Mercredi le 18 septembre 2002
Monsieur,
Dans votre article du 16 septembre dernier, intitulé "lettre aux rêveurs", vous portez des jugements sévères sur l’Union des forces progressistes qui pourrait lui causer préjudice. Nous croyons qu’il y a lieu de nous accorder une réplique dont le seul but est d’informer les lecteurs et lectrices. Nous vous demandons de publier la réponse qui suit.
Dans l’édition du lundi 16 septembre, vous affirmiez que "l’Union des forces progressistes est un agglomérat de groupuscules qui restera marginal. Je ne vois pas comment ils parviendraient mieux que le PQ à faire la synthèse entre les préoccupations de la classe moyenne et l’objectif d’une société solidaire". Par ailleurs, vous suggérez que la dernière tentative de la gauche de créer un parti, soit la fondation de l’UFP, est une "caricature". Nous aimerions aujourd’hui porter à votre attention les faits suivants . Depuis au moins cinq ans, les progressistes des partis de gauche et de mouvements indépendants ont enclenché un processus d’unité politique et organisationnelle dont l’un des moments forts fut la fondation de l’Union des forces progressistes en juin dernier. La gauche politique québécoise n’est plus empêtrée comme il y a vingt ans dans des modèles rigides de référence et des querelles idéologiques de chapelles. Elle a tenu des Colloques (750 personnes à l’UQAM en avril 2000), des comités de liaison, des campagnes électorales communes, (notamment celle de Paul Cliche dans Mercier en avril 2001 avec 24% des voix). Elle a partagé des analyses de la conjoncture qui ont permis un recadrage politique. Elle a favorisé l’émergence d’une nouvelle culture politique et développé l’unité dans l’action, en appui à de nombreuses luttes sociales sur le terrain.
La globalisation : un enjeu central
À travers ce processus unitaire, une urgence s’est imposée : la nécessité de combattre la dictature des marchés et de la finance dans le cadre de ce que l’on appelle la globalisation. Il est primordial de renforcer la résistance à cet empire et aux menaces qu’il représente pour les institutions démocratiques, l’environnement, les droits sociaux, la justice sociale, les libertés civiles (législations "anti-terroristes"), etc. Cette urgence est fondamentale. Elle n’est pas seulement ressentie par nous. Elle est universelle comme on l’a constaté à Porto Alegre. C’est sur cette base que les principaux groupes politiques progressistes ont trouvé un terrain commun, ont élaboré une plate-forme large capable de faire l’unité sur l’essentiel et susceptible de rallier, nous le souhaitons ardemment, une bonne partie de la population québécoise en recherche d’une véritable alternative. Pour que les revendications du Sommet des peuples de Québec, la Marche mondiale des femmes, celle contre la ZLÉA, comme celles de nombreuses autres luttes sociales, trouvent un débouché sur le terrain politique et électoral, dans l’intérêt de tous les citoyens et de toutes les citoyennes. C’est là, certes, un paradigme différent de celui auquel vous référez, soit la "synthèse entre les préoccupations de la classe moyenne et l’objectif d’une société solidaire".
Le PQ maintient la question nationale dans l’impasse
Pour nous, la question nationale, telle que posée par le PQ est dans l’impasse. Vous paraissez d’accord avec nous là-dessus. La question de savoir "quelle souveraineté pour faire quoi ?" est centrale. M. Landry aspire à être le 35ième chef d’état signataire de la ZLÉA. C’est clair. Nous sommes en rupture avec l’ordre global néolibéral. Cette rupture constitue pour nous et pour les progressistes de la planète, le nouveau paradigme. Seule cette rupture pourrait, éventuellement donner un sens à un projet de souveraineté du Québec. Nous sommes donc aux antipodes du PQ. Notre parti entend travailler très fort pour sortir la gauche de la marginalité. Notamment en construisant un parti dont la structure, le fonctionnement et les valeurs sont le reflet de notre projet de société, une contribution pour introduire un style de politique alternatif. L’un des obstacles à cette entreprise est certainement les caricatures et les préjugés que véhiculent souvent les médias. Nous serions heureux, M. Venne, de vous rencontrer pour vous donner toute l’information désirée sur l’UFP et pour échanger dans un esprit de transparence et de respect mutuel.
Pierre Dostie et Molly Alexander Porte-paroles de l’UFP
c.c. M. Bernard Descôteaux, directeur