Face à l’extension massive du chômage, aux privations, à la faim et à l’indifférence de l’administration civile des Etats-Unis [placée sous la direction de Paul Bremer] envers les difficultés rencontrées par la population en Irak, le 1er mai 2003, un groupe de syndicalistes ont fondé le Syndicat des chômeurs et chômeuses en Irak (UUI). Plus de 130000 personnes au chômage ont rejoint les rangs de l’UUI et ceux-ci augmentent très rapidement. L’UUI a ouvert des bureaux dans plusieurs villes importantes d’Irak, parmi lesquelles Bagdad, Nassiriya et Kirkouk. Le Syndicat des chômeurs et chômeuses en Irak revendique :
• des emplois ou le versement de 100 dollars par mois en tant qu’allocations pour toutes les personnes au chômage ;
• le droit de l’UUI à participer à la distribution de l’aide humanitaire qui arrive en Irak ;
• le droit de l’UUI à participer à l’allocation des emplois qui sont créés en Irak ;
• la reconnaissance officielle de l’UUI par l’administration civile américaine en tant qu’organe représentatif des personnes au chômage en Irak.
L’UUI a organisé de nombreuses démonstrations pour faire avancer ses revendications et pour attirer l’attention sur la situation critique de millions de travailleurs et travailleurs qui ont perdu leur emploi suite à la guerre des Etats-Unis contre l’Irak. Parmi ces manifestations, on peut relever : un rassemblement de plusieurs milliers de personnes à Kirkouk le 12 juin ; de 7000 à Nassiriya le 3 juillet (cette manifestation a été attaquée par des groupes islamistes) ; des milliers à Bagdad le même 3 juillet.
Après trois mois de mobilisation régulière de protestation et d’une série de négociations avec l’administration civile des Etats-Unis, l’UUI décide d’organiser un sit-in permanent, dans la mesure où les autorités américaines traînaient les pieds.
29 juillet 2003, Bagdad. L’UUI organise une manifestation de quelque 1000 personnes qui se dirigent vers l’ancien palais présidentiel de Saddam Hussein où siège, aujourd’hui, l’administration civile américaine. Les manifestants réclament une allocation de 100 dollars pour chaque personne au chômage. Puis s’organise un sit-in en face du palais.
30 juillet 2003, Bagdad. Les forces militaires américaines attaquent les manifestants qui sont assis pacifiquement devant le palais et arrêtent Quasim Haadi, le président de l’UUI, et 18 autres membres du syndicat. Les forces américaines molestent et battent les personnes arrêtées. Commence alors une nouvelle négociation avec l’administration civile. Lors de la première réunion, les représentants du Syndicat des chômeurs mettent l’accent sur la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées, sur le droit de pouvoir manifester sans entraves et sans subir de coercition de la part des forces américaines. De plus, ils demandent des assurances que leurs revendications soient satisfaites. Le même jour, les Américains relâchent toutes les personnes détenues.
2 août 2003. Les forces américaines arrêtent à nouveau Quasim Haadi et 50 autres membres de l’UUI, dans une tentative de mettre fin au sit-in. Sous la pression des protestations locales et internationales, les forces américaines relâchent les détenus.
7 août 2003. Le dixième jour du sit-in devant les bureaux de l’administration civile américaine à Bagdad, l’UUI organise une autre manifestation, à laquelle participent des centaines de personnes. La délégation de l’UUI, lors d’une nouvelle rencontre avec l’administration, demande que l’organisation des chômeurs et chômeuses puisse jouer un rôle significatif dans la répartition des 300000 emplois que les Etats-Unis ont promis de créer dans l’ensemble du pays jusqu’à la fin du mois d’août. La délégation de l’UUI a aussi demandé que lui soit attribuée une fonction dans la distribution de l’aide humanitaire [les chômeurs et chômeuses étant particulièrement affectés par la perte de tout revenu et allocation de nourriture]. Les autorités américaines ont promis d’étudier les revendications et de répondre à la direction de l’UUI le 13 août.
Le 12 août 2003, afin d’augmenter la pression sur l’administration américaine, l’UUI organise un rassemblement devant les bureaux de l’administration américaine. La réponse de cette dernière restant absolument vague - et aucune échéance n’étant fixée -, la direction de l’UUI a décidé d’arrêter toute négociation avec l’autorité américaine et d’accroître la mobilisation.
23 août 2003. L’UUI organise une autre manifestation à laquelle participent des centaines d’hommes et de femmes. Pendant ce temps, le sit-in, commencé le 29 juillet, continue.
Le 13 septembre 2003, l’UUI met fin à la grève sit-in qui a duré 45 jours à Bagdad. A cette occasion a été organisée une action à laquelle participèrent des centaines de membres du syndicat, des représentants d’organisations humanitaires et de forces politiques. Concerts de musique irakienne et pièces de théâtre accompagnèrent cette manifestation.
Le combat de l’UUI en Irak a besoin du soutien et de la solidarité de toute personne, à l’échelle internationale, prête à défendre les droits individuels et sociaux des femmes et des hommes d’Irak. L’UUI appelle toutes les organisations de défense des droits de la personne humaine, les organisations syndicales et chacun et chacune d’engager une campagne de pression sur les autorités américaines afin qu’elles donnent une réponse positive aux revendications de l’UUI, afin qu’elles ne répriment plus le combat de ce syndicat et qu’elles respectent le droit du peuple d’Irak d’établir son propre régime politique. Pour cela, des lettres de protestation peuvent être envoyées à l’administration civile américaine en Irak. L’UUI demande aussi que des messages de soutien lui soient envoyés et qu’une aide matérielle soit faite au mouvement des chômeurs et chômeuses en Irak.
Site Internet de l’UUI : www.uuiraq.com
Contact en Suisse :
Aso Jabbar, coordinateur de l’UUI en Suisse,
tél. 078/882 55 89,
e-mail : asojabbar@yahoo.com,
adresse : Aso Jabbar, cp 325, CH-3000 Berne 11
tiré du site À l’encontre