Ce samedi 30 août, le Conseil général de l’Organisation Mondiale du Commerce a approuvé un document présenté comme un accord sur la question de l’accès aux médicaments essentiels mettant en oeuvre la"Déclaration de Doha sur les brevets et la santé publique".
Ce texte combine une proposition émanant à l’origine de l’Union européenne avec une annexe présentée par la délégation des Etats-Unis. Ce diktat des pays riches est très éloigné de l’esprit et de la lettre de la Déclaration de Doha par les nombreuses restrictions qu’il impose aux pays concernés. Il n’apporte qu’une solution partielle et limitée, tout en aggravant la dépendance des pays en développement à l’égard des firmes pharmaceutiques occidentales. En ce sens, cette prétendue solution va à l’ encontre du principe même de développement durable.
Ainsi qu’ont pu le constater tous les observateurs présents à Genève, c’est la mort dans l’âme et les larmes aux yeux que les délégués des pays africains, sur instruction de leur gouvernement, ont demandé à leurs collègues d’une vingtaine de pays (Argentine, Brésil, Inde, Philippines ...) de mettre fin à leur opposition au texte voulu par l’Union européenne et les Etats-Unis dont la préoccupation première est de protéger les profits des multinationales pharmaceutiques. Une nouvelle fois, les gouvernements africains, soumis aux intenses pressions de leurs anciennes puissances coloniales, ont été contraints de sacrifier les intérêts prioritaires de leurs peuples.
Cet accord diplomatique, destiné à sauver la face de l’OMC à une dizaine de jours de la conférence ministérielle de Cancun, ne trompera que ceux qui veulent bien se laisser abuser par la propagande de l’OMC et des pays riches.
La réalité de l’accord qui vient d’être imposé par les pays industrialisés ne fait aucun doute pour tous ceux qui travaillent sur le terrain et connaissent les réalités sanitaires des pays en développement : des millions de personnes vont continuer de mourir faute de pouvoir accéder aux médicaments dont ils ont besoin.
Agnès BERTRAND
Institut pour la Relocalisation de l’Economie (IRE)
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Raoul Marc JENNAR
Unité de Recherche, de Formation et d’Information sur la Globalisation (URFIG)
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