Le réseau Socialisme par en bas-L’étincelle (Speb), représentant en France l’International socialist tendancy, a intégré la LCR à la suite d’un vote de sa direction nationale fin janvier. L’article qui suit est un condensé du texte voté lors de l’assemblée générale des militants de Speb des 17 et 18 janvier derniers validant, le protocole d’intégration.
L’année 2003 a été un crû à superlatifs pour les mouvements de lutte. Tout le monde a en tête le mouvement antiguerre. Le rassemblement du Larzac, en plein coeur de l’été, a été le plus gros rassemblement anticapitaliste en France depuis Seattle. Enfin, selon certaines estimations, il y a eu 30 millions de jours de grève en France en 2003, soit cinq fois plus qu’en 1995 !
Des liens interprofessionnels à la forte autoorganisation du mouvement de mai-juin en passant par les stratégies des intermittents, la progression n’est pas que quantitative. Des expériences se forgent, des liens se créent et se renforcent entre différents types de luttes. Une génération entière se forme à la politique, avec inexpérience mais aussi beaucoup d’enthousiasme tandis que leurs parents, pour certains anciens de mai 1968, y reviennent, avec un certain nombre de désillusions mais aussi de l’expérience. Le mélange pourrait être détonnant. Pour la première fois depuis le début des années 1970, l’objectif de construction d’un parti révolutionnaire est posé concrètement.
Bien sûr, les mouvements de 2003 ont très peu gagné. L’Irak est occupé. La contre-réforme des retraites en France est passée avec d’autres mesures antisociales. L’inflexibilité des gouvernements démontre cependant plus le niveau des enjeux pour la classe dirigeante que la réalité de sa force actuelle. Certes Bush a envahi l’Irak. Mais il cherche à se dégager du bourbier irakien plus qu’à préparer immédiatement un nouveau conflit tandis que la crise politique couve à l’intérieur des Etats-Unis. Certes, Chirac et Raffarin ont gagné sur les retraites, mais ils ont dû reculer sur la loi de modernisation universitaire et repousser la "réforme" de la Sécu.
Bush, et avec lui le système impérialiste mondial, pourrait payer très cher une défaite étatsunienne en Irak. La mobilisation pour la journée mondiale du 20 mars et la construction de collectifs antiguerre larges, ancrés dans nos milieux est une tâche cruciale.
Le mai-juin des profs n’a pas été le 1984 de la grève des mineurs anglais avec Thatcher. Le mouvement des travailleurs en France, le mouvement des profs en premier lieu, n’a pas été cassé même si le conflit a laissé des traces. Partout où c’est possible, il s’agit de développer les syndicats et les liens intersyndicaux et interprofessionnels.
Une exigence d’alternative
Cela ne suffira pas cependant. Dans chaque lutte émerge une exigence d’alternative avec la compréhension que les attaques spécifiques - racisme, guerre ou attaques sociales - ne sont que les différents aspects d’une même logique, celle de l’accumulation capitaliste. Si nous ne voulons pas que cette exigence se noie et, avec elle, toute forme de résistance, si nous ne voulons pas qu’elle soit à nouveau canalisée vers l’utopie dramatique de régulation du capitalisme (et un nouveau 21 Avril... en pire), alors il nous faut relever le défi. La campagne LO-LCR peut devenir un tremplin pour organiser tous ceux qui se retrouvent sur la plate-forme électorale - "activistes" antiguerre, antifascistes, militants syndicalistes et/ou altermondialistes - et commencer ainsi à donner forme et contenu à la gauche anticapitaliste.
C’est d’autant plus important qu’en dépit de l’incroyable mouvement de réaction à la présence de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, le Front national n’a rien perdu de sa capacité d’attraction. Comment s’en étonner ? La "république" des Chirac, Seillière et Sarkozy a su "remercier" de leur vote les travailleuses et les travailleurs, les étudiantes et les étudiants, les musulmanes et les musulmans, en s’en prenant directement à elles et à eux. Chirac a ainsi démontré que, non seulement il n’était pas un obstacle au fascisme, mais qu’il était celui qui favorise son développement.
A tous ceux qui se font attaquer par la droite et qui avaient été attaqués par la gauche au gouvernement, il faut montrer qu’une autre gauche est possible. C’est le propre de tout système de classe de poser en des termes dramatiques ce qui est, aussi, l’opportunité d’une perspective d’émancipation, la transformation révolutionnaire de la société.
Le point de perspective vers lequel convergent les objectifs de la LCR (mouvements de masse, gauche anticapitaliste et partis), et qui leur donne un sens, c’est la Révolution, c’est-à-dire un processus de confrontation de tous les travailleurs et les opprimés avec la classe dirigeante et ses institutions.
C’est cela en effet qui exige de renforcer l’unité et la cohésion des travailleurs et des jeunes, de développer leurs organisations de lutte.
C’est cela qui exige de s’organiser à des dizaines voire des centaines de milliers dans une gauche anticapitaliste pour devenir une direction alternative à la gauche qui a capitulé.
C’est cela qui exige d’en souder des milliers dans un pôle révolutionnaire pour gagner cette direction aux perspectives révolutionnaires.
Socialisme par en bas