Ceux qui reviennent de Cisjordanie et de la Bande de Gaza sont unanimes à dire que la guerre civile - si elle doit avoir lieu - n’opposera pas le Fatah aux autres factions de la résistance islamique comme le Hamas et le Jihad islamique, mais elle se déroulera entre les différents courants du parti au pouvoir, le Fatah, tant les disputes entre ses différentes tendances ont atteint, ces derniers jours, à un degré insupportable.
Le mouvement est vieillissant et faible. Il existe une corruption, des luttes internes et un énorme fossé entre un leadership décrépi et des jeunes bases pleines de vie. L’annonce faite hier par M. Nayef Abou Sharkh, le chef des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, que lui et ses camardes étudient la possibilité de faire scission du mouvement mère était attendue depuis longtemps. Les Brigades représentent la jeune génération révolutionnaire du mouvement restée fidèle à son cheminement et à ses bases nationales.
Ce sont les Brigades - exécutant plusieurs opérations courageuses contre des cibles militaires et coloniales israéliennes durant ces quatre dernières années - qui ont conservé le nom du Fatah, son prolongement dans les milieux palestiniens et son historique de résistance. Et c’est cet historique qui a été sali par une bande d’opportunistes venant de Tunis. Ils se sont accaparés l’argent public, nagé dans une mer de corruption et de médisance et transformé la police palestinienne en des bandes mafieuses.
Il n’était donc pas surprenant que M. Abou Sharkh décrire la décadence de ces derniers jours en disant ressentir de la honte et du dégoût d’appartenir à un mouvement dirigé par des profiteurs !
Il est certain que l’initiative égyptienne, acceptée par le leadership du mouvement, de désarmer les mouvements de la résistance dont les Brigades des martyrs d’Al Aqsa et de transformer la Bande de Gaza en une grande prison ouverte dans laquelle les forces de sécurité empêcheront fermement toute opération contre Israël conduira à plus de divisions et aboutira à des disputes inter-palestiniennes qui pourront se transformer en de sanglantes confrontations.
Quand M. Abou Sharkh déclare que les Brigades ne respecteront aucune trêve et qu’elles refusent l’initiative égyptienne, ceci signifie concrètement qu’elles sont prêtes à une confrontation contre l’Autorité et ses forces de sécurité. Les membres des brigades des martyrs d’Al-Aqsa ont montré une grande solidité dans le combat. Il ne sera pas facile de les maîtriser selon les plans de l’Autorité ou encore selon les termes de l’initiative égyptienne.
La situation en Cisjordanie et dans le Bande de Gaza pourrait devenir encore plus compliquée et la carte des alliances pourrait être radicalement changée. Il ne serait pas surprenant qu’il y ait des fusions entre les Brigades et le mouvement Hamas ou le Jihad islamique. Il ne serait pas non plus exagéré d’imaginer que ces trois groupes pourraient constituer un large front de résistance qui serait rejoint par d’autres petites formations comme les comités populaires. Ceci se fera sur la base de la confrontation contre l’initiative égyptienne mais aussi contre le leadership de l’Autorité actuelle.
La position du président Arafat sera probablement déterminante. Son acceptation concrète - et pas seulement verbale - de l’initiative égyptienne sera un signe important qui conduira peut-être à la scission des Brigades. Son refus de l’initiative pourrait également signifier son divorce d’avec les impuissants du Comité central et les chefs policiers corrompus.
Traduit par : Taïeb Moalla, Coalition Québec/Palestine, tmoalla@yahoo.com