Le 2 aout 2002 - MONTREAL.
Le COBP dénonce le verdict d’acquittement rendu à l’égard du constable Giovanni Stante. En effet, au bout de presque 3 mois de procès, le jury a lavé le policier Stante de toutes les accusations auxquelles il faisait face soit "homicide involontaire", "voies de fait graves ", "voies de fait causant des lésions corporelles."
Rappelons que le 5 septembre 1999, l’agent Stante a sauvagement tabassé à grands coups de poing au visage Jean-Pierre Lizotte. Pendant que celui-ci était immobilisé par une prise de lutte " Full Nelson " que lui faisait l’ex-portier Steve Deschatelets du restaurant-bar huppé, le Shed Café, 3515 St-Laurent. Jean-Pierre Lizotte a immédiatement perdu l’usage de ces jambes, conséquence directe de cette agression gratuite. Giovanni Stante et son partenaire le constable Sylvain Fouquet ont ensuite transporté Jean-Pierre Lizotte jusqu’à leur auto-patrouille pour l’y jeter comme un "sac de patates", pour employer l’expression d’un des témoins civils qui a été entendu durant ce procès.
Les deux complices ont aussitôt fuit la scène du crime laissant derrière eux une flaque du sang et une foule en colère. Quelques heures plus tard, les médecins ont constaté que Jean-Pierre Lizotte était paralysé de la nuque jusqu’aux orteils. Après cinq semaines de souffrances sur un lit d’hôpital, M. Lizotte meurt le 16 octobre 1999. La direction de la police de Montréal a tenté d’étouffer cette ignoble bavure, et a attendu 53 jours avant d’en informer la population tel que requis par la loi. La tentative de cover-up des patrons de l’agent Stante a été absente du procès. Par contre, le procès a révélé que le boss du Shed Café avait lui aussi tenté de camoufler ce meurtre en intimidant son gérant pour qu’il passe sous silence les coups de poing de Stante. Le proces nous a aussi permis de découvrir que le simulacre d’enquête lancé par le Division des Affaires internes du SPVM sur les évènements du 5 septembre 1999, avait plutôt pour but d’incriminer l’ex-portier, Steve Deschatelets, que d’accuser l’agent Stante.
Tout au long du procès la tactique de la défense, qui revenait à dépeindre la victime comme étant l’agresseur, nous a souvent laissé l’impression que c’était beaucoup plus Jean-Pierre Lizotte que l’on jugeait que le policier accusé.
Comme si l’avocat de l’agent Stante, Me Michael Stober, avait voulu blanchir son client en salissant la mémoire d’un homme qui n’est plus là pour se défendre et qui a payé déjà de sa vie ! Et si, Jean-Pierre Lizotte avait survécu à l’agression du 5 septembre 1999, et qu’il aurait assisté au procès assis dans une chaise roulante dans un état paraplégique, le jury aurait-t-il eu l’affront de rendre un verdict de non-culpabilité aussi lâche et réactionnaire ? Pour le COBP, l’absence de M. Lizotte au procès était en soi lourde de signification et témoignait en elle-même de la barbarie dont il a été le martyr.
Contrairement au jury, le COBP n’a pas été dupe des grossiers mensonges qu’a livré l’agent Stante au cours de son long témoignage. En particulier, lorsque l’agent Stante a tenté de faire avaler cette enormite que Jean-Pierre Lizotte n’avait pas encore été immobilisé par le "Full Nelson" lorsqu’il s’est mit à le tabasser... alors qu’une dizaine de témoins civils ont catégoriquement déclaré le contraire. N’oublions pas que l’agent Stante n’a jamais mis les pieds en prison, pour un aussi horrible crime, et qu’il a fallu attendre plus de huit mois avant qu’il ne se retrouve formellement accusé et que son nom soit divulgué au public. N’oublions surtout pas non plus que chaque jour des pauvres, des prolétaires, et des sans-abri se retrouvent derrière les barreaux pour des soi-disant délits qui ne se comparent même pas avec la gravité des gestes meurtriers posés par l’agent Stante.
Ce verdict scandaleux va certainement continué à alimenter le sentiment d’impunité chez tous les collègues policiers de l’agent acquitté. Et, de la même façon, contribue à mettre à risque tous les laissés-pour-compte et les gens de la rue qui sont les cibles traditionnelles du harcèlement policier.
Pour toutes ces raison, le COBP estime qu’il est du devoir du procureur de la poursuite de porter en appel, ce verdict qui déshonore l’ensemble de l’appareil de justice.
COBP 514-859-9065
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