Le FPLP ne présente pas de candidat à l’élection du 9 janvier. Pourquoi ?
A. Saadate - Nous ne présentons pas de candidat d’abord parce que nous refusons de cautionner l’Autorité palestinienne issue des accords d’Oslo. Il est déjà inacceptable de participer à des élections sous l’occupation mais, de plus, ces élections auraient dû être globales, avec le renouvellement de toutes les institutions de l’Autorité palestinienne, le Conseil législatif palestinien, les municipalités. La séparation dans le temps des élections présidentielle et législatives nous fait douter qu’il s’agisse d’un pas vers la démocratie. Ces élections devraient être aussi un moyen de lutter contre l’occupation, un mécanisme pour le droit à l’autodétermination. Israël et les États-Unis prétendent nous imposer un changement démocratique qui correspond à leurs besoins et nous refusent le droit à l’autodétermination. Nous avons néanmoins essayé d’initier une candidature commune de la gauche. Nous avons eu des rencontres avec d’autres groupes, avec le Parti du peuple palestinien (PPP, ex-Parti communiste), avec le Front démocratique de libération du peuple (FDLP), etc. Nous avons entrepris des discussions autour d’un programme. Nous voulions un programme qui soit réellement de gauche. Nous avions des divergences avec le FDLP, qui inclut la " feuille de route " dans son programme, et le PPP qui accepte les principes de " l’initiative arabe " sur le droit au retour des réfugiés (une conception qui détruit le principe même du droit au retour puisqu’elle introduit des quotas, et qu’elle donne à Israël le pouvoir d’accepter ou non le retour des réfugiés). Nous avons tout de même poursuivi les discussions. Et puis, nous avons eu la désagréable surprise d’apprendre que le PP et le FDLP avaient déjà désigné leurs candidats : Bassam Sahali pour le PP et Tayser Khaled pour le FDLP.
Le FPLP a décidé de soutenir la candidature de Mustafa Barghouti, de l’Initiative nationale palestinienne...
A. Saadate - Nous aurions préféré une candidature nettement anticapitaliste et Mustafa Barghouti n’est pas un marxiste. Mais il a été clair et honnête avec nous, il a accepté les points essentiels de notre programme, comme le droit au retour et le soutien à la résistance du peuple palestinien sous toutes ses formes. Mustafa Barghouti est un symbole, en tant que président de la plus grande ONG médicale palestinienne. Ses positions n’ont peut-être pas toujours été très claires, notre rôle est de l’aider à évoluer. Si nous n’y arrivons pas, nous n’avons rien à perdre. Nous avons nos propres positions politiques, notre propre programme.
Si Marwan Barghouti s’était finalement présenté, auriez-vous soutenu sa candidature ? A. Saadate - Marwan Barghouti est un dirigeant du Fatah. Il a été formé par le Fatah et se pliera toujours à la ligne du parti. Bien sûr, nous faisons la distinction entre Abou Mazen et lui, mais au bout du compte, ils représentent la même idéologie, le même programme au service de la bourgeoisie palestinienne.
Pensez-vous que la solution des deux États est viable ?
A. Saadate - La solution des deux États est un point de départ qui créera le climat nécessaire à une solution pacifique. Bien sûr, la lutte pour un seul État, démocratique, sans aucune forme de discrimination ethnique ou religieuse, ne doit jamais cesser, car c’est la seule solution possible pour résoudre les problèmes, celui des Palestiniens de 1948 et celui du droit au retour. Dans ce combat, nous avons besoin de la solidarité internationale et de l’unité de ceux qui se battent à nos côtés. En tant que Palestiniens et que FPLP, nous sommes fiers de toutes ces actions de solidarité avec le peuple palestinien.
Propos recueillis à Jéricho par Mireille Terrin et Chris de Hond