Dimanche 15 février, les Vénézuéliens étaient de nouveau appelés aux urnes afin de modifier un amendement de la Constitution permettant à n’importe quel élu de briguer un nouveau mandat à la fin de son mandat actuel. Cet amendement visait principalement à permettre à Hugo Chavez d’être de nouveau candidat en 2012.
Avec 6 003 594 de voix (54,36%) en faveur du « oui », Chavez a donc gagné son pari, et le Venezuela a, une fois de plus, démontré son attachement à l’exercice électoral. Devant plusieurs centaines de milliers de personnes, du haut du balcon du palais présidentiel, Chavez n’a pas tardé à annoncer qu’il était précandidat à sa succession en 2012. Quant à l’opposition, tout en reconnaissant sa défaite, elle a enfourché son cheval de bataille favori : le péril dictatorial. Le problème est tout autre. Dans un moment où le processus peine, où la crise financière se fait sentir, Chavez se devait de remobiliser son camp. Et, dans un pays où le culte du leader reste très important (héritage de Bolivar oblige), la meilleure façon pour lui était encore de donner un enjeu personnel à cette consultation. C’est donc ce qu’il s’est employé à faire tout au long de la campagne. Les Vénézuéliens ont d’ailleurs parfaitement compris le message, en se rendant massivement aux urnes (plus de 67% de participation).
Si cette consultation est apparue, au fur et à mesure de la campagne, de plus en plus comme un plébiscite de la politique de Chavez et du processus bolivarien, se pose aujourd’hui la question de l’évolution politique de ce processus. Si on ne peut que se réjouir de voir confirmée la pérennité d’un processus révolutionnaire par la voie démocratique, l’enjeu réside aujourd’hui dans son approfondissement. De nombreuses questions restent posées, quant à son avenir et à ses capacités à résoudre les problèmes de vie quotidienne des Vénézuéliens. Le processus a réussi à éduquer son peuple, à améliorer considérablement sa santé, hissant le Venezuela parmi les pays d’Amérique latine les plus développés, avec un coefficient de Gini1 de 0,42 (contre 0,36 pour la France). Si résoudre les questions de santé et d’éducation est fondamental, il s’agit bien ici de faire faire au processus un saut qualitatif. Résoudre des enjeux essentiels quant à la participation populaire, au contrôle des travailleurs, à la lutte contre la corruption.
La victoire de Chavez ne doit pas cacher un danger important. Pour la première fois depuis dix ans, l’opposition a augmenté son nombre de votes de manière considérable. Alors que, jusqu’ici, elle stagnait aux alentours de 4 millions de votes, elle a obtenu hier soir 5040082 voix (45,63%). Tout le travail de Chavez et de son gouvernement consiste donc, non pas à se reposer sur cette victoire, mais bien à écouter la revendication populaire. Tâche qui s’annonce des plus ardues, dans un contexte de crise économique internationale, avec un baril du pétrole à moins de 40 dollars. Il y a fort à parier que, d’ici 2012, date de la fin du mandat actuel de Chavez, le processus ait évolué de manière à clarifier (en bien ou en mal) une situation qui reste confuse.
De Caracas, Fernando Esteban.