Tiré de Presse-toi à gauche
mardi 8 septembre 2009, par Ghislaine Raymond
Définissons d’entrée de jeu ce qui le définit. Le « maraudage » est associé à la période de changement d’allégeance syndicale. Cette allégeance résulte d’une décision collective que prennent les membres d’un syndicat quant à leur affiliation à l’une ou l’autre des centrales ou fédérations syndicales du Québec : CSN, CSQ, FTQ, CSD, SFPQ, SPGQ, SIIQ, APTS….. Elle peut être modifiée soit au moment précisé par le Code du travail soit suite à une reconfiguration syndicale forcée telle que celles découlant de la fusion des commissions scolaires ou de la Loi 30 dans les hôpitaux.
Le Code du travail prévoit à cet effet qu’un changement d’allégeance syndicale est possible à un moment précis dans les mois précédents l’échéance d’une convention collective. C’est là que s’ouvre officiellement la période de maraudage. La règle générale définie à l’article 22 du Code apporte des spécificités dans le cas de la construction à l’article 73 et à l’article 111 pour la fonction publique. Cette disposition permet à un syndicat, suite à une signature de carte d’adhésion de 50% plus un, de se prévaloir de cette possibilité. Ce mouvement volontaire diffère de celui qui est obligé par loi ou décret gouvernemental. Les règles sont alors précisées dans les dispositions entourant la loi.
Les effets de cette période de maraudage sont souvent désastreux dans le mouvement syndical principalement au plan de la solidarité mais aussi au niveau financier. En effet, les syndicats d’un même secteur d’activité (tels la construction, le soutien scolaire, les employéEs d’hôpitaux) se dénoncent les uns les autres et utilisent des tactiques guerrières pour s’approprier le plus grand nombre d’adhérents. Cette période se déroulant quelques mois avant le renouvellement d’une convention collective, les alliés naturels des autres syndicats se transforment en ennemis à abattre laissant la division intersyndicale primer lors des négociations sectorielles à venir. Ce choix des dates obligées dans le Code du travail ou par loi donne un avantage précieux aux patrons. À cela s’ajoute un coût financier important de l’ordre de millions de $ prévus dans le mouvement syndical lors de cette période. Il en a été ainsi dans la phase entourant la reconfiguration forcée de la Loi 30 dans le secteur des hôpitaux.
Bien sur, la possibilité de changer d’appartenance syndicale est un droit légitime. Un syndicat qui ne veut plus être membre d’une organisation syndicale doit pouvoir le faire. Le problème réside dans les règles imposées par la Code du travail ou les lois et décrets gouvernementaux.
Du début juillet au début août 2009, cette période de maraudage prévaudra dans la fonction publique. Présentement un protocole de non-maraudage a été signé entre le FTQ, la CSN et le SISP (Secrétariat intersyndical des services publics comprenant : CSQ, FIIQ, SFPQ, SPGQ et APTS) et cette période s’annonce, nous dit-on, sans heurts. Souhaitons-le. Le Front Commun annoncé il y a quelques temps laisse espérer que l’unité d’action prime sur la division telle que ce fut le cas dans les dernières périodes de maraudage. Le gouvernement en ressort gagnant, les positions des organisations syndicales rivalisant entre elles pour des gains corporatistes à la faveur de leurs membres au détriment de l’avancement de l’ensemble des salariés du secteur d’activité.
Présentement l’unité intersyndicale la plus large est essentielle pour ébranler les chantres de la dérèglementation en position de force au gouvernement. La bataille que devra livrer le Front Commun des employés de l’État tracera la voix des gains à venir pour l’ensemble des salariés du Québec en cette période de crise financière et économique qui est là pour durer quoiqu’en dise le gouvernement. Les emplois disparaissent ou se précarisent dans bon nombre de secteurs d’activité. La syndicalisation demeure l’avenue la plus prometteuse pour garantir des conditions de travail et salariales décentes. Le Code du travail doit être revisité pour que les règles de maraudage ne se fassent pas à l’avantage des patrons. La bataille permettant un accès élargi à la syndicalisation par la voix de l’accréditation multi patronale doit se faire. L’unité syndicale la plus large est nécessaire pour y arriver. Le maraudage en ce sens est contre productif.