Tiré de PTAG
mardi 30 mars 2010, par Marie Josèphe Pigeon
Lancée le 2 février, la campagne a été réalisée en deux volets : d’abord le site internet, qui comportait une contre-consultation pré-budgétaire soit un questionnaire en ligne sur les priorités des QuébécoisES (« Je m’exprime »), de l’information pertinente sous forme de mémoires et vidéoclips expliquant la crise, la distribution équitable de la richesse et l’importance des services publics (« Je m’informe »), ainsi que des appels à la mobilisation (« J’agis »).
Le 23 mars dernier, Québec solidaire dressait le bilan de sa campagne pré-budgétaire « www.couragepolitique.org ».
Rappel :
Le deuxième volet comptait sur la mobilisation des membres à travers la tournée québécoise de la présidente Françoise David, accompagnée de la distribution de tracts sous forme de cartes postales qui informaient la population des mesures proposées par le parti de gauche québécois. Sous les thèmes « C’est à leur tour de se serrer la ceinture ! » et « par ici les alternatives ! », les tracts représentaient sur une face le témoignage des citoyenNEs ordinaires qui en arrachent depuis que le gouvernement coupe les services et hausse les tarifs : Nicole et sa mère en CHSLD, Raymond infirmier, Maria, caissière. Toutes terminent avec cette exclamation : « Quel manque de courage politique ! ». Au verso de ces tracts, sont présentées les mesures que suggère Québec solidaire au gouvernement pour financer des services publics et résorber la crise : aller chercher l’argent là où il se trouve, dans la poche des très riches particuliers, des banques – pointées du doigt comme responsables de cette crise financière - et des grandes entreprises, notamment les multinationales qui épuisent nos ressources naturelles et profitent injustement de subventions alors qu’elles font justement des profits. Le personnage qui les représentait était vu de dos. Une autre « carte postale », celle de Suzanne, comportait une invitation à adhérer au seul parti qui présente des alternatives : Québec solidaire.
Faits saillants de la mobilisation :
Dès le 2 février, jour du lancement de la campagne à Montréal, des équipes furent mobilisées dans toutes les régions du Québec. Sans pouvoir rendre justice à toutes les actions, voici quelques faits saillants :
Le 26 février, l’Association régionale de Montréal organisait une « journée courage politique ». Cette action comportait deux volets : d’abord un événement médiatique en face de l’UQÀM, aux lendemains de la sortie du fameux pacte pour le financement des universités, avec Françoise David, François Saillant et Manon Massé, entouréEs de 12 militantEs qui ont distribué près de 1200 tracts en une heure trente minutes (voir photo). De 7 heures du matin à 7 heures du soir, dix associations locales petites et grandes (Viau, Saint-Henri-Saint-Anne, Hochelaga-Maisonneuve, Laurier-Dorion, Outremont, Rosemont, Sainte-Marie-Saint-Jacques, Verdun, Gouin, Mercier) en plus du Comité exécutif de Montréal et du personnel de la permanence, ont distribué environ 5 000 tracts aux sorties de 23 métros (Snowdon, Outremont, Fabre, Saint-Michel, Sauvé, Crémazie, Jarry, Beaubien, Rosemont, Laurier, Mont-Royal, Sherbrooke, Berri-UQÀM, LaSalle, Verdun, Lionel-Groulx, Beaudry, Papineau, Frontenac, Préfontaine, Joliette, Pie-IX et Viau). Après quelques centaines de tracts, les équipes en sont venues à les surnommer affectueusement : des Maria (très populaire), des Nicole, des Suzanne, des Raymond (qui trouvait moins de preneurs).
Le 20 mars à Montréal, Québec solidaire fermait la marche du Front commun (75 000 personnes) avec la bannière de www.couragepolitique.org. Pour l’occasion, le parti avait préparé un tract spécifique reprenant le concept de la « carte postale » pour le verso (les mesures proposées par Québec solidaire), mettant en vedette cette fois Cécilia (Maria) infirmière et soulignant l’appui du parti au Front commun en spécifiant quelques-unes des revendications syndicales. Plus de 50 membres ont participé à l’événement et distribué près de 10 000 tracts.
Trois-Rivières a produit une publicité télévisuelle :
À Québec avait lieu une série de conférences à l’Université Laval sur des sujets reliés à la campagne. C’est aussi à Québec qu’a été soulignée la clôture de la campagne.
La tournée du Québec de Françoise David se poursuit jusqu’au 10 avril.
