Le 20 décembre 1983, Donald Rumsfeld, envoyé de Ronald Reagan, serrait la main de Saddam Hussein à Bagdad. La photographie ci-contre fait partie des archives du Conseil national de sécurité des Etats-Unis (National Security Archive Electronic Briefing Book N° 82), publiées le 25 février 2003.
Cette visite s’inscrit dans le cadre de la « guerre qui suivit des mois de tension entre la République islamique d’Iran et l’Irak nationaliste et laïc », note le document gouvernemental. La guerre Iran-Irak se déroula de 1980 à 1988 et fit des millions de morts et de blessés.
En 1982, « les Etats-Unis ayant décidé qu’une victoire iranienne ne servirait pas leurs intérêts ont commencé à soutenir l’Irak ». Ainsi « en février 1982, le Département d’Etat a enlevé l’Irak de la liste des Etats soutenant le terrorisme ». Le document indique que l’Irak figurait sur cette liste parce que ce pays soutenait divers groupes palestiniens.
Puis le document souligne que : « Continuer la guerre [contre l’Iran] était extrêmement coûteux. L’Irak recevait des soutiens financiers extérieurs des Etats du Golfe et une aide au travers de programmes de prêts des Etats-Unis. La Maison Blanche fit pression sur l’Export-Import Bank afin de fournir à l’Irak des financements, pour consolider sa crédibilité comme débiteur et pour permettre à l’Irak de recevoir des prêts d’autres institutions financières internationales. » Le document note aussi que l’Irak reçu des produits agricoles qui « étaient subventionnés par les contribuables américains. »
Les relations diplomatiques formelles furent rétablies en novembre 1984. Mais « les Etats-Unis avaient commencé plusieurs années auparavant d’assurer un soutien militaire et d’intelligence [informations sur l’Iran], cela en secret et contrairement à la position officielle de neutralité » entre l’Irak et l’Iran.
C’est en mars 1982 que le tournant a été pris par l’administration Reagan, lorsque les troupes iraniennes gagnaient du terrain contre les forces armées de Saddam Hussein.
Le document reconnaît qu’au cours de l’été 1983 l’Iran avait informé que « l’Irak utilisait des armes chimiques depuis un certain temps ».
Ce qui n’empêche pas qu’à l’occasion du voyage de Donald Rumsfeld., en décembre 1983, celui « rencontre aussi le ministre des Affaires étrangères irakiennes, Tariq Aziz et que les deux se mirent d’accord sur le fait que les Etats-Unis et l’Irak avaient en commun des intérêts ». D’ailleurs Traq Aziz ne semble pas avoir ménagé ses compliments « sur Rumsfeld en tant que personne. »
Rumsfeld est retourné à Bagdad en mars 1984. En avril 1984, l’Irak a reçu des hélicoptères... alors que la livraison de matériel militaire était toujours officiellement interdite. Le 5 avril 1984, devant le danger d’une offensive iranienne, Ronald Reagan insistait, dans une directive présidentielle (NSDD 139), sur l’importance « d’éviter un écroulement de l’Irak. »
En conclusion, Joyce Batlle, qui présente l’ensemble des documents déclassifiés, écrit : « La politique répressive interne du gouvernement irakien, bien que très bien connue par le gouvernement des Etats-Unis à l’époque, n’a pas de place dans les directives présidentielles déterminant l’option des Etats-Unis face à la guerre Iran-Irak. Les Etats-Unis étaient intéressés par leur capacité à déployer des forces militaires dans le Moyen Orient et par le fait que le pétrole devait continuer à couler ».
Celles et ceux qui auraient encore un doute sur les « raisons morales » de Blair et Bush se doivent de lire ces documents. Les mêmes intérêts dictent la politique de Bush- réd.
(tiré du site À l’encontre)
http://www.alencontre.org/index.html