1. L’escalade de la droite commencée avec la « grève générale » et approfondie avec l’actuelle dite bataille finale fait partie de la stratégie contre-révolutionnaire visant à renverser le gouvernement légitime démocratique de Chavez et à écraser le processus d’auto-organisation et d’auto-défense des ouvriers, des étudiants et des masses populaires. Cette escalade a un caractère criminel qui se manifeste par les assassinats permanents de militants politiques et sociaux, les provocations des bandes fascistes et par le sabotage de la production pétrolière, initié dès le début décembre par les mafieux de PDVSA [la société pétrolière] et les dirigeants corrompus de la CTV [ladite centrale des travailleurs vénézuéliens]. Avec l’appui des pouvoirs médiatiques, en particulier des télévisions privées, l’opération déstabilisatrice de la bourgeoisie vise à la manipulation politique, à susciter la crainte, à provoquer le chaos économique et la division des militaires qui jusqu’à maintenant soutiennent le gouvernement de Chavez.
2. L’administration Bush, qui prépare un nouveau génocide contre le peuple irakien, joue un rôle décisif dans cette escalade contre-révolutionnaire. Et cela non seulement par son appui politique et financier ouvert aux golpistes [aux partisans du coup d’Etat], mais parce qu’à travers l’instrument servile de l’OEA (Organisation des Etats américains) elle impulse - avec la complicité de la majorité des gouvernements néolibéraux de la région, de l’Union européenne et de la Fondation Carter - l’intervention « diplomatique » dont l’objectif est de mettre fin à l’existence du gouvernement démocratique de la « République Bolivarienne du Venezuela ». Dans ce sens, les déclarations de Richard Boucher, porte-parole du Département d’Etat des États-Unis, ne laissent aucun doute : « Nous avons souligné l’importance de la mission du secrétaire général de l’OEA, César Gaviria, et du fait que les deux parties coopèrent avec lui afin de résoudre leurs différends politiques. » Dans le langage des intérêts impérialistes, cette « coopération » ne peut que se comprendre comme chantage face au gouvernement vénézuélien afin qu’il finisse par accepter « un dialogue démocratique », en tant que première étape de sa capitulation politique. La « mission » de César Gaviria - ex-président de Colombie, animateur de la contre-insurrection, promoteur des groupes paramilitaires et responsable de la violation systématique des droits de l’homme dans son pays - doit être dénoncée et condamnée complètement. L’OEA prétend obtenir par le moyen de sa « charte démocratique » ce que la contre-révolution entrepreneuriale et impérialiste n’a pu obtenir le 11 avril passé. Pourtant, comme l’affirment les organisations populaires, de gauche, et bolivariennes, il ne peut y avoir aucune « concertation » avec la droite golpiste et les entrepreneurs.
3. Au Venezuela se livre une bataille anti-impérialiste décisive. Malgré les limites et les oscillations du gouvernement Chavez face à l’approfondissement d’un processus de rupture avec la bourgeoisie et face aux mesures à prendre pour désarticuler l’opération golpiste, le peuple bolivarien est descendu dans la rue. Là se jouent non seulement le futur démocratique du pays, mais aussi, en grande partie, les relations de force avec l’impérialisme dans la région. Après les victoires électorales de Lula au Brésil et de Gutiérrez en Equateur, suite à la permanence de « l’argentinazo » comme processus de rébellion populaire, face à la croissance des résistances des mouvements sociaux contre les modèles néolibéraux et, enfin, face au rejet à l’échelle du continent aussi bien du Plan Colombie que du projet de recolonisation de la ZLEA, les Etats-Unis veulent créer une muraille « préventive » face au vent de changement qui souffle sur l’Amérique du Sud.
La défaite du gouvernement Chavez et l’écrasement du mouvement ouvrier et populaire qui se développe en Amérique latine tendent à être une priorité dans la stratégie contre-révolutionnaire de Washington. Le maintien du gouvernement Chavez - et la dynamique de lutte de classes qui s’est enclenchée - entre en contradiction avec le contrôle régional qui, pour le Pentagone et le Département d’Etat, implique la mise en oeuvre du Plan Colombie et de la ZLEA. Simultanément, une victoire du golpisme et des intérêts impérialistes au Venezuela réduirait encore plus la marge de manoeuvre politque et économique de gouvernements tels que ceux de Lula et Gutiérrez. Elle renforcerait les conditions défavorables à l’insurrection armée en Colombie et consoliderait le blocus contre Cuba.
4. C’est dans ce contexte que la solidarité internationaliste avec la lutte populaire au Venezuela se doit d’être ample, active et militante. La lutte des travailleurs et des étudiants, des syndicats classistes et des organisations populaires, des partis de gauche et des cercles bolivariens au Venezuela est la même lutte que celle des peuples latino-américains contre les élites dirigeantes, le néolibéralisme, le FMI, la Banque mondiale, la BID (Banque interaméricaine de développement) et le paiement de la dette extérieure. C’est une lutte démocratique pour la souveraineté et les droits des peuples à décider de leur propre destin. C’est une lutte anti-impérialiste et anticapitaliste.
Les forces de la IVe Internationale s’engagent dans ce combat. Elles stimulent dans divers pays des activités de solidarité, des manifestations publiques, des descentes dans la rue, des prises de position politiques. Elles participent et appuient de manière inconditionnelle des campagnes de signatures et de protestation organisées par les courants et les mouvements démocratiques anti-impérialistes et révolutionnaires.
4 de janvier 2003
Déclaration du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale