Une fois de plus, la logique du mode de scrutin s’est imposée. Depuis plus de 40 ans que l’on assiste au triste spectacle de l’alternance au pouvoir des deux principaux partis par cycles deux mandats successifs. Difficile pour le commun des mortels de contrer ce détournement du vote par le PQ et le PLQ et de concevoir « utile » un vote en faveur d’un tiers parti qui pourrait, même avec 23% du suffrage, n’avoir aucun élu à l’Assemblée nationale. La gauche a néanmoins poursuivi sa marche vers une plus grande reconnaissance. Fait réjouissant, dans certaines circonscriptions prioritaires pour l’UFP (Mercier, Outremont), notre jeune parti a supplanté l’ADQ.
Les messages de fin de campagne du PQ et du PLQ étaient clairs : « un vote pour l’ADQ est un vote pour le PQ » scandait Charest tandis que les péquistes répétaient qu’un vote pour la gauche compromettrait la souveraineté et favoriserait le PLQ. Mario Dumont invitait de son côté les électeurs à voter « selon leur coeur » et l’UFP elle, selon leurs convictions. C’est ce qui nous fait dire que les votes obtenus par l’UFP ne reflètent pas l’appui rencontré dans les faits. Sur le terrain, des milliers d’électeurs et d’électrices nous ont affirmé qu’ils doivent se faire violence et « voter utile » selon l’expression utilisée à tort par les partis monopolistes.
C’est justement à ce cercle vicieux que s’est attaquée la coalition progressiste composée de 73 candidatEs de l’UFP, 36 du Parti Verts et 5 indépendentEs. Car tant que l’on demeurera prisonniers de cette logique qui consiste à « voter pour le moins pire en se bouchant le nez », ou à voter « pour du changement », quitte à voter pour pire, il ne se construira pas d’alternative et on se privera d’une éventuelle « meilleure option ». C’est pour cette raison que les progressistes croient que le chemin le plus court vers les réformes que revendiquent les mouvements sociaux réside dans la formation d’un parti de masse dont l’UFP se veut l’embryon.
Des objectifs réalistes atteints
Dix mois après sa création, l’UFP, sans ressources ni notoriété dans les grands médias, a réussi à démontrer sa capacité à prendre sa place dans la scène politique. Nous sommes certes encore un courant minoritaire, mais nous sommes là pour rester et pour nous développer. En 1998, le total des votes de gauche éparpillés est inférieur à 35 000 votes. En additionnant les résultats de l’UFP, du PVQ et des progressistes indépendants, on constate une certaine progression (plus de 56,000 votes). Cependant, le mode de scrutin pervertit ce résultat. De plus, l’UFP a cherché à faire de l’éducation politique et à rehausser la qualité du débat politique en portant les thèmes sociaux souvent négligés par les partis néolibéraux. Nous avons participé à une centaine de débats contradictoires et les porte-parole du projet progressiste font généralement très bonne figure. Enfin, la jeune organisation a augmenté son membership, consolidé son organisation, et s’est initiée aux pratiques électorales sans toutefois y perdre sa fougue et ses énergies créatrices. Il faut reconnaître que c’est un défi pour une jeune organisation politique en processus d’implantation de se mettre d’emblée sur le mode électoral.
Le PQ a raté l’occasion de réformer le mode de scrutin
Le PQ a durement souffert par le passé d’être sous-représenté à l’Assemblée nationale. Usé par le pouvoir et ayant mal vieilli, il a été avantagé en 1998 par les déficiences du mode de scrutin qui lui a valu le pouvoir avec moins de votes que son adversaire. Il était pourtant bien placé pour connaître les règles qu’il a néanmoins refusé de changer. La première fois il y a 20 ans quand René Lévesque s’est fait rabrouer par son caucus. Plus récemment quand il a préféré faire miroiter la possibilité d’une réforme, conditionnelle à sa réélection, tout comme les suites de la loi sur la pauvreté, sur l’eau, sur l’équité salariale, tout comme la déréglementation en matière de logement social, etc.
Le processus de réforme du mode de scrutin, maintenant réclamé par une forte majorité de québécoises et de québécois et qu’ont réitéré les récents États généraux, doit être enclenché dans les premiers mois du mandat du nouveau gouvernement libéral, avec un échéancier précis, afin que le Québec soit doté d’un véritable mode de scrutin proportionnel. Pas une opération cosmétique de type « compensatoire », une véritable proportionnelle pour que chaque vote compte. Alors, on pourra pleinement mesurer la force des idées de gauche au Québec.
L’ADQ a été contenue
Parmi les bonnes nouvelles que comportent les résultats électoraux d’aujourd’hui, il y a la montée de l’ADQ qui a été contenue. L’intense travail des jeunes progressistes regroupés autour du site « Non-ADQ », les travaux des groupes comme D’abord solidaires, y ont sans doute contribué, tout comme les positions des organisations syndicales. À l’été de 2002, l’UFP soumettait l’hypothèse que la population était lasse des deux vieux partis et qu’elle voulait du changement ce que l’ADQ a pu exploiter jusqu’à ce que soit mieux connu son programme. La poussée de l’ADQ aura été de courte durée et essentiellement un phénomène de sondage. La montée éventuelle d’un tiers parti au même rang que les deux premiers signifierait à moyen terme la disparition de l’un d’eux. Bipartisme oblige.
