Par LCR (Belgique)
le mercredi, 10 juin 2009
Le 5 juin dernier, dans le nord du pays, la police péruvienne a ouvert le feu à partir de plusieurs hélicoptères contre le barrage routier de Corral Quemado tenu par 5.000 indigènes de la région amazonienne. Bilan : plus de 200 blessés et une soixantaine de tués, des indigènes des ethnies Awajun et Wampis. En réaction à ce massacre, une vingtaine de policiers retenus par les indigènes ont été tués à leur tour.
Après ces événements, l’Etat de siège a été décrété et les arrestations arbitraires de militants se sont multipliées. Des blessés ont été brutalement arrêtés dans les hôpitaux et de nombreux cas de « disparitions » et de tortures ont été signalés.
Depuis le 9 avril dernier, près de 60 ethnies indigènes de la région mènent une mobilisation et une grève générale illimitée pour obtenir l’abrogation de 11 décrets qui offrent aux multinationales toute latitude pour spolier et exploiter sans vergogne l’Amazonie péruvienne. Ces décrets sont le résultat d’une série de traités de libre échange commercial et de libéralisation des investissements. En Belgique, comme ailleurs, ces traités et autres Accords bilatéraux sur les investissements (ABI), récemment conclus avec le Pérou et d’autres pays andins, sont systématiquement votés dans toutes les enceintes parlementaires et par tous les partis traditionnels (PS, Ecolo, CDH, MR).
Vu les immenses réserves découvertes récemment dans la région, alléchées par la soif du profit, les entreprises pétrolières, d’exploitation forestière et minières se sont précipitées. Selon le président péruvien Alan Garcia, il s’agirait d’une « bénédiction pour le pays ». Il s’agit surtout d’une bénédiction pour des multinationales telles que la brésilienne Pétrobras, l’argentine Pluspetrol ou encore pour le groupe franco-britannique Perezco. La région sera dévastée et polluée et les profits seront rapatriés dans les banques du Nord, ne laissant dans le pays que quelques miettes pour graisser la patte des élites locales.
Par ailleurs, ces 11 décrets violent ouvertement la Convention n°169 de l’OIT et la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples indigènes qui obligent les autorités publiques à garantir le plein respect des droits des communautés sur leurs terres traditionnelles, sur leurs ressources ainsi que leur consentement libre, préalable et informé.
Les événements au Pérou illustrent une réalité dramatique de l’Amérique latine : l’exploitation capitaliste des richesses naturelles provoque partout la dévastation de l’environnement au détriment des peuples autochtones et de la biodiversité.
Ce jeudi 11 juin aura lieu une mobilisation générale dans tout le Pérou appelée par les mouvements indigènes, populaires et syndicaux. Un rassemblement de solidarité et de protestation aura lieu également à Bruxelles devant l’ambassade péruvienne à l’appel d’une série d’organisation (13h00, 179 Avenue de Tervueren, Métro Montgomery).
La LCR appelle à y participer et sera présente afin de :
1) Dénoncer la désinformation criminelle de certains médias qui assimilent les indigènes à des « terroristes »
2) Se solidariser pleinement avec les luttes menées par les peuples autochtones du Pérou, et par les peuples andins en général, contre les traités de libre-échange, les multinationales capitalistes et leurs valets gouvernementaux locaux
3) Dénoncer les traités et les accords néocolonialistes que promeut l’Union Européenne et qui sont systématiquement votés dans tous les parlements et par tous les partis traditionnels. L’Union européenne, le gouvernement belge et ces partis sont complices des massacres, de la spoliation des populations indigènes et de la destruction environnementale dans les pays andins
4) Exiger l’abrogation des 11 décrets, l’arrêt immédiat de la répression menée par le gouvernement péruvien et la libération de tous les prisonniers
5) Exiger que justice soit faite pour les victimes : le président Garcia doit être jugé pour ses crimes
Nos vies et notre planète valent plus que leurs profits !