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Caricaturer Québec solidaire ou le petit exercice de mépris antidémocratique de Joseph Facal !

mercredi 6 septembre 2006, par Bernard Rioux

Québec solidaire est bien le fruit d’une large unité de l’ensemble de la gauche sociale et politique au Québec. Comme parti, il rassemble ceux et celles qui refusent le néolibéralisme, qui refusent de mépriser la lutte des altermondialistes, qui priorisent les luttes des féministes et des écologistes et qui aspirent à un Québec souverain et solidaire.

Inquiet, Monsieur Facal, voit bien que Québec solidaire se développe et s’enracine. Les résultats dans Pointe-aux-Trembles et dans Taillon sont venus calmer ses craintes mais il semble rester aigri par l’apparition de cette nouvelle force politique de gauche. Il fait donc flèche de tout bois et il tire dans toutes les directions. Joseph Facal veut limiter Québec solidaire à un phénomène montréalais. Ce monsieur a une bien piètre mémoire. Il ne semble pas se rappeler que le PQ s’est d’abord développé dans la région métropolitaine et que ses premiers députés en provenaient. Que Québec solidaire ait fait 8% des voies dans Pointe-aux-Trembles, ce n’est pas méprisable. Si Québec solidaire n’obtenait que ce pourcentage des 5 490 000 électeurs et électrices inscrits au Québec, cela voudrait dire environ 440 000 votes, soit près d’un demi million.

Bien sûr, cela n’a guère d’importance pour Monsieur Facal que des personnes qui partagent des aspirations communes puissent avoir l’opportunité de l’exprimer par leurs votes. Identifier cette performance à ce que la gauche au Québec a pu faire jusqu’ici en terme de rayonnement social, c’est de la pure dénégation d’une force politique qui se construit et qui se construira tant sur le terrain des mobilisations sociales que durant les batailles électorales. Et c’est cela qui énerve le monsieur et lui fait perdre toute retenue et toute rigueur dans son analyse de la réalité de la gauche aujourd’hui.

Relayant la désinformation qui a circulé dans les grands médias sur les propos d’Amir Khadir et de Ginette Lewis, accrochant au passage Françoise David qui serait en train de faire sa formation à la direction de Québec solidaire, Monsieur Facal ne cherche qu’à discréditer et à jeter des militantes et des militants au mépris de ses partisans. Est-ce là les formes du débat démocratique qu’il faut favoriser au Québec ? Non, ce sont des formes de débat qui participent du renforcement de la crise de légitimité de la politique au Québec.

Et c’est avec un discours de la même eau qu’il prétend résumer les thèses politiques de Québec solidaire. En fait, M. Facal ignore avec superbe les préoccupations des milliers et des dizaines de milliers de ses concitoyennes et concitoyens qui ont quitté le PQ au cours des années. Lui, il ne vise qu’à folkloriser leur démarche pour mieux s’en moquer.

Et puis, il rappelle ses valeurs sur la mondialisation heureuse, sur l’irresponsabilité sociale face à l’exclusion, sur la défense de la famille traditionnelle, sur les bienfaits de l’élitisme. Et il ose présenter ces valeurs comme celles de la gauche réaliste et responsable. Il oublie encore et toujours la démocratie, l’ouverture à la diversité et les bienfaits du pluralisme.

En réduisant le débat politique à une « job de bras », monsieur Facal ne nous prépare pas un Québec souverain et solidaire. En fait, il s’indigne que des Québécoises et des Québécois de gauche dénoncent et puissent entraver ses aspirations à la gestion tranquille d’un État provincial.