Le défi de durer
Dans un tel cadre, le défi de l’UFP étant de durer et de progresser peu à peu, au fur et à mesure des ruptures que nous réussissons à réaliser avec le détournement des votes par les deux partis monopolistiques. Dans l’intervalle, l’UFP sera, plus que jamais, le parti des urnes et de la rue. L’UFP ne fait que commencer son travail d’enracinement dans la population et ses militants et militantes continueront après la campagne électorale en participant aux luttes populaires, non seulement au niveau national mais aussi en s’intéressant de plus en plus aux enjeux locaux et régionaux qui confrontent les citoyens et les citoyennes dans leurs milieux de vie.
L’UFP est l’embryon de ce grand parti progressiste dont le Québec a besoin. Nos portes sont ouvertes à toutes les composantes progressistes de la société québécoise, incluant nos amiEs du Parti Vert.
Tout le monde convient que c’est au sein de la jeunesse que nos propositions trouvent le plus grand écho. Quelle promesse pour l’avenir !
Résultats des candidats et des candidates de l’UFP aux élections du 14 avril
L’UFP, qui a présenté des candidats et des candidates dans 73 circonscriptions, a obtenu 1,06 % des votes sur le plan national, terminant quatrième sur les neuf partis ayant participé aux élections.
Beauce-Nord : Richard Fecteau : 0,60 %
Beauce-Sud : Ginette Lewis : 0,67 %
Bellechasse : Mario Ouellette : 0,52 %
Berthier : Pierre Gravel : 1,83 %
Blainville : Thérèse Hamel : 1,10 %
Bourget : Rosanne Labelle : 1,25 %
Brome-Missisquoi : Simon Gnocchini : 1,53 %
Chapleau : Jean Marois : 1,10 %
Charlesbourg : Simon Carreau : 0,85 %
Charlevoix : Éric Tremblay : 0,72 %
Châteauguay : Guylaine Sirard : 0,56 %
Chauveau : Marie-Noëlle Béland : 1,05 %
Chicoutimi : Pierre Dostie : 2,03 %
Chutes-de-la-Chaudière : Jean Bernatchez : 1,71 %
Crémazie : Jocelyne Desautels : 1,96 %
Deux-Montagnes : Julien Demers : 1,28 %
Drummond : Gilles Martineau : 0,83 %
Dubuc : Marie Francine Bienvenue : 1,89 %
Frontenac : Marie-Josée Vachon : 0,48 %
Gatineau : Julie Mercier : 1,56 %
Gouin : Colette Provost : 4,73 %
Groulx : Denis Letourneux : 1,25 %
Hochelaga-Maisonneuve : Lise Alarie : 3,37 %
Hull : Denise Veilleux : 2,37 %
Iberville : Guillaume Tremblay : 0,74 %
Jean-Talon : Sacha Alcide Calixte : 1,57 %
Johnson : Martin Marois : 1,31 %
Joliette : Mathieu Lessard : 3,46 %
Jonquière : Michel Perron : 1,06 %
La Peltrie : Guillaume Boivin : 1,30 %
Laporte : Christian Montmarquette : 1,45 %
La Prairie : Danielle Maire : 0,60 %
L’Assomption : Gilbert Morin : 0,91 %
Laurier-Dorion : William Sloan : 3,04 %
Laviolette : Yves Demers : 0,74 %
Lévis : Madeleine Provencher : 1,20 %
Lotbinière : Étienne Hallé : 0,69 %
Louis-Hébert : Jean-Philippe Lessard-Beaupré : 1,00 %
Marguerite-D’Youville : Maxime Babeu : 1,36 %
Marie-Victorin : Marc Lambert : 1,61 %
Mégantic-Compton : Christian Poulin : 0,81 %
Mercier : Amir Khadir : 17,92 %
Montmagny-L’Islet : Fernand Dorval : 0,99 %
Montmorency : Magali Paquin : 1,39 %
Orford : Véronique Grenier : 1,45 %
Outremont : Jill Hanley : 6,86 %
Papineau : Dominique Marceau : 0,91 %
Pontiac : Serge Tanguay : 1,68 %
Portneuf : François Paradis-Caron : 1,43 %
Roberval : Francis Breton : 1,51 %
Rosemont : Omar Aktouf : 3,06 %
Rousseau : Alex Boisdequin-Lefort : 1,11 %
Rouyn-Noranda-Témiscamingue : Patrick Rancourt : 1,79 %
Sainte-Marie-Saint-Jacques : Gaétan Breton : 6,48 %
Saint-François : Suzanne Thériault : 1,00 %
Saint-Henri/Ste-Anne : Marc-André Payette : 1,95 %
Saint-Hyacinthe : François Choquette : 1,36 %
Saint-Jean : Alexandre Boulerice : 1,48 %
Saint-Laurent : Alain Pérusse : 1,02 %
Saint-Maurice : Kevin Trudel : 0,88 %
Shefford : Gilles Dumoulin : 0,96 %
Sherbrooke : Normand Gilbert : 1,42 %
Taillon : Gabriel Landry : 1,43 %
Taschereau : Alain Marcoux : 3,55 %
Terrebonne : Marco Legrand : 1,24 %
Trois-Rivières : David Lanneville : 0,79 %
Vachon : Richard St-Onge : 0,90 %
Vanier : Sébastien Bouchard : 1,65 %
Verchères : Marc-André Morvan : 0,63 %
Verdun : Pascal Durand : 1,25 %
Viau : Jocelyne Dupuis : 1,41 %
Vimont : André Pigeon : 0,70 %
Westmount-Saint-Louis : David Fennario : 3,11 %