C’est par ces mots de Philippe Poutou que se termine l’article de Libération du mardi 28 juin qui lui est consacré, intitulé : Philippe Poutou, un ouvrier pour relancer la machine. La « machine » en question, c’est le NPA, décrit dans un autre article de la même édition comme ayant connu, lors de la conférence nationale du week-end dernier « une nouvelle fracture. Peut-être la dernière »... résultat de deux années au cours desquelles le NPA aurait « dilapidé » tout un « capital militant ». Deux ans au cours desquels le NPA aurait réduit à néant « l’espoir » mis par beaucoup dans une formation qui promettait alors d’être « e relais du mouvement social, orphelin de débouchés politiques »...
La presse se complaît à accentuer les tensions provoquées par les débats démocratiques qui divisent aujourd’hui notre parti. Mais elle comprend aussi que la candidature de Philippe est l’occasion pour la grande majorité des camarades de se rassembler, sans taire les divergences ni clore les débats bien évidemment. La vraie crise n’est pas au sein du NPA mais secoue toute la société, et face à cette crise, les militantEs ont envie de faire vivre l’unité du parti, dans l’action, pour porter les idées et le programme qui nous réunissent.
Philippe rend concrète et crédible cette perspective. « Ouvrier candidat », il répond au besoin, à la nécessité d’appeler ceux d’en bas, les classes exploitées et opprimées, à relever la tête, à se battre pour leur droit, ce besoin, cette nécessité dont parlait Olivier Besancenot dans la lettre où il annonçait son choix de ne pas être candidat. Le relais est passé, et il est bien passé, les premières réactions qu’il a lui-même recueillies auprès de ses camarades de travail, que chacune et chacun ont pu entendre, en témoignent.
Cela ne surprend pas quand on sait que Philippe est un militant dont toute la vie, depuis sa prime jeunesse, a été marquée par la révolte contre les injustices sociales, l’aspiration à d’autres rapports humains, une autre société. Fils d’une famille populaire, son père, à la retraite aujourd’hui, était postier, il a commencé à militer dès l’âge de 17 ans, avec des copains se disant anarchistes avant de rejoindre le groupe Lutte ouvrière de Bordeaux. Il en est exclu en mars 1997, avec la quasi-totalité des militants de Bordeaux et de Rouen pour avoir pris au sérieux l’appel d’Arlette Laguiller à construire un nouveau parti des travailleurs, pour avoir voulu poursuivre, alors que la direction effectuait un repli sur elle-même, la construction d’un regroupement des forces révolutionnaires, l’unité Lutte ouvrière-Ligue communiste révolutionnaire. Il participe alors à la construction et à la vie du groupe Voix des Travailleurs qui poursuit cette politique. En juillet 2001, la fusion-intégration avec la LCR en est l’aboutissement. Une étape puisque Philippe a ensuite pris toute sa place dans la construction du NPA, il est membre de la direction départementale girondine.
La vie politique de Philippe est intimement liée à son combat social. Après des années de galère et d’intérim, il est embauché à l’usine Ford de Blanquefort, près de Bordeaux, en 1996, où il devient un militant syndical actif, sans renoncer pour autant à son combat politique. Pour lui, militantisme social et militantisme politique sont indissociables. Il a été candidat à diverses élections, pour la LCR, puis pour le NPA, entre autres comme tête de liste en Aquitaine lors des dernières régionales, tandis qu’il poursuivait, en tant que secrétaire de la section CGT de Ford, le combat que mènent, depuis plusieurs années, les salariés de l’usine contre sa fermeture, multipliant les initiatives – dont deux « descentes » au salon de l’automobile –, cherchant à s’associer, en permanence et avec succès, le soutien des autres salariés, l’aide des autres forces politiques de gauche et celle des collectivités locales.
Alors oui, Philippe est un ouvrier candidat, un « candidat du mouvement social », un travailleur qui fait de la politique. Comme à l’occasion de chaque combat quotidien, il sait qu’une fois encore il aura à contribuer à rassembler les forces, à l’intérieur de notre parti bien sûr, mais plus largement les forces du monde du travail et de la jeunesse pour faire face à la crise provoquée par les politiques des classes dominantes et porter une autre perspective.
Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 109 (30/06/11)