La Paz, 13 janvier 2005
Après l’obtention de l’expulsion d’une transnationale des eaux, une multitude victorieuse de travailleurs et citadins d’El Alto ont bloqué pour quelques heures aujourd’hui le centre de La Paz et accordé au gouvernement de Carlos Mesa un temps de réflexion afin qu’il annule le décret élevant le prix des carburants et qu’il procède à la nationalisation du gaz et du pétrole. Des grèves de la faim se tiennent actuellement à Santa Cruz, d’autres grèves sont prévues dès demain à Cochabamba et de nouveaux moyens de pression sont en élaboration dans d’autres districts.
Les 50 000 résidents d’El Alto qui ont participés à une marche de 12 kilomètres organisée par la Federacion de Juntas vecinales (Fejuve) et la Central Obrera Regional (COR) et les conduisant jusqu’à la capitale de La Paz, ont suspendu temporairement la grève indéfinie qui s’était développée en grève générale depuis lundi et qui a permis jusqu’à maintenant la résiliation du contrat établi avec l’entreprise Aguas del Illimani, filiale de la française Lyonnaise des Eaux.
Les autres demandes des résidents d’El Alto seront analysées par des commissions qui seront immédiatement formées de fonctionnaires gouvernementaux et de dirigeants syndicaux et de la société civile, selon Abel Maman président de la Fejuve, qui assure que le " quart intermédiaire " n’aura été qu’une pause et que la grève sera reprise si les demandes d’El Alto ne sont pas respectées.
La suspension de la grève, qui offre un généreux quoique très court répit au gouvernement malmené de Mesa, résulte aussi des grandes difficultés qu’éprouve une population aussi pauvre que celle de El Alto pour maintenir l’interruption de ses activités pendant plus de 3 jours. La majeure partie des presque 800 000 " altenos " sont des travailleurs à leur compte, souvent commerçants ou ouvriers d’ateliers, artisans du secteur informels qui ne reçoivent aucun revenu s’ils ne travaillent pas. Ce sont des gens qui vivent au jour le jour.
D’autres facteurs concourant à la levée de la grève ont été la participation active et la pression gouvernementale sur les dirigeants de la société civile et la divergence des objectifs entre le mouvement d’El Alto et celui de Santa Cruz, l’autre foyer de la convulsion sociale et qui réclame, en plus de l’annulation de la hausse des prix du gaz (le gazolinazo), la démission de Mesa.
A Santa Cruz, après deux jours de grève générale, la direction civile prépare de nouveaux moyens d’actions, tels la grève de la faim qu’ont débuté ce jeudi une dizaine de dirigeants sociaux et syndicaux. De nouvelles actions s’annoncent aussi dans d’autres districts du pays afin de faire annuler le décret du 30 décembre qui autorise la hausse des prix du carburant dans une mesure de 10% à 23%.
Une succursale de la Centrale ouvrière Départementale de Cochabamba a déclaré une grève de 24 heures accompagnée de blocages et des marches pour ce vendredi 14 selon le dirigeant Alberto Machaca. La grève exigera, entre autres choses, l’annulation du " gazolinazo ". La marche de demain (vendredi) se terminera par un conseil qui pourrait déclarer la grève générale indéfinie.
Traduit par Sacha Calixte