Résultats du questionnaire : Le 23 mars, Québec solidaire dévoilait les grandes lignes des réponses à la contre-consultation pré-budgétaire. Des 786 personnes y ayant répondu en date du 22 mars, le communiqué retient que :
97% sont d’accord avec la perception des redevances des minières qu’elles doivent au gouvernement depuis 2003 ;
95% considèrent que les services publics doivent demeurer universels ;
94% trouvent légitime une taxe sur le capital des entreprises financières ;
92% préfèrent un système fiscal progressif, prélevant des impôts en fonction des revenus, à une hausse des taxes qui constitue une mesure régressive ;
91% sont d’accord avec la diminution des subventions aux grandes entreprises ;
89% adhèrent à un nouveau palier d’imposition (qui ne toucherait pourtant que 3% des contribuables).
En ce qui concerne des mesures sur le long terme, on constate que les répondants sont plus verts que solidaires :
92% appuieraient la nationalisation de l’énergie éolienne ;
88% seraient favorables à un meilleur soutien des organismes communautaires et l’économie sociale ;
84% seraient d’accord pour l’augmentation du salaire minimum et des prestations de l’aide sociale – un engagement de Québec solidaire lors des 2 dernières élections générales ;
Il faut dire que la distinction entre ce que sont les organismes communautaires, régis par les principes de l’action communautaire autonome, et ce que le gouvernement en fait depuis plusieurs années, est mal comprise et rarement expliquée. L’économie sociale (et solidaire on l’a oublié celle-là) est aussi une forme d’alternatives qui souffre désormais d’une orientation réformiste de l’économie. Déclarer que Québec solidaire appuie ces mouvements est insuffisant. Il faut clairement faire valoir que cet appui leur permettrait de retrouver leurs fonctions sociales (prise en charge collective par la base du bien collectif) à l’origine de leur existence. De même, l’augmentation du salaire minimum doit être associée de mesures d’aide aux PME, comme le prévoit l’engagement électoral, et les catégories de personnes assistées sociales sont encore confondues dans bien des esprits à la « méritocratie » : il ne faut tout de même pas encourager la paresse de ceux et celles qui sont jugéEs aptes au travail ! Le premier geste réclamé par les organismes de défense des droits est d’ailleurs l’abolition de ces catégories.
Le 29 mars, Québec solidaire publiait les résultats détaillés du questionnaire.
Sur l’origine de la crise, 76% des répondantEs identifient la spéculation (phénomène global et systémique) alors qu’un autre 76% y voient l’avidité des actionnaires et des courtiers (pratiques individuelles de groupes agents du système) ; 19% des répondantEs souscrivent quand même au discours de Pierre Karl Péladeau et compagnie : la crise résulte de conventions collectives trop rigides.
Sur les priorités, la cause est entendue : l’éducation (92%), la santé et les services sociaux (91%), la CCST (88%), la Régie des rentes (87%), le transport (y compris les infrastructures – 87%), l’environnement (85%) sont jugés prioritaires - alors que les communications (institutions garantes de notre souveraineté – 68%), les loisirs et les sports (c’est-à-dire l’accès à – 64%), l’économie (dont les institutions responsables de la redistribution de la richesse – 63%) et la sécurité publique (61%) sont au bas de l’échelle.
Les opinions sont plus partagées quant à l’objectif du déficit 0 (50% le repousserait alors que 25% le maintiendrait pour 2013-2014 comme le gouvernement Libéral le prévoit probablement), ainsi que pour les solutions à court et à long terme pour sortir de la crise : 45% sont d’accord pour reporter le versement au Fonds des générations (22% sont en désaccord) et 30% sont d’accord que le gouvernement doit investir dans les infrastructures comme le béton (47% sont en désaccord).
Sur les services publics et le soutien des travailleurs et travailleuses, là aussi des nuances importantes : 90% sont d’accord pour investir dans les services publics et 88% ne sont pas d’accord pour diminuer le salaire des employéEs de la fonction publique ; cependant, 25% des répondantEs sont d’accord pour diminuer la taille de la fonction publique et 29% sont défavorables à une augmentation de leur salaire – alors que Québec solidaire appuie les revendications du Front commun syndical.
Beaucoup plus d’hommes (64%) que de femmes ont répondu au questionnaire. Les 45-54 ans forment la majorité des répondantEs (24%) suivie de près par la catégorie des 25-34 ans (23%). Les régions de provenance des réponses nous sont inconnues mais il semble y avoir une majorité urbaine car seulement 73% considèrent les assurances collectives dans le domaine agricole comme prioritaires.
Cette partie de la campagne a donc atteint ses objectifs : si la plupart des répondantEs sont des membres ou des sympathisantEs de Québec solidaire, une portion significative connaît moins les positions du parti, voire souscrit au discours néo-libéral. Les réponses de près de 800 QuébécoisES aident aussi la prise de position des porte-paroles quant au budget dévoilé le 30 mars, aujourd’hui.
Le questionnaire est en ligne encore quelques jours.