Comment peut avoir une droite aussi à l’offensive personnifiée par un président qui coule aussi vite dans les sondages ?
AK : L’offensive de la droite, c’est le résultat de la mondialisation et les patrons essaient aujourd’hui de faire des profits dans un contexte de concurrence exacerbée et du coup c’est une véritable déclaration de guerre qui vise à détruire toute une série d’acquis sociaux. Beaucoup de gens perdus par les expériences successives de la gauche et de la droite au pouvoir ne font plus la différence entre la gauche et la droite. Ils on élus Sarkozy en pensant que ça allait être un changement. Et maintenant depuis quelques semaines, il y a un retournement de situation. La côte de Sarkozy est passée de 60 à 30%. Il y a une prise de conscience que c’est un des pires réactionnaires à la tête d’un gouvernement.
Quel est le bilan des mobilisations de cet automne en France ?
AK : C’est l’indice qu’il y a une prise de conscience, qu’il y a vraiment une vague de résistances qui touche le secteur public et qui s’étend depuis peu au secteur privé notamment sur les salaires et le pouvoir d’achat. Le problème, c’est que toutes ces luttes se font en ordre dispersé et les bureaucraties syndicales font absolument tout pour qu’il n’y ait pas centralisation des luttes, aucune convergence, et surtout pas une perspective d’ensemble. Pour le moment, c’est une série de défaites mais il n’y pas écrasement du mouvement social. Et je crois qu’on est rentré dans une période de résistance sociale très radicale.
Besancenot, le candidat LCR aux présidentielles semble très populaire...
AK : J’ai jamais vu une telle popularité. C’est un indice de l’époque. Il est un des trois personnages les plus populaires en France. Il est très apprécié dans la jeunesse et les couches populaires. Il y a une certaine distance d’ailleurs entre sa popularité et celle de la LCR. Faut pas s’en cacher. La sienne est dix fois plus forte. Dans des petites villes, il fait des meetings à 800 personnes. Quand il va à la porte des usines, il a un accueil partout. Tout cela tient à deux choses. D’abord son message. Les gens veulent absolument se battre contre la droite et ne font plus confiance à la gauche réformiste et souvent ils lui disent <
Ce projet de nouveau parti, c’est une manière de combler cette distance entre la popularité de la LCR et celle d’olivier Besancenot ou c’est plus profond ?
L’idée du nouveau parti est liée à la situation politique. Les gens veulent résister a la droite et le parti socialiste est presque absent de la résistance. Il combat pas vraiment sur le fond. Le parti communiste a une crise d’identité. Il est paralysé voire discrédité. Du coup, il y a un moment favorable pour faire émerger une gauche de combat, une gauche qui ne renonce pas.
La difficulté que nous avons par rapport à d’autres expériences ailleurs, c’est qu’on a pas de partenaires nationaux pour le construire avec nous. Il y a des milliers de gens qui attendent cela, des syndicalistes, des altermondialistes, des féministes, des écologistes. On a lancé cette idée et on pense qu’on va y arriver. On s’est donné un an.
Lors de la bataille contre le projet de constitution européenne, il y avait un arc de forces de gauche qui travaillaient ensemble, pourquoi ne les retrouve t-on pas ensemble maintenant ?
AK :Parce que c’est très différent de se mettre d’accord pour dire NON à un projet de constitution européenne néolibérale que pour dire OUI à un programme anticapitaliste. Et la divergence qu’on a eu dans le mouvement du NON, et qui pour nous est un critère pour adhérer au nouveau parti, c’est de garder une indépendance totale par rapport à la direction des institutions, c’est à dire de ne pas aller au gouvernement dans le cadre actuel avec le parti socialiste et pour nous c’est une barrière infranchissable.