La situation internationale.
Sur le plan international, on constate que les États-Unis cherchent à étendre leur hégémonie, principalement sur les plans économiques et militaires. Au Sud on vit une crise financière et environnementale. Cette crise, dans les pays en voie de développement, est due aux mesures préconisées par le FMI et la Banque Mondiale. Par contre, on assiste à une synergie grandissante entre les mouvements sociaux de toute la planète, on s’organise, on ne désarme pas.
a) Le capitalisme financier : FMI, Banque Mondiale, OMC, OCDE - ZLEA et ALENA
Grâce à sa mainmise sur les institutions financières internationales (FMI et Banque Mondiale) le gouvernement des États-Unis impose ses intérêts économiques à la planète entière. En fait, il exige des pays en voie de développement d’appliquer des politiques favorisant les entreprises multinationales et les marchés spéculatifs au détriment des populations locales. Le règlement de dettes contractées auprès des institutions financières occidentales constitue souvent la principale obligation des gouvernements de ces pays. Ils ne peuvent y ardver qu’avec "l’aide" du FMI. Cependant cette aide est conditionnelle à l’application de mesures ultra-libérales appelées programmes d’ajustement structurel (PAS).
Au cours des dernières années les pays encadrés par le FMI et qui ont mis en application l’idéologie néolibérale en déréglementant et en privatisant leur économie sont aujourd’hui au bord de la faillite. L’Argentine est l’exemple le plus frappant de l’incapacité du marché, laissé à lui-même, de s’auto-réguler et de redistribuer la richesse de manière juste et équitable. Au contraire la classe moyenne n’existe plus, elle connaît aujourd’hui la pauvreté. L’échec retentissant de l’économie argentine risque aujourd’hui de s’étendre à toute la région et en particulier au Brésil et à l’Uruguay. Les idéologues du FMI prétendent que la responsabilité de cet état de fait revient aux gouvernements qui "bénéficient" de son aide. Ceux-ci n’ayant pas appliqués intégralement leurs recettes économiques ! ! !
Malgré ’ les ratés les États-Unis et leurs alliés politiques des Amériques continuent de promouvoir un affaiblissement du rôle de l’État dans l’économie, dans les services publics et les programmes sociaux. Les accords de libre-échange continentaux (ALÉNA, ZLEA) et internationaux (AMI), cherchent à faire de l’effacement de l’État la base des échanges commerciaux internationaux. Si seulement ces traités étaient respectés par toutes les parties. Pourtant, les multinationales et les gouvernements occidentaux, que ces accords favorisent, usent de toutes sortes de ruses pour freiner les produits du Sud : barrières tarifaires ou subventions tels le Farm Bill US et le dossier de l’acier asiatique. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) continue à faire la promotion du libre-marché sans aucunes contraintes, qui permettrait, entre autres, l’appropriation des ressources naturelles par la sphère privée.
La liste des pays floués par de telles pratiques continue de s’allonger (Indonésie, Thaïlande, Corée, Russie, Brésil et Argentine), six échecs en six ans mais le FMI tient bon. Sûr qu’il est de la véracité de ses théories, où la main invisible du marché est main de Dieu, come d’abondance. Pourtant, les seuls dans ces pays qui s’enrichissent en vienne souvent à fuir en Occident.
b) Imputabilité zéro : Rejet de la Cour Pénale internationale (CPI)
Les États-Unis ont refusé de reconnaître la juridiction de la CPI sur ses ressortissants. Ce tribunal, fondé en vertu du traité de Rome, a compétence pour juger les crimes de guerre ou contre l’humanité. On peut s’interroger sur les raisons qui poussent le champion auto-proclamé des droits de l’homme et de la démocratie à fuir le jugement du concert des Nations. Comme le soulignait Nelson Mandela, en marge du sommet de Johannesbourg, le gouvernement des États-Unis s’isole de plus en plus du reste de la planète en cherchant aveuglément à accroître son hégémonie.
c) Profit court terme :Sommet de Johannesbourgl Rejet du protocole de Kyoto
Le Sommet de la terre de Johannesbourg vient de se terminer. On y a entendu plusieurs voeux pieux. Notre premier ministre y a soigné son image, mais la planète continue à souff rir. Par leurs actions les instruments de l’Occident, c’està-dire la Banque Mondiale (BM) et le FMI, ont contribué à un désastre environnemental toujours croissant partout sur la planète. Voici quelques faits rapportés par un organisme de recherche basé à Halifax et qui a étudié les agissements de la BM à travers la loupe de ses engagements pris lors du Sommet de Rio en 1992 : Agenda 21.
Sur le plan environnemental, la BM a continué de financer des activités dommageables pour l’environnement et contraires aux principes du développement durable tout au long de la dernière décennie, parfois en dépit de ses propres politiques officielles. Plus précisément, entre le milieu de 1992 et juin 2002, la Banque mondiale a financé 226 projets d’exploitation de pétrole, de gaz ou de charbon, pour un total de 22 milliards US en prêts, contre 1 milliard seulement pour financer 35 projets d’efficacité énergétique ou d’énergie éolienne ou solaire. Ces prêts pour l’extraction de carburants fossiles ont largement profité aux multinationales du secteur, précise le rapport. Dans neuf cas sur 10, les prêts sont allés à des sociétés comme Chevron-Texaco, Enron, Exxon-Mobil, Général Electric et d’autres. Cette pratique s’est poursuivie même si, plus souvent qu’autrement, l’expérience démontre que ces projets enrichissent surtout les élites locales qui réinvestissent rarement les profits du pétrole pour alléger la pauvreté.
Sur d’autres plans, le dossier de la Banque n’est guère plus reluisant, affirme le rapport. Elle a continué de financer des pratiques agricoles essentiellement basées sur l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques dans les pays pauvres, en vue de produire des denrées pour l’exportation. Pourtant, les engagements de Rio préconisait le financement de pratiques agricoles biologiques. En outre, affirme le rapport, le financement par la Banque mondiale de l’agriculture chimique a ouvert de nouveaux marchés aux pesticides jugés trop dangereux dans les pays riches.
Dans le domaine de l’eau potable, la Banque mondiale s’est démarquée en 1993, un an après le Sommet de la Terre, en proposant de considérer l’eau comme un "bien économique". En Afrique, la Banque a cessé de prêter de l’argent pour les projets publics d’aqueducs qui n’impliquent pas de partenaire du secteur privé.
En Indonésie, la Banque et le Fonds monétaire international ont forcé le gouvernement à libéraliser le secteur des plantations de palmiers, accélérant la déforestation. Les programmes de la Banque ont eu des effets similaires au Cameroun et au Brésil, selon les conclusions d’une vérification interne.
d) Les croisés : Axe du Mail Irakl Palestinel Vénézuela
L’attitude de l’administration Bush depuis le 11 septembre est purement revancharde et belliqueuse. Les médias des États-Unis s’apprêtent à exploiter la souffrance des victimes du WTC afin de nourrir la ferveur patriotique du peuple. Le tout servant à mousser le lancement d’une campagne de guerres préventives qui s’arrêterait d’abord en Irak. Les États-Unis sont pourtant les seuls au monde à sentir une telle menace venant du pays de Saddam Hussein. Seuls les fidèles Britanniques partagent leurs visions.
Les Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Condoleeza Rice sont peu soucieux d’admettre le véritable fondement de la haine qui vise leur pays, c’est-à-dire une politique étrangère sourde et aveugle devant les souffrances qu’elle engendre. En fait, il cherche à justifier ses interventions, qui visent à accroître son influence géostratégique et par le fait même trouver de nouveaux territoires pour ces multinationales à la recherche de croissance perpétuelle. Le " champion " de la démocratie continue d’appuyer sans retenue les actions du gouvernement d’Ariel Sharon. Il réclame la mise à l’écart de Yasser Arafat pourtant élu de façon plus démocratique que les leaders de la Jordanie, de l’Arabie Saoudite, du Koweït et tant d’autres. Il se réjouissait déjà du renversement d’Hugo Chavez, un autre président formellement élu, et ce, avec une majorité plus claire que celle du Président Bush.
e)Le libéralisme remis en question : Enron, Andersen, Woridcom, Nortel, Adelphia
Depuis l’entrée en scène de Ronald Reagan aux États-Unis le merveilleux monde des affaires et de la finance tenait le haut du pavé. Encore aujourd’hui plusieurs acteurs sur la scène politique ne croient qu’en l’intervention salvatrice de l’entreprise privée. Pourtant de multiples scandales ont frappés les grands noms du monde des affaires, principalement aux États-Unis. Les grands médias de ce pays ont mis en évidence des cas de citoyens qui se trouvaient soudainement floués après avoir investi massivement en Bourse pour assurer leur retraite. Il s’agit désormais non pas seulement d’une crise du monde des affaires mais plutôt d’une crise de confiance dans la formule capitaliste.
D’après l’idéologie libérale, la croissance apporterait le bonheur. Pourtant depuis vingt ans, la richesse du monde a quasiment doublé selon les instruments comme le PIB, le bonheur et la richesse de la majorité de sa population, non. De plus en plus de gens remettent en question la consommation comme finalité de notre vie. Au Québec, la popularité d’un livre comme la simplicité volontaire de Serge Mongeau démontre à quel point de nouveaux repères sont de plus en plus nécessaires.
f) Les mouvements sociaux construisent un réseau de solidarité
L’initiative du Forum social mondial (FSM) est l’élément majeur depuis les mobilisations de Seattle. Les mobilisations à travers le monde contre la mondialisation des marchés et le mouvement international de la Marche des femmes ont commencé à posé la question de la coordination des mouvements sociaux à l’échelle internationale et de l’élaboration d’alternatives à ce système. Le FSM remet en question les choix politiques des États qui mondialement détériorent les conditions de vie des populations aux profits des mieux nantiEs. Il déclare lutter pour une démocratie électorale et participative, pour l’abolition de la dette externe, contrer les activités spéculatives, pour le droit à l’information, pour les droits des femmes, contre la guerre impérialiste, pour l’accès à l’éducation publique gratuite et pour l’autodétermination des peuples. Par ces revendications, le FSM reconnaît aux États un autre rôle que celui qu’ils jouent en ce moment.
La situation canadienne
L’État canadien, comme plusieurs autres États sur la planète, s’est aligné très rapidement sur la politique de l’administration Bush. Le gouvernement libéral n’a pris aucune distance face t la politique américaine en Afghanistan. Au contraire il a même envoyé des troupes. Il ne s’est pas non plus dissocié de la politique des États-Unis vis-à-vis lArgentine. Le gouvernement canadien a refusé de se positionner (sauf de façon verbale ce qui n’a aucune conséquence réelle) par rapport au soutien indéfectible que l’administration Bush a donné au gouvernement israélien dans son offensive contre le peuple palestinien.
Le gouvernement libéral a vite suivit l’exemple des États-Unis en adoptant des lois répressives (c-36 et al) suite aux événements du 11 septembre. Ces lois visent à restreindre la liberté des mouvements sociaux et particulièrement du mouvement opposé à la mondialisation des marchés en criminalisant les secteurs les plus radicaux. La définition proposée d’acte terroriste, qui est au coeur de la loi C-36, est vague et d’une portée tellement large, qu’elle permet d’englober des formes de contestation ou de dissidence n’ayant aucun rapport avec le terrorisme. Par exemple, les grèves illégales, les actions de désobéissance civile ou encore, les manifestations publiques.
On constate aussi une augmentation de la judiciarisation du système politique canadien. En effet le législateur qui est aussi l’exécutif, n’ose plus légiférer de façon précise sur des questions essentielles mais " controversées ". De sorte que les individuEs et les acteurs sociaux se trouvent dans l’obligation d’avoir recours aux tribunaux pour faire reconnaître leurs droits. Le gouvernement privilégie intervenir aux niveaux administratifs et économiques. Il propose et vote des lois peu claires afin d’éviter les grands débats sociaux. Il laisse donc le soin au pouvoir judiciaire de préciser ses lois ambigües.
En coupant dans les dépenses sociales, dans le régime d’assurance-chômage et dans les transferts aux provinces le gouvernement fédéral a certes réussit à accumuler d’importants surplus, mais a aussi obligé les provinces à appliquer la recette néolibérale. La diminution des recettes des provinces a d’ailleurs été le prétexte utilisé en Colombie-Britannique par le gouvernement Conservateur pour justifier la diminution de 30% de la fonction publique.
Le gouvernement Libéral semble avoir commencé sa campagne pré-électorale en remettant sur la table des enjeux qui traînaient depuis longtemps. Le Ministre Cauchon propose de modifier la loi pour décriminaliser la possession simple de la- marijuana. Cependant, il refuse d’aller jusqu’à la légalisation de la vente, malgré la proposition du comité du Sénat sur les drogues illicites qui en fait une recommandation. Lors du Sommet Mondial pour le développement Durable de Johannesburg, le PM Chrétien en a profité pour annoncer que le Parlement passera au vote bientôt pour ratifier le protocole de Kyoto, Il reste à voir ce qui en sortira. Il y a déjà le Premier Ministre albertain Ralph Klein qui menace de contester, par tous les moyens, cette ratification. Il reste à voir si ces enjeux réussiront à faire oublier au public canadien la série de scandales tels Groupaction, Gagliano, et autres qui ont menacés la crédibilité du gouvernement Libéral.
De son côté, le Parti Conservateur vie une crise existentielle. Cependant, un sondage effectué dernièrement à travers le Canada, estime qu’une alliance entre les Conservateurs et l’Alliance Canadienne recevrait un appui important des électeurs et électrices canadienNEs.
Les Néo-démocrates, en pleine campagne de leadership, restent marginaux sur l’échiquier politique canadien. Applati devant l’idéologie dominante, les concessions des dernières années ont coûté cher au parti au niveau de sa base militante.
La situation québécoise
a) Le gouvernement péquiste a défendu des politiques néolibérales à tous les niveaux
Suite à son offensive contre les programmes sociaux et les services publics (au nom du déficit zéro et du remboursement de la dette) et après s’être présenté comme le champion du libre-échange le Parti Québécois se défini de plus en plus par rapport au néolibéralisme. Cependant, il conserve la faculté d’offrir un discours social-démocrate tout en appliquant les politiques prescrites par les institutions financières internationales. Il peut se vanter de la mise en place de certaines mesures progressistes. Mais généralement l’application de ces politiques est critiquable puisqu’elles ne sont pas universelles et n’améliorent pas la qualité de vie de l’ensemble de la population. Ce qui apparaît clairement pour les québécoisEs, se sont les conséquences des actions menées par le PQ.
b) Des bons coups
Certaines actions du PQ sont réellement progressistes et irrécupérables. Sur la question des jeunes, le Québec a préconisé une attitude progressiste par rapport àla loi présenté par le gouvernement canadien. Son approche est aussi très progressive par rapport aux droits des gays et lesbiennes, allant même jusqu’à reconnaître le droit à l’adoption.
Le système de garderies à 5,00 $ est aussi une mesure relativement appréciée même si plusieurs problèmes au niveau de son application remettent en question son accessibilité. La Commission sur la réforme électorale et des institutions est aussi une initiative intéressante pour la gauche, mais dans les faits opportuniste lorsqu’on regarde les sondages sur les intentions de vote des québécois et québécoises.
c) La précarisation en cours
En faisant de l’équilibre budgétaire son premier objectif (la poursuite du déficit zéro), le PQ n’a pas combattu la pauvreté mais plutôt les pauvres. De 1993 à 2000, le revenu disponible des personnes assistées sociales a diminué de 17,4 %. À l’intérieur des deux dernières années le PQ a consenti une indexation des prestations et a fait des concessions au niveau de l’application du régime d’aide sociale mais sans faire de modifications à la loi. Ainsi, ce sont davantage des privilèges qui sont accordés aux prestataires que des droits permanents reconnus. Le PQ noie la revendication des sans-emploi pour un revenu àl’aide sociale couvrant les besoins essentiels à l’intérieur d’un débat sur la pauvreté en général. Il choisi ses concessions avec précaution, par exemple il a promit d’abolir la coupure pour partage de logement à partir de janvier 2003. Mais il demeure dans le régime une série de pénalités (coupure pour refus ou abandon d’emploi, etc ... ) dont les sanctions peuvent s’additionner sans limites et pousser une personne à la rue. Les personnes jugées aptes au travail subissent un chantage sur la base de leur seul moyen de survie. Les mesures sont en place pour obliger les gens à travailler à n’importe quelles conditions mais ne sont pas encore totalement en application.
Le PO a contribuer à la détérioration des conditions de travail des salariéEs et augmenter la précarisation du travail, en ne modifiant pas l’article 45 du code du travail. Ce qui, entre autres, permet davantage la sous-traitance, tant dans le secteur public que privé, Les téléphonistes de Bell Canada ont vu leur conditions de travail sacrifiées lorsque leur service a été vendu à une compagnie sous-traitante. Dans la même ligne, Vidéotron veut maintenant aussi vendre ses technicienNEs. De plus, le gouvernement québécois refuse d’élargir les droits syndicaux et il n’a pas hésité à utiliser les lois répressives contre les travaileurSEs (loi spéciale lors de la grève des infirmières et la lutte des camionneurs).
La lutte pour le droit à la syndicalisation est toujours à l’ordre du jour, telle que nous démontre la difficile lutte pour la syndicalisation des restaurants McDonald’s. Dans le secteur des services, où les jeunes et les femmes se concentrent, les coûts de la main-d’oeuvre sont inférieurs de 37,4% par rapport aux États-Unis et de 52,7% par rapport àl’Allemagne.
Il a aussi, faut-il le rappeler, méprisé les femmes en refusant de donner suite aux revendications de la Marche Mondiale des Femmes et en cédant une faible augmentation du salaire minimum de 0, 10 $ l’heure.
d) La santé : un diagnostic pessimiste.
Le Parti québécois a ouvert la voie à la privatisation du système de la santé en appliquant les recommandations du rapport Clair. Selon un grand nombres d’intervenantEs des milieux communautaire et syndical, ce rapport vise la mise en place d’un système de santé à deux vitesses. La loi 107 qui interdit les déficits dans les centres hospitaliers, a obligé les établissements de santé à s’en tenir à des budgets équilibrés. Ce qui empêche les établissements de pouvoir répondre aux besoins réels des usagerEs, en plus de diminuer les services de santé et de réduire leur accessibilité. Quant au régime de l’assurance-médicaments, qui au départ favorisait les travailleurs et les travailleuses sans assurances privées, il s’est rapidement détérioré. Ceux et celles à qui le gouvernement voulait améliorer l’accessibilité aux médicaments font maintenant les frais du coût élevé des produits pharmaceutiques.
e) Une fiscalité favorisant les riches
Le gouvernement péquiste a été un maître de l’iniquité fiscale. D’après une étude du Conférence Board of Canada (1999), "le Québec offre le traitement fiscal le plus avantageux quant aux dépenses en recherche et développement pour une grande entreprise". D’ailleurs, de façon générale, "les taux d’imposition des profits des entreprises sont parmi les plus bas en Amérique du Nord". (Profil financier du Québec, juillet 2000)
f) Le logement
La gestion péquiste de, la question du logement est typique de son orientation néolibérale drapée du vernis social-démocrate. De façon générale, la politique du logement du PQ en fut une de tout au marché. L’absence de planification des besoins en logement combinée àfoi complète dans le marché comme régulateur des besoins sociaux ont mené à une crise qui ne s’était pas vue depuis 20 ans. Pourtant, la crise était annoncée par les groupes de défense du droit au logement.
L’annonce d’un budget permettant la construction de 13 000 logements sociaux sur 5 ans a permis au PQ de se présenter comme un modèle d’une gestion sociale-démocrate de la question du logement. D’autant plus, que le Québec est la seule province au Canada à investir directement dans la construction de logements sociaux. Par contre, les besoins sont tels que cette mesure représente une goûte d’eau dans l’océan par rapport aux besoins des ménages locataires à faible et moyen revenu. Le FRAPRU évalue les besoins à 8000 logements sociaux par année.
La question du logement sera centrale dans les débats sociaux et politiques des prochains mois. Le PQ se servira de son bilan sur cette question pour redorer son blason social-démocrate. Par contre, les propositions de l’ADQ de déréglementation des hausses de loyer et d’octroi de meilleures avantages fiscaux pour les promoteurs privé sont entrain d’aviver les tensions au sein du PQ entre le camp Facal et le camp Landry.
g) La question nationale
En identifiant la souveraineté à un gouvernement menant des politiques anti-populaires, il a développé la méfiance envers la perspective indépendantiste. Il y a une crise stratégique complète de ce parti qui ne voit pas la façon de relancer la lutte pour la souveraineté.
Depuis la courte défaite référendaire, la direction péquiste a été tout à fait incapable de proposer une quelconque ligne qui permettrait de relancer la lutte. Le PQ n’a pas d’échéancier, il n’a pas de plan pour convaincre sa base électorale traditionnelle que sa réélection est nécessaire à la marche vers la souveraineté du Québec.
h) Le PLO est en crise et ce n’est pas seulement une crise de leadership
Le principal rôle par la PLQ sur les questions sociales à l’Assemblée nationale a été de presser le gouvernement péquiste à aller plus loin dans ces politiques néolibérales.
L’orientation actuelle du gouvernement fédéral basée sur la confrontation et la volonté affirmée d’écrasement du mouvement souverainiste québécois ne peut que marginaliser les fédéralistes québécois. C’est là que la crise actuelle du PLQ trouve sa principale source. Ce parti est incapable de mener une politique appelant à une réforme concrète de la constitution canadienne sans que cette orientation soit remise aussitôt en question par le Parti libéral du Canada.
i) L’ADQ récolte aujourd’hui les fruits du mécontentement populaire
Avec un seul député à l’Assemblée nationale pendant des années, l’ADQ s’est contenté de peaufiner un programme néolibéral et d’appeler le gouvernement péquiste à radicaliser son action contre les acquis sociaux. Notamment l’assurance maladie, l’école publique, l’impôt progressif, la sécurité d’emploi, les lois qui protègent les droits des travailleurs, des travailleuses et des consommateurs et des consommatrices. Son dogme néolibéral s’articule autour de quelques concepts diminution de la taille de l’Etat, débureaucratisation, privatisation. Son programme vise
• à abolir l’impôt progressif et instaurer un impôt unique de 20% qui diminuer le fardeau fiscal des entreprises et permettra aux classes favorisées de concentrer les richesses dans leurs mains ;
• à faciliter la participation du secteur privé dans le système de santé ;
• à distribuer bons d’études en éducation aux parents (ce qui renforcera la privatisation et l’élitisation de l’école) ;
• à développer la sous-traitance dans les services publics afin de diminuer les effectifs de l’État et à favoriser la désyndicalisation ;
• à éliminer les obstacles à la maximisation du profit grâce à la déréglementation ;
• à créer de nouvelles sphères de rentabilité pour le capital au moyen des privatisations ;
• à déclarer la guerre aux syndicats en abolissant la formule RAND. Ce qui remettrait en question l’existence légale de nombreuses organisations et rendrait plus difficile la défense des travailleurSEs ;
• à couper dans les programmes sociaux ;
• à remettre en question des acquis des travailleurs et des travailleuses, particulièrement en développant la précarité d’emploi en s’attaquant à la sécurité d’emploi.
La crise du PQ et du PLQ a fourni le terreau sur lequel se construit l’ADQ, moins en moussant les grandes lignes de son programme, qu’en se présentant comme le parti politique porteur du changement, en rupture avec la corruption et la politicaillerie des vieux partis, représentant des jeunes générations. C’est sur la base d’un populisme médiatique que son chef sait jouer à merveille et qu’il a su se construire jusqu’ici.
Au Québec, l’ultra-fédéralisme des Libéraux rejeté par les francophones, et peut-être aussi une ignorance du caractère ultra-droitier de l’ADQ masqué par sa position ambiguë sur la question nationale, fait le lit de l’ADQ.
j) Le champ politique est encore occupé complètement par des partis néolibéraux
La rupture avec le gouvernement péquiste profite aujourd’hui d’abord à l’ADQ même s’il défend des politiques ouvertement réactionnaires. Par contre, rien de gagné pour l’UFP. Si la volonté de changement peut-être incarné par le renforcement du soutien à l’ADQ, cela s’explique également, par le très faible niveau de politisation de la majorité population québécoise. Il n’en reste pas moins que la volonté de changement pourrait s’incarner autrement. L’espace pour un parti de gauche est très réel. Il repose sur la radicalisation d’un secteur non négligeable de la population et cette volonté qui va prendre la forme que vont lui donner les partis sur le terrain.
En ce sens, nos liens avec les principaux acteurs du mouvement social sont déterminants. Puisque nous ne pouvons savoir comment ses différentes composantes évalueront les enjeux de la conjoncture lors des prochaines élections.
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La conjoncture politique
(tel que présenté au premier Conseil de l’union de l’UFP)
dimanche 29 septembre 2002