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Sarkozy ou la démagogie sans rivages d’un défenseur du capitalisme

mardi 11 novembre 2008, par Bernard Rioux

À l’Assemblée nationale du Québec, Sarkozy s’est présenté comme un humaniste… Il s’est présenté comme un refondateur du système capitaliste. Il a même affirmé que le capitalisme actuel n’est pas respectueux de l’être humain.

Ce qu’il oublie cependant de rappeler c’est que le capitalisme n’a pas été plus respectueux des besoins sociaux, de l’environnement hier qu’aujourd’hui. Ce qu’il essaie de faire oublier, c’est que la crise financière n’est pas le seul produit de spéculateurs véreux. Car, en fait, ces derniers sont eux-mêmes les produits d’un système tel qu’il fonctionne maintenant et tel qu’il a fonctionné dans le passé. Ce n’est pas pour le bien de l’humanité que Sarkozy se pose en refondateur. Il avoue qu’il veut protéger un système qui vacille sur ses bases. « Car la plus grande erreur, ajoute-t-il dans son discours de Québec, serait de voir dans cette crise financière qu’une parenthèse et croire que tout pourra recommencer comme avant … On ne peut pas continuer avec les institutions et les organisations du siècle précédent… » Mais, il se refuse à identifier les responsables On comprend pourquoi. Il est du nombre.

Une distinction trompeuse : distinguer le « bon capitalisme productif » du « mauvais capitalisme financier »

La finance n’est pas une excroissance, qu’il suffirait d’éliminer ou de « réguler » pour revenir à un fonctionnement « normal » du capitalisme. Il n’y a pas un capitalisme des entrepreneurs s’opposant à un capitalisme des spéculateurs. Le capitalisme contemporain est un « pur capitalisme » en ce sens que la finance n’est pas une distorsion mais le moyen pour qu’il fonctionne pleinement selon ses propres critères. L’essence du capitalisme est toujours la recherche d’un profit maximum qui passe par l’exploitation des travailleurs et des travailleuses. Le capitalisme a toujours préféré ne pas répondre aux besoins sociaux car ces derniers sont insuffisamment rentables plutôt que de risquer de voir baisser les taux de profit. Cette recherche forcenée de profits juteux est directement responsable de la détérioration de l’environnement, du recul de l’agriculture vivrière, du développement de la famine chez des secteurs importants de la population mondiale. Le capitalisme du XXIe est une marche forcée vers la barbarie où l’avenir de l’humanité sera de plus en plus précaire. Et c’est se système que Sarkozy prétend moraliser et relégitimer.

A l’heure où la responsabilité du capitalisme dans la destruction de la nature, dans la crise alimentaire, dans l’exploitation éhontée du travail des enfants, dans les guerres pour le pétrole, parler de réguler le capitalisme, c’est une tromperie. Le capitalisme, c’est le maintien d’un système qui protège le pouvoir exorbitant et incontrôlé d’une poignée de possédants sur la société tout entière. Les représentants politiques de ces possédants offrent des milliards aux responsables de la crise financière mais ils ne trouvent pas de crédits pour lutter contre la faim ou pour en finir avec la destruction du climat. Il faut construire un nouveau modèle de société qui vise la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux par une production à la hauteur du raisonnable planifiée démocratiquement par la majorité de la population.

L’activisme de Nicolas Sarkozy, une illustration de la panique qui a saisi les cercles dirigeants du monde capitaliste

Les plans de sauvetage du système est une immense bouée de secours lancée au capitalisme globalisé au frais de la société. Mais ces centaines de milliards sont finalement peu de chose face aux milliers de milliards de créances douteuses que ne veulent plus s’échanger les banques. Le capitalisme moral est une fumisterie particulièrement avec Nicolas Sarkozy dont les politiques ont stigmatisé les chômeurs et les chômeuses, ont favorisé le développement de la précarité du travail, se sont attaquées aux retraites des personnes âgées, ont privatisé les sociétés d’État, ont offert des cadeaux fiscaux aux riches, ont introduit les frais pour les malades… (Voir Liëm Hoang-Ngoc, Sarkonomics, Grasset, 2008)

Il ne s’agit pas de refonder mais de rompre avec le capitalisme

La question décisive des semaines et des mois qui viennent est la capacité du monde du travail à se mobiliser autour de ses propres perspectives, non seulement pour ne pas subir de nouvelles dégradations des conditions de vie, mais également pour tracer des perspectives de rupture. Aujourd’hui encore plus qu’hier, défendre les intérêts de la majorité de la population, implique d’offrir une alternative globale au système capitaliste. En commençant, très concrètement, par tout ce qui permet de défendre l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics, l’égalité de genre et le droit de vivre ensemble en paix dans un environnement sain…