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Le Sommet des Amériques, deux ans plus tard

Par Virginie Harvey et Richard Fecteau

lundi 19 mai 2003

Les gouvernements restent sourds et vont de l’avant

Lors du Sommet des Amériques, en avril 2001, plus de 60 000 personnes
ont crié haut et fort leur opposition à la création de la Zone de
libre-échange des Amériques (ZLÉA) parce qu’elle constitue une attaque frontale à la démocratie et aux droits les plus fondamentaux.

En clair, pour la masse d’opposants et d’opposantes, la ZLÉA symbolisait un concentré de tous les reculs sociaux que l’on veut nous faire avaler au nom du « réalisme ».

Deux ans après ce Sommet, un bilan doit être tracé des événements qui
l’ont suivi à un rythme effarant : alors que s’approche l’objectif d’
une signature de la ZLÉA pour 2005, il est flagrant de voir à quel
point cet enjeu a été évacué du débat public après les événements d’avril 2001. Alors que toute l’attention est détournée vers la politique guerrière des Etats-Unis, il importe de se rappeler que les
négociations se poursuivent et s’accélèrent dans le silence le plus
complet.

Deux conclusions s’imposent d’elles-mêmes à la lumière des événements. Tout d’abord, les accusations que l’on porte à ce que représente le modèle d’intégration économique continentale se sont avérées plus que fondées, tant dans ses dimensions sociales, environnementales et économiques. Les deux dernières années ont en effet plus que démontré que le retrait de l’État de ses fonctions sociales ne saurait se traduire par autre chose qu’une amplification des inégalités sociales.

La croissance économique majeure qu’ont connu les États-Unis a quant à elle fait la preuve que le modèle de développement que l’on nous
impose ne fait que concentrer la richesse et demeure d’une grande
précarité, comme en font foi les faillites à répétition survenues chez notre voisin du sud.

Enfin, sur un plan environnemental, il est de plus en plus clair, après la tenue d’un autre sommet sur le développement durable, en
septembre 2001, que l’économie occupe le haut du pavé dans les priorités des gouvernements. Comme l’ont affirmé Georges Bush et Collin Powell, les considérations d’ordre environnemental ne sauraient, dans le contexte de la mondialisation de l’économie, prendre le dessus face aux intérêts commerciaux des principales puissances.

Une seconde conclusion s’impose également : l’intégration économique
continentale se fait en bafouant complètement la démocratie la plus
minimale. La dernière campagne électorale aura été un bel exemple du
caractère anti-démocratique de la ZLÉA puisque ce sujet a été complètement évacué des débats, du moins en ce qui concerne les trois
partis politiques qui prétendaient au pouvoir. Les médias, dans le
contexte d’une crise internationale majeure, n’ont même pas abordé la
question.

Malgré le silence et en raison de l’accroissement des contradictions
qu’entraîne la mondialisation des marchés, la lutte continue. Au cours de l’année 2003, l’opposition à la ZLÉA prend une nouvelle forme, celle d’une consultation populaire au sein des Amériques. Puisque les gouvernements n’entendent toujours pas consulter la population au sujet de la ZLÉA, les groupes populaires, les groupes de femmes, syndicaux, et étudiants prennent l’initiative de l’organisation d’une telle consultation ; les résultats en seront annoncés au mois d’octobre, alors que la campagne contre la ZLÉA culminera par des mobilisations massives partout dans les Amériques.

D’autres Amériques sont possibles : démocratiques, fondées sur l’égalité, la solidarité et le respect de l’environnement et des droits humains.

Virginie Harvey et Richard Fecteau pour le Forum Social Régional www.oqp2001.org/forumsocial