Cette société à deux vitesses est bien réelle, c’est vrai. C’est une juste observation. Fondamentalement toutes les sociétés jusqu’à nos jours ont été à deux vitesses. Les sciences sociales que je connais, et non une vague utopie, m’apprennent que cela est le reflet d’une organisation de la communauté humaine en dominants et dominé-e-s.
Mais justement cette forme d’organisation est très instable et, à cause de l’insatisfaction généralisée de ceux et celles d’en bas, la société est " travaillée " constamment par ses propres forces de changement. C’est la source profonde de l’évolution où le statu quo est remis en question de façon permanente, y compris en régime socialiste.
Imaginer une société figée, statique, qui n’est pas transformée de l’intérieur, n’est tout simplement pas réaliste. À vrai dire, c’est ça qui est erroné et sans perspectives. Les socialistes et les communistes qui, en contradictions avec leurs propres thèses, ne font pas compris ont été exclus du pouvoir.
Si on veut que s’exprime une volonté politique en faveur de ceux et celles d’en bas, il faut " investir " ce domaine de la politique que même M. Mario Dumont évalue comme une activité humaine source de changement. Dans son cas, le changement serait sans doute un recul ou tout au moins un processus réactionnaire qui nous tirerait vers le bas plutôt que de nous aspirer vers le haut. Mais s’il a choisi ce chemin, c’est son affaire. À l’étude de son programme et à l’expérience (je ne la souhaite pas)., la population ne s’en satisfera pas à moins que l’ADQ ne réajuste ses projets dans le sens des intérêts des gens et non plus de l’entreprise privé. Ce que les débats de société peuvent provoquer, ... heureusement !
Un premier grand mouvement politique pour un genre de changement par et en faveur des classes populaires s’est produit en 1870, à Paris. On lui a donné le nom de la Commune. Il n’a duré que 70 jours et sa répression a fait 30,000 mort-e-s. Durant des années cet échec a été montré comme la preuve que le véritable changement n’était pas possible. La chanson " Le Temps des Cerises " a gardé, sous le régime répressif qui a suivi, un tison allumé de cette ferveur pour les changements plus profonds qui peuvent advenir au Printemps des Peuples.
Non seulement le changement est possible, mais cette société a deux vitesses est le moteur d’un changement inévitable, celui de l’effort fourni pour plus de libertés, plus de justice et plus d’égalité ... et pour que ces changements ne s’arrêtent pas aux portes des usines ou à la frontière des pays riches ! Cet effort se fait au nom du socialisme et de la disparition à long terme des classes.
Bien sûr, il faudra continuer de travailler… mais le travail ne sera plus source de division de la société en une communauté à deux vitesses, consacrée exclusivement à l’enrichissement et à la consolidation du pouvoir des seuls dominants.
" Pour combattre la pauvreté, il faut combattre la richesse ". dit un proverbe belge.
C’est en ce sens que les socialistes authentiques continuent le combat. Et ce malgré les échecs et les reculs temporaires qui devront rester des sources d’enseignements pour de ne pas reproduire mécaniquement les erreurs du passé. Ce à quoi, heureusement aussi, bien des intellectuel-le-s, honnêtes et sans illusions, s’engagent aux côtés des travailleur-euse-s.
Guy Roy Courriel
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