Tiré de PTAG
mardi 26 janvier 2010, par Pascale Rioux-Oliver
Votre lettre publiée dans le Journal de Québec a déjà fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers jours, mais elle est d’une telle hypocrisie que je me permets d’en faire couler encore un peu plus.
Il y a un passage dans votre lettre que j’aime tout particulièrement. Vous écrivez :
(…)nous nous devons de poser la véritable question du déséquilibre des forces que toutes les législations des dernières décennies ont créé entre employeurs et syndicats, lequel a eu et a plus que jamais comme conséquence de défavoriser les entreprises québécoises (…)
Vous mentionnez dans ce passage qu’il existe un déséquilibre des forces en présence, eh bien je me dois de vous donner raison ! Là où un petit doute s’installe chez moi, c’est lorsque vous mentionnez que c’est les entreprises qui sont défavorisées par ce déséquilibre.
Prenons deux petites secondes ensemble si vous le voulez bien, Monsieur Péladeau, pour évaluer avec justesse qui des entreprises ou des travailleurs sont défavorisés comme vous le dites si bien par ce déséquilibre des forces.
Quand, par exemple, malgré des avantages fiscaux importants, une entreprise ne garantit rien au peuple qui la finance et décide brusquement de fermer boutique licenciant du même coup des centaines de travailleurs pour glonfer ses profits déjà substantiels. (Tout mon soutien aux travailleurs et travailleuses de Shell !)
Qui dans ce cas, Monsieur Péladeau, semble défavorisé par le déséquilibre des forces ?
Quand une entreprise déjà plus que rentable met ses employés à la rue filiale après filiale jusqu’à ce que ces derniers cèdent aux demandes patronales. Quand cette entreprise effectue 14 lock-out en 15 ans dans le but avéré de diminuer les conditions de travail de ses employé-e-s, ceux là même qui ont rendu possible l’édification de l’empire
Qui dans ce cas profite de la balance du pouvoir, M. Péladeau ???
Quand la quasi-totalité de tous les médias appartiennent à une seule et même personne et que ce dernier tente d’utiliser le même matériel encore et encore sur toutes les différentes plates-formes inimaginables sans regard au droit d’auteur et au travail des artisans.
Qui alors est défavorisé par le déséquilibre des forces ?
Soyons francs une petite minute. S’il y a bien un entrepreneur au Québec qui ne peut pas prétendre être désavantagé par un quelconque déséquilibre de pouvoir, c’est bien vous ! Déséquilibre il y a, mais il vous est bénéfique, mais ça, vous le savez très bien.
Quand on vous entend remettre en question la formule Rand, on comprend assez aisément que tout ce que vous voulez c’est la disparition progressive des syndicats. Voilà qui rétablirait le déséquilibre des forces d’une manière un peu plus efficace !
Nous ne sommes pas dupes, Monsieur Péladeau. Il y a longtemps que nous avons compris que le slogan de Vidéotron "le pouvoir infini" ne fait pas simplement référence au pouvoir du câble. Il n’est pas nécessaire d’être un psychologue de renom pour percevoir en vous les traits caractéristiques d’un mégalomane en force. Le pouvoir infini de Pierre-Karl Péladeau voilà ce qui devrait s’afficher sur nos écrans.
Malheureusement, pour vous, monsieur Péladeau je crains que vous n’en ayez pas fini avec le mouvement syndical au Québec. Dimanche dernier, j’assistais au spectacle de soutien au lock-outés du Journal de Montréal et je veux vous dire que la solidarité syndicale est encore loin de la tombe ! Et comme le mentionnait le président du STIJM lors de cette belle soirée, peut-être sont-ils les victimes de vos méthodes, mais, ils sont des victimes qui se tiennent debout et qui se tiendront debout !
J’espère sincèrement que vous aurez l’intelligence et la décence de retourner à la table de négociation avant que vous soyez obligé de biffer le mot journal du titre de votre quotidien.
Je terminerai cette lettre en vous disant que j’offre tout mon appui et mon soutien au syndiqué du STIJM et à leur famille ainsi qu’à tous les travailleur-euse-s que vous mettrez à la rue ou qui sortiront dans les rues dans les années à venir.
Sincèrement,
Pascale Rioux-Oliver
PS : Allez voir la vidéo. Un an debout !