L’UFP dénonce les politiques néolibérales de l’éducation prônées par le PQ, l’ADQ et le le PLQ et s’engage à défendre un réinvestissement massif dans le système d’éducation
dimanche 6 avril 2003, par Jean Bernatchez
(Québec, dimanche 6 avril 2003) - L’éducation est - avec la santé - un des thèmes favoris sur lesquels les candidats et candidates du PQ, du PLQ et de l’ADQ cherchent à se distinguer. Pourtant, aucun de ces partis ne propose de mesures capables de freiner l’assujettissement de l’éducation aux lois du marché. Pire : à des degrés et à des rythmes divers, les politiques préconisées par ces partis tendent à renforcer la marchandisation de l’éducation. « Pourtant, l’éducation n’est pas une marchandise. C’est un droit universel. C’est un des biens les plus précieux qui soit, la base sur laquelle se construira une société et un monde plus justes », affirme Jean Bernatchez, politologue en éducation et candidat UFP dans Chutes-de-la-Chaudière.
L’éducation est un des secteurs qui a le plus souffert des mesures néolibérales mises en place par le PQ pour atteindre le fameux déficit zéro entre 1996 et 1999. Coupures massives dans le budget qui lui était dédié avec ses inéluctables conséquences (manque de ressources humaines, matérielles et financières ; non engagement de personnes enseignantes et éducatrices ; développement du travail précaire), mais aussi introduction des logiques de concurrence entre les différentes écoles et universités, obligation de résultats (conduisant a la baisse de la qualité de l’enseignement), contre-réformes, etc. « La formule du contrat de performance notamment est un instrument de contrôle qui nie fondamentalement les spécificités d’une institution comme l’université » soutient Jean Bernatchez, dont l’étude sur cette expérience québécoise a été publiée en février dernier dans une revue scientifique internationale.
L’UFP revendique l’abolition des contrats de performance dans les universités et l’abolition des plans de réussite aux autres niveaux du système scolaire, lorsque ceux-ci sont contaminés par les objectifs d’efficience en gestion.
Remettant ainsi en cause les tentatives de démocratisation de l’enseignement des années 60-70 qui s’étaient exprimées à travers la mise en place d’un service d’éducation public, en grande partie gratuit, universel et de qualité. S’interdisant surtout d’affronter les maux aujourd’hui grandissant du « décrochage scolaire » et de la « dégradation de la qualité de l’enseignement ». Au regard de ces problèmes fondamentaux, les « gels » ou « ajouts financiers ponctuels » promis par le PQ ou le PLQ apparaissent dérisoires. Sans parler du désastre que représenterait la mise en place de bons d’études tels qu’avancés par l’ADQ et qui aurait pour conséquence première de s’attaquer au principe même de l’universalité.
L’UFP revendique l’arrêt du financement public des écoles privées, ce qui permettra de dégager les fonds nécessaires au réinvestissement massif dans l’éducation publique.
Réinvestir pour que les universités se libèrent de la tutelle des grandes entreprises et du marché privé, et que leurs étudiants et étudiantes puissent y accéder sans se heurter à la barrière discriminatoire de l’argent. Réinvestir pour que les collèges continuent à offrir un enseignement pré-universitaire de qualité, dispensé et soutenu par des professeurs et des aides pédagogiques suffisamment nombreux et non soumis aux impératifs de rentabilité économique. Réinvestir pour qu’au secondaire et au primaire soient engagés plus d’orthopédagogues et de psychologues, que soient acquis de meilleurs équipements et infrastructures pour les salles de classes et les cours d’école. Réinvestir pour diminuer le nombre d’élèves par classe, afin d’alléger la tâche du personnel enseignant et de favoriser la réussite scolaire. Réinvestir pour que soit revalorisée la fonction enseignante. Réinvestir pour que l’éducation aux adultes, l’éducation populaire et l’alphabétisation retrouvent leur juste place, et qu’on en finisse avec la réduction des services offerts.
Au-delà des actions plus immédiates proposées par l’UFP et inscrites dans le champ de l’urgence (comme la gratuité de l’éducation à tous les niveaux et l’adoption de mesures en collaboration avec les associations étudiantes pour juguler l’endettement étudiant), il y a également la proposition d’une riche philosophie de l’éducation qui s’inscrit en rupture avec la logique de marché, avec la compétition et les avantages concurrentiels utilisés pour pratiquer l’échange inégal au Québec et dans le monde. « Le pluralisme caractérise cette démarche puisque ce sont des modes propres à chaque société, à chaque culture voire à chaque milieu qui conditionneront cette approche globale », précise Jean Bernatchez.
Et il conclut : « Ainsi et seulement ainsi, le système d’éducation remplira le rôle qu’il doit jouer dans une société démocratique : celui de former non seulement des travailleurs et des travailleuses, mais surtout des hommes et des femmes libres et responsables qui construiront leur destin solidairement avec les Autres et avec la Terre ».
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