Accueil > International > Moyen-Orient > Palestine > Palestine > L’occupation des territoires palestiniens : géographique, mais aussi (…)

Rapport préliminaire d’une mission québécoise en Palestine et en Israël

L’occupation des territoires palestiniens : géographique, mais aussi psychologique et morale

mardi 22 octobre 2002

Montréal, le mardi 22 octobre 2002 - De retour depuis quelques jours seulement d’une mission de 12 jours en Palestine et en Israël, dix représentantes et représentants de la société civile québécoise ont rendu public ce matin leur rapport préliminaire faisant état de leurs observations, constatations et conclusions. Une profonde émotion ressortait des témoignages de ces représentants quant à la détérioration sans équivoque de la situation générale des Palestiniens caractérisée par une escalade notable des mesures de répression.

Palestine" L’occupation des territoires n’est pas que géographique. Elle est aussi psychologique et morale. Ce n’est pas qu’une occupation de territoires, c’est celle des individus et des collectivités. Y être, en voir les conséquences sur les enfants, les femmes, les hommes, lire dans leurs yeux à la fois la peur du moment présent et l’espoir d’un règlement pacifique ; vous en revenez encore plus convaincus que tout doit être fait pour que cette situation cesse et que la communauté internationale, de son côté, sorte de son silence presque complet et intervienne pour rétablir la paix ", a déclaré la chef de mission, Mme Monique Richard, présidente de la Centrale des syndicats du Québec.

Mme Richard et trois autres porte-parole du groupe, MM. Paul Lévesque (Médecins pour une justice sociale et Objection Conscience), François Crépeau (avocat et professeur de droit international à l’Université de Montréal) et Gervais L’Heureux (président de l’Association québécoise des organisations de coopération internationale, AQOCI) ont présenté différents aspects de leurs observations et conclusions sur la situation actuelle. " Nous ne sous-estimons pas les difficultés du processus de paix dans cette région et nous ne nions pas les préoccupations légitimes de sécurité de l’État d’Israël et de sa population. Toutefois, les politiques appliquées dans les territoires occupés par les forces d’occupation israéliennes ne nous semblent aucunement susceptibles de conduire à un environnement sécuritaire, ni pour les Israéliens, ni pour les Palestiniens, pas plus qu’à un règlement pacifique du conflit ", ont indiqué les porte-parole.

Ils ont ajouté : " Nous avons été profondément touchés par la situation du peuple palestinien dans les territoires occupés. Nous avons souvent été choqués en voyant les constantes humiliations, les souffrances, l’appauvrissement et les sanctions collectives que ce peuple doit endurer. Nous partageons par ailleurs le souci très aigu des personnes et des organisations, tant palestiniennes qu’israéliennes, que nous avons rencontrées concernant la détérioration de la situation au cours des derniers mois caractérisée, entre autres, par la militarisation croissante du cadre juridique des territoires occupés ".

Objectifs de la mission et suites

Les objectifs poursuivis par la mission québécoise se résumaient à obtenir de l’information pour la transmettre et, du même coup, sensibiliser la population québécoise à la situation actuelle en Palestine et en Israël ; faire pression sur le gouvernement canadien et les parlementaires pour que le Canada favorise avec plus d’empressement le règlement de ce conflit ; être sur le terrain pour pouvoir témoigner d’une réalité que vivent les peuples sans un prisme politique ou militaire qui aurait déformé cette réalité.

" C’est pourquoi nous avons tenu à nous rendre directement dans les villages, à rencontrer des familles, à visiter des écoles, des camps de réfugiés. Nous avons même vécu des couvre-feux et constaté leurs effets dévastateurs sur la population palestinienne. Ce choix nous a amenés à vivre nous aussi les nombreux contrôles effectués par les militaires israéliens, à sentir l’effet sur une communauté récemment bombardée, à ressentir le désarroi de cultivateurs dont les terres ont été expropriées et les oliviers s’y trouvant détruits. Nous avons pu aussi rencontrer plusieurs représentants d’organisations palestiniennes, dont le président de l’Autorité Palestinienne, M. Yasser Arafat, et d’organisations israéliennes. Lors de ces rencontres, nous avons pu constater des signes encourageants d’efforts en faveur de la paix. Ainsi, nous avons appris que des organisations israéliennes et palestiniennes déposent des requêtes devant les tribunaux pour dénoncer des violations des droits de la personne ; que des conseils juridiques sont offerts aux détenus palestiniens ; que des journalistes israéliens dénoncent l’ignorance dans laquelle est maintenue la population israélienne sur les conditions de vie de la population palestinienne des territoires occupés ; que des soldats refusent de servir dans les territoires occupés ou d’accomplir certains ordres et sont emprisonnés pour ce refus d’obéir. L’espoir existe et la communauté internationale doit davantage et, plus fermement, faire sentir sa volonté de voir ce conflit se régler ", ont conclu les dix membres de la mission.

Les membres de la mission entendent maintenant agir sur différents fronts, entre autres, par des activités de sensibilisation, des conférences et autres moyens à l’intérieur de leurs propres organisations, par des rencontres politiques avec des représentants du gouvernement canadien, par des projets coopératifs avec des organisations palestiniennes pour venir en aide au peuple palestinien, par des contacts avec des organisations israéliennes dédiées à la dénonciation de l’occupation.

La mission a eu lieu du 6 au 18 octobre 2002. Elle s’est rendue notamment à Tel-Aviv, Hébron, Jérusalem, Ramallah, Ber-Sheva, Bethléem, Gaza et Jenin.

Un rapport préliminaire est disponible dès maintenant (et remis à la conférence de presse) et un rapport final sera complété dans environ un mois.

Les membres de la mission sont :

 Monique Richard, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) - Pierre-Paul Côté, enseignant retraité et représentant du Syndicat de l’enseignement de Champlain - Elaheh Machouf, représentante de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) - Benjamin Desautels, représentant de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) - Gervais L’Heureux, président de l’Association québécoise des organisations de coopération internationale (AQOCI) - Robert Silverman, membre fondateur de l’Alliance juive contre l’occupation et membre de l’exécutif de PAJU - Paul Lévesque, représentant de Médecins pour une justice sociale et de Objection Conscience - François Crépeau, avocat et professeur de droit international à l’Université de Montréal - Josée Lambert, photographe, activiste et " Artiste pour la paix 1998 " - Rezeq Faraj, coordonnateur de la mission et coprésident, cofondateur de Palestiniens et Juifs Unis (PAJU).

Sources :

Louise Rochefort, attachée de presse CSQ 514-235-5082 ou 514-356-8888 p. 2610

Daniel Saykely, responsable des communications PAJU 514-961-3928

(tiré du site de la CSQ)

Messages