Montréal, le 20 octobre - L’Union des forces progressistes (UFP) rejette les propositions contenues dans le manifeste de Lucien Bouchard et consorts, qui « se targue d’être lucide, mais qui ne tient pas compte des aspirations collectives ni du succès de plusieurs pays aux infrastructures sociales développées », dénonce Amir Khadir, porte-parole national de l’UFP.
Partant d’une vision fataliste de l’avenir, le manifeste pour un Québec « lucide » prône la destruction des acquis sociaux. Les partis politiques traditionnels applaudissent à l’unisson. « Le document a le mérite de resituer le débat politique dans un clivage gauche-droite. Notre réponse est l’unité de la gauche, seule alternative aux Québécois et Québécoises qui ne veulent pas voir le Québec sacrifié sur l’autel d’une soi-disant performance économique qui profite seulement à une minorité nantie », explique Denise Veilleux, porte-parole nationale de l’UFP.
À l’instar du rapport Ménard, le groupe Bouchard propose la hausse des tarifs d’énergie, des frais de scolarité, des taxes à la consommation et la privatisation des acquis sociaux. Bref, il invite les Québécois et Québécoises à dilapider les richesses bâties par les générations précédentes.
« Quel système d’éducation, quel réseau de la santé donnerons-nous en héritage à ceux et celles qui nous suivront ? Nous nous sommes dotés d’un Québec social parce que nous le voulions pour nous et pour nos enfants. Il est hors de question de le liquider aujourd’hui sous prétexte de rattraper un retard économique plus alarmiste que réel », explique Amir Khadir.
D’après Omar Aktouf, professeur de management à HEC-Montréal et candidat de l’UFP dans Outremont, le plan Bouchard ne tient pas compte de plusieurs réalités économiques actuelles : « Le texte s’accroche encore au mythe des réductions d’impôts comme moteur économique, alors que même le classement du Forum économique mondial montre que les pays nordiques comme la Finlande sont parmi les plus compétitifs du monde, malgré leur petite taille et leur niveau élevé d’investissement public », explique le professeur de management.
En effet, le Global Competitiveness Report 2005-2006, publié par le Forum économique mondial, révèle que les pays scandinaves sont parmi les plus compétitifs du monde. Ces pays ont pourtant des systèmes sociaux très développés, des impôts hautement progressifs et une éducation postsecondaire gratuite.
De plus, une étude basée sur les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) effectuée en 2002 par le magazine américain Foreign Policy, révélait qu’il y a « peu de preuves que les taux de taxation élevés fassent fuir les investisseurs qui semblent plus préoccupés par les perspectives économiques, les infrastructures offertes, le niveau d’éducation et d’autres indicateurs fondamentaux ».
Pour Gaétan Breton, professeur de comptabilité à l’Université du Québec à Montréal, la véritable façon d’assurer un développement durable est de « doter le Québec d’une véritable force d’innovation, de créativité et de productivité. Il faut donc cesser de couper dans les programmes publics et l’éducation, abandonner l’idée d’hausser les frais scolaires pour s’orienter vers la gratuité scolaire. A l’instar du Japon et de la Finlande, nous devons investir massivement dans la qualité de vie, la culture, la qualification de la main-d’oeuvre et du citoyen plutôt que de les traiter comme des coûts à évacuer. »
L’Union des forces progressistes, parti des urnes et de la rue, avance l’idée qu’un autre Québec est possible et nécessaire : une société plus juste, écologiste, féministe, inclusive et pacifiste. La formation, fondée en juin 2002 dans l’esprit de rassembler et de construire l’unité de la gauche, fait de la lutte à la pauvreté le centre de ses préoccupations.