Un colonel américain ne s’embarrasse pas de formules diplomatiques : « Ce n’est pas une question de si, c’est une question de quand nous engagerons le combat. » (International Herald Tribune - IHT, 31.12.2002-1.1.2003)
Il confirme ainsi que, pour l’administration Bush, les recherches des inspecteurs de l’ONU en Irak sont un leurre. Le régime de Saddam Hussein est accusé de détenir, encore, des « armes de destruction massive ». Mais plus les jours passent, plus se confirme le cynisme du gouvernement des Etats-Unis et de tous ceux qui l’ont appuyé à l’ONU, gouvernement helvétique y compris. Pour paraphraser la formule sarcastique d’un quotidien américain : en matière de possession d’armement « il appartient à Saddam Hussein de faire la preuve que les Etats-Unis ne possèdent aucune preuve » ! Ce raccourci résume bien la façon dont les principes les plus élémentaires du droit international sont triturés par la puissance impériale.
Car des preuves sur les livraisons - au régime dictatorial de Saddam Hussein - de matériels servant à fabriquer des armes bactériologiques et chimiques, les Etats-Unis en possèdent. En effet, depuis la visite de Donald Rumsfeld (l’actuel va-t-en-guerre de Bush junior) à Bagdad en 1983, et jusqu’en 1990, les élites gouvernementales américaines n’ont pas hésité à livrer du matériel militaire et « à double usage » (civil et militaire) à l’Irak. Les documents d’archives américaines, qui viennent d’être rendus publics, le démontrent. Suite aux bombardements de 1991 (guerre du Golfe), à ceux de décembre 1998 (opération « Renard du désert » menée en dehors de toute résolution de l’ONU), à l’instauration de l’embargo, aux inspections de l’ONU de 1991 à 1998, à l’espionnage systématique du territoire, l’administration Bush sait que la force militaire de l’Irak est dérisoire. Et n’est-ce pas deux des proches alliés des Etats-Unis qui possèdent dans cette zone géographique les « armes de destruction massive » les plus efficaces : le Pakistan et Israël ?
Les « maîtres du monde », pour défendre leurs intérêts, sont prêts à tout : à organiser la torture, comme en Afghanistan ou sur la base de Guantanamo où sont encagés des hommes sans statut légal (IHT, 27.12. 2002) ; à appuyer des régimes dénoncés par toutes les organisations de défense des droits de la personne humaine (du Pakistan à la Turquie, en passant par la Colombie, Israël, l’Arabie saoudite ou encore la Jordanie) ; à soutenir ouvertement les forces qui cherchent à renverser un régime populaire et démocratique au Venezuela, ce pays pétrolier que Washington voudrait placer complètement sous sa coupe.
Les armes US de destruction massive
En réalité, la guerre américaine - pleine et entière - contre l’Irak est planifiée. Le déploiement des forces militaires américaines et anglaises est en cours. Le calendrier est établi. Les discussions vont bon train à Washington sur les modalités de contrôle de l’Irak après la guerre, sur la façon de payer avec le pétrole irakien les frais de la guerre, sur le type de gouvernement à mettre en place et sur le recyclage de larges secteurs de l’actuel régime irakien (IHT, 6.1.2003). La Turquie a déjà placé ses tanks dans le Nord de l’Irak, pour assujettir les Kurdes s’opposant aux militaires d’Ankara.
Arrogance impérialiste et campagne médiatique de bourrage de crâne sont étroitement mêlées, selon la méthode éprouvée à l’occasion des guerres coloniales et impérialistes.
Les bombardements anglais et américains sur le Sud de l’Irak n’ont fait que croître depuis l’adoption, le 8 novembre 2002, de la résolution 1441 du Conseil de sécurité de l’ONU, résolution ayant trait, officiellement, au désarmement de l’Irak.
Un journaliste américain écrit : « Ils [les pilotes] ont utilisé leurs missions sur l’Irak pour bombarder d’autres cibles [que les « postes de commandement »], un luxe rare pour des pilotes se préparant à une guerre possible. » (IHT, 24-25.12. 2002)
La mort de civils victimes de ces bombes s’additionne aux effets d’un embargo qui tue en masse. Celui-ci vient d’être renforcé, le 30 décembre 2002, par le Conseil de sécurité de l’ONU : Washington a décidé d’interdire l’exportation d’antibiotiques vers l’Irak. Ce sont de telles mesures meurtrières qui ont conduit les deux responsables des programmes humanitaires onusiens en Irak - Denis Halliday, puis Hans von Sponeck - à démissionner de leur poste. Un récent rapport de l’Unicef confirme la dimension de cette hécatombe : le taux de mortalité infantile (enfants âgés de moins de 5 ans) a augmenté de 160% en Irak de 1990 à