital financier le Brésil reste l’otage d’un piège récessif dont il ne peut sortir. De là découle la nécessité d’un « ajustement fiscal infini », qui exige toujours plus de rigueur financière, des excédents fiscaux et des taux d’intérêts exorbitants pour s’assurer de la fidélité des rentiers et espérer satisfaire l’appétit insatiable et spéculatif du marché financier international. Les conséquences de cette politique sont désastreuses pour la nation et pour notre peuple : la récession économique menace, le chômage s’accroît et les revenus se réduisent, comme tous les indicateurs le montrent déjà. Le taux de sous-utilisation des capacités industrielles augmente, mettant en cause toute planification stratégique. Les coupes budgétaires rendent impraticable l’investissement productif comme le développement des droits universels de la citoyenneté. Avec ce garrot les politiques compensatoires tournées vers les plus pauvres perdent toute viabilité. La maximalisation de l’excédent budgétaire primaire est synonyme de la minimalisation de l’État, des fonctionnaires démotivés, de l’éducation et de la santé démunies et de la culture privée de ressources.
Il est temps de revenir aux engagements centraux de la campagne électorale. De remettre à l’ordre du jour du gouvernement les questions qui mobilisent la société à la recherche d’un nouveau cycle de développement, avec la redistribution du revenu et l’inclusivité sociale. Il est l’heure de baisser les taux d’intérêt, d’investir dans la production, de s’attaquer aux goulots d’étranglement de l’infrastructure qui empêchent la croissance, d’ouvrir le crédit pour les plus démunis, pour les entreprises nationales petites et les minuscules, pour créer les emplois et redistribuer les revenus. La Banque nationale de développement économique et social (BNDES) et les autres banques publiques de développement seraient, en particulier, des instruments de cette nouvelle politique.
Il faut débattre du budget supplémentaire pour la sécurité sociale dont nous avons besoin pour garantir la qualité des services fournis à la population et considérer les retraites comme faisant partie d’un pacte de solidarité entre les générations. Sa réforme doit être substantiellement marquée par l’inclusion sociale et par l’élargissement des droits et ne peut se limiter à un ajustement comptable. Le combat nécessaire contre les super-salaires et contre certains privilèges de la fonction publique ne doit jamais pénaliser le gros des travailleurs actifs, pensionnés et retraités. Nous ne pouvons pas, au risque de manquer de bon sens et de jouer les pauvres contre les nécessiteux, promouvoir une réforme fiscaliste et comptable.
La victoire populaire aux élections a été le résultat de la mise en mouvement de forces sociales profondes qui demandent une large voie de mobilisation. Si l’espoir qui a vaincu la peur se métamorphose dans l’attentisme, la perplexité et la déception, permettant ainsi le retour de la crainte, le coût social et politique sera immense.
Des signes sensibles du changement doivent atteindre notre culture politique, les convictions et la volonté du peuple, l’esprit qui anime notre identité et stimule les bases sociales de notre parti. Il est l’heure de remettre à l’ordre du jour l’espoir, fondement essentiel de l’élection de Lula à la Présidence de la République, et de construire dans l’unité le nouveau modèle de développement. Le seconde phase doit commencer maintenant !
Brasilia, 29 mai 2003
Adão Pretto - RS ; Antônio Carlos Biffi - MS ; Ary Vanazzi - RS ; Cesar Medeiros - MG ; Chico Alencar - RJ ; Dr. Rosinha - PR ; Francisca Trindade - PI ; Gilmar Machado - MG ; Guilherme Menezes - BA ; Henrique Fontana - RS ; Iara Bernardi - SP ; Iriny Lopes - ES ; Ivan Valente - SP ; João Alfredo - CE ; João Grandão - MS ; Lindberg Farias - RJ ; Luciano Zica - SP ; Luiz Alberto - BA ; Luci Choinacki - SC ; Maninha - DF ; Mauro Passos - SC ; Orlando Desconsi - RS ; Orlando Fantazzini - SP ; Paulo Rubem - PE ; Tarcisio Zimmermann - RS ; Terezinha Fernandes - MA ; Vignatti - SC ; Walter Pinheiro - BA ; Wasny de Roure - DF ; Zico Bronzeado - AC [les 30 signataires sont député(e)s fédéraux du Parti des travailleurs].