La réingénérie de l’État menée par le gouvernement Charest vise essentiellement à diminuer les dépenses publiques, à démanteler des services pour les confier à l’entreprise privée soit directement soit par l’intermédiaire du partenariat public-privé. Elle vise également le structures de partenariat à tous les niveaux et à rendre le gouvernement le moins perméable possible aux pressions de la société civile. Elle vise enfin à diminuer les droits syndicaux, à donner une impulsion à un processus de désyndicalisation. Rien n’est l’abri du processus de redéfinition de État visant à le soumettre étroitement au patronat et à balayer des acquis sociaux fruits des luttes passées qui s’étaient matérialisées en une série de droits qui sont aujourd’hui remis en question.
Dès la prise du pouvoir, le PLQ a voulu préparer la population à la mise en œuvre de sa politique réelle - pas celle clamée sur toutes les tribunes durant la campagne électorale - en agitant l’épouvantail d’un déficit budgétaire caché - le trou 4,5 milliards qu’aurait légué le gouvernement précédent. Malgré ce trou, il n’a pas reculé d’un pas jusqu’ici sur sa promesse de baisses d’impôts pour les couches sociales ayant des revenus élevés. Aujourd’hui, c’est au nom de ces éventuelles baisses d’impôt, que les services à la population sont attaqués, que les privatisations sont envisagées, que des tarifications sont proposées ou augmentées. Coupures dans les bibliothèques scolaires, coupures dans le soutien à l’accès à l’aide juridique, promesses de sanctions contre les garderies qui connaîtront un trop haut taux d’absence, augmentations des frais de garde, indexation de ces frais au coût de la vie, augmentation des tarifs d’electricité (malheureusement saluée par la direction de la FTQ)… C’est une offensive tout azimut contre la population du Québec.
Le mouvement syndical est également dans la mire du gouvernement Charest. Le projet de loi 31 modifiant l’article 45 du code du travail n’a d’autres sens que de favoriser la sous-traitance dans les secteurs public et privé. La privatisation de pans entiers du secteur public ouvre la possibilité de désyndicalisation et de diminution conséquente des salaires. C’est pour parvenir à des telles fins, que le retrait de l’article 45 du code du travail est un enjeu essentiel. En enlevant le statut de salarié aux responsables des services de garde en milieu familial, le PLQ a enlevé « le statut qui donne accès aux régimes de protection sociale et qui permet l’application des lois du travail. » En fait, le gouvernement veut permettre une redistribution des revenus des travailleuses et des travailleurs vers le patronat et, pour ce faire, il doit affaiblir les capacités du mouvement syndical à mener une résistance face à cette offensive. Tout se tient.
En votant la loi sur l12 visant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, le PLQ faisait de la plate démagogie pré-électorale. Aussitôt au pouvoir, le plan d’action contre la pauvreté a été remis sine die et en lieu et place, le gouvernement Charest a concocté une série d’attaques contre les personnes assistées sociales qui visent essentiellement à économiser de l’argent sur leur dos et à renforcer le contrôle sur leur vie. Une pénalité de 200$ par mois est promise à celles et ceux qui refuseront les « projets » proposés.
Le gouvernement Charest semble estimer que la place octroyée aux directions des classes subalternes est beaucoup trop importante dans le mode de gestion mis en place par le PQ. Les rapports de force qu’elles peuvent construire constituent une menace. Tous les secteurs sociaux sont dans la cible du gouvernement mais le gouvernement Charest a comme principal objectif d’affaiblir duralement le mouvement syndical comme la bourgeoisie américaine a pu le faire aux États-Unis. Le PLQ veut remettre en question le mode de gestion politique des classes subalternes. C’est là l’essentiel du renouveau politique du PLQ sur le terrain politique. Il cherche consciemment à provoquer les divisions dans les rangs syndicaux afin de marquer de nombreux points. Il ne s’agit plus d’intégrer pour paralyser comme le faisait le PQ avec ses sommets économiques ; il s’agit d’affronter pour affaiblir et marginaliser.
Le gouvernement Charest se moque des réformes démocratiques. Durant la dernière campagne électorale, il a promis la réforme du mode de scrutin, maintenant son ministre responsable affirme qu’il ne serait pas possible de faire cette réforme avant les prochaines élections.
Sur le terrain de la lutte nationale, le gouvernement Charest mène également une politique de sape. Il propose que le Québec exerce un véritable leadership dans la fédération canadienne, en se distinguant comme chef de file dans la création d’un « interprovincialisme » sain et efficace. De surcroît, il prétend faire progresser l’autonomie du Québec en obtenant, par des ententes, de nouveaux pouvoirs de gestion dans des « secteurs essentiels à son développement. » Cet interprovincialisme, négateur de la réalité nationale, - et ce n’est pas des déclarations formelles à l’Assemblée nationale qui changereont ce fait- se matérialise dans le projet d’un Conseil de la fédération, qui n’est rien de plus qu’un prétendu groupe de pression des gouvernements provinciaux sur le gouvernement fédéral mais qui ne peut constituer en rien un blocage efficace aux tentatives fédérales de diminuer les responsabilités du Québec. Dans ce Conseil, toutes les aspirations nationales du Québec sont abandonnées au profit d’une logique uniquement régionale.
La constitution de front commun politique contre ces politiques est une aspiration populaire à ce moment-ci. Si nous ne parvenons par à construire pas une résistance unifiée aux attaques libérales, nous n’avons pas fini d’en payer le prix.