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La lutte contre la Zone de Libre-Échange des Amériques concentre l’aspiration à la justice sociale et à une véritable démocratie

Angel Guerra Cabrera

dimanche 8 juin 2003

28 mai 2003

Entre 1999 et 2000, l’Amérique latine a envoyé à son voisin du Nord, un milliard de dollars en intérêts sur la dette externe, utilités, échanges inégaux et fuite des capitaux, se convertissant en région la plus inégalitaire du monde, alors que son endettement externe s’est aggravé de 302,6 milliards, pour atteindre 800 milliards de dollars. Le nombre de latinoaméricains vivant dans la pauvreté a augmenté de 200 à 226 millions.

Le gouvernement Bush s’active pour imposer en 2005 la ZLÉA aux latinoaméricains. Et il semble incroyable que les Etats-Unis ne parvienne pas malgré le pillage sans précédant de l’Amérique latine à combler le trou qui coule son économie de spéculation et de gaspillage. Et cela, malgré deux décennies d’application de la dite première génération de réformes néolibérales qui ont frappé une région qui avait déjà connu le joug néocolonial. Les entreprises étatsuniennes ont mis la main durant ces décennies sur les actifs de 4000 entreprises au sud du Rio Bravo dans les secteurs des télécommunications, des banques, du transport, du pétrole, des mines, du commerce d’où elles tirent plus du double du profit réalisé dans leur pays.

Pourquoi cela est-il insuffisant pour le capitalisme étatsunien ? C’est très simple. L’économie des Etats-Unis connaît un recul depuis 2 000 et elle est entrée en récession depuis 2001 déjà produisant des secousses et des déficits astronomiques de sa balance commerciale de 347 milliards de dollars et de celle de ces comptes courants à une hauteur de 375 milliards de dollars. On peut résumer la situation en disant que Wall Street a perdu cette année 2,5 billions de dollars, que les Etats-Unis a connu des faillites frauduleuses, l’augmentation du chômage, la diminution de la confiance des consommateurs et un déficit budgétaire de 200 milliards prévu officiellement pour la fin de l’administration Bush. Et tout cela dans le cadre d’un tournant vers un ralentissement économique mondial, auquel n’échappent pas l’Europe et encore moins le Japon.

Pour faire face à cette situation et affirmer son hégémonie sur les autres puissances, Washington a eu recours à l’augmentation des dépenses militaires s’appuyant sur la déclaration de guerre permanente à partir du 11 septembre 2001, l’effort pour s’emparer des ressources énergétiques mondiales avec ses premières manœuvres, l’agression de l’Afghanistan et de l’Irak, le retour à un protectionnisme plus ouvert et à des restrictions draconiennes frappant les travailleurs immigrants alors qu’il soulignait les louanges du libre-échange. Ici apparaît la ZLÉA -en même temps que les plans Puebla-Panama et Colombie- qui consiste à la recolonisation-annexion de l’Amérique latine sans consulter ses peuples, projet auquel s’objectent le gouvernement d’Hugo Chavez et le gouvernement brésilien.

Le néocolonialisme classique n’est pas suffisamment rentable. Donc, Les Etats-Unis se proposent de faire une réserve privée de l’espace stratégique et des fabuleuses ressources économiques latino-américaines et caribéennes : eau, la troisième plus importante réserve existante, le pétrole, 15 pour cent de la production et 11 pour cent des réserves mondiales, - source clé car l’aventure contre Bagdad peut déboucher sur la généralisation du conflit au Moyen-Orient ; biodiversité, 50% des espèces animales et végétales de la planète, plus les savoirs populaires incalculables des peuples indiens. A la fois, déloger les capitaux européens et asiatiques de la région, convertir les gouvernements et les bourgeoisies locales en gérant des intérêts étatsuniens, subordonner l’indépendance et les lois des États à des règles et des tribunaux supranationaux ; éliminer en somme, tout ce qui empêche la domination absolue du capital étatsunien dans la région.

La lutte politique pour bloquer la ZLÉA est décisive. Le moment est particulièrement propice pour concentrer dans cette dernière les aspirations à une authentique démocratie, à l’indépendance, à la justice sociale et à la fraternité latinoaméricaine avec la force des masses qui s’expriment aujourd’hui en Argentine, en Bolivie, au Brésil, au Venezuela et en Équateur, qui comme une rivière souterraine émerge à la surface dans d’autres nations d’Amérique latine.

Si cette lutte se lie à celles réclamant des emplois respectables, une alimentation suffisante, une éducation et la santé gratuites et universelles, la remise - qu’a exigé Evo Morales- des ressources privatisées, la terre pour les paysans et les droits des peuples autochtones, des femmes et des gays, de cela sortiront les alternatives pour parvenir à cet autre monde qui sera possible seulement si nous luttons.

(Traduction La Gauche)