mardi 8 juin 2010, par Québec solidaire
Québec solidaire juge que le plan annoncé hier par le gouvernement Charest relève davantage d’une opération de relations publiques que d’un réel plan de lutte à la pauvreté et critique l’attitude du ministre Hamad envers les groupes représentant les personnes en situation de pauvreté.
Communiqué du 7 juin 2010
Selon Françoise David, présidente de Québec solidaire, le document présenté avec un an de retard contient bien peu de nouveautés ; on y voit plutôt une compilation de mesures déjà connues. « Le ministre Hamad fait la démonstration que la lutte à la pauvreté ne figure pas parmi les priorités gouvernementales, explique-t-elle. Les cibles contenues dans la loi anti pauvreté ont été reléguées aux oubliettes en prétextant la crise des finances publiques. »
Le béton avant les personnes
Sur les 7 milliards $ de mesures contenues dans ce plan, moins de 1 milliard $ sur 5 ans constituent de nouvelles annonces. Ces 200 millions par année représentent bien peu en comparaison des sommes colossales qui seront dépensées pour les infrastructures d’ici 10 ans. « Il est clair qu’avec des mesures si timides, dont la moitié est un crédit d’impôt bonifié pour les personnes à faible revenu, le ministre Hamad rate la cible. Les personnes seules à l’aide sociale continueront de survivre avec un revenu mensuel tout à fait indécent. »
Les priorités d’action étaient pourtant claires. Le 14 mai 2009. le Collectif pour un Québec sans pauvreté a déposé une pétition de 100 000 signatures pour exiger une amélioration des revenus des plus pauvres, notamment à l’Aide sociale, le maintien de la qualité et de l’accessibilité des services publics et l’augmentation du salaire minimum au seuil de faible revenu. Le dernier budget du gouvernement va exactement dans le sens contraire en planifiant la dégradation des services publics et en augmentant les tarifs et les taxes des plus pauvres et de la classe moyenne.
Le Québec mobilisé contre la pauvreté ?
Selon Françoise David, « l’attitude du ministre Hamad le place en rupture avec le milieu. Après des consultations nationales et régionales controversées sur le plan d’action, il ose intituler celui-ci : Le Québec mobilisé contre la pauvreté. Nous déplorons que le ministre ait choisi de dévoiler son document en l’absence des représentants des personnes en situation de pauvreté. Pire il a choisi de refuser l’entrée de sa conférence de presse aux acteurs les plus mobilisés au Québec, qui ont fait de la lutte à la pauvreté un enjeu politique, notamment le Collectif pour un Québec sans pauvreté et le Front commun des personnes assistées sociales. »
La fausse impasse des finances publiques
Pour justifier la faiblesse des demi-mesures annoncées, le ministre prétexte la crise des finances publiques qui restreindrait sa marge de manœuvre. Depuis des mois, Québec solidaire et une foule d’acteurs sociaux proposent au gouvernement Charest des alternatives budgétaires qui permettraient de renflouer les coffres de l’État, notamment en ajoutant un palier d’imposition pour les plus fortunés, en augmentant les redevances sur les ressources naturelles et en faisant le ménage dans l’octroi de contrats publics controversés où règnent la collusion et le favoritisme.
« Aujourd’hui, c’est la lutte à la pauvreté qui fait les frais d’un manque de courage politique et de vision », selon Mme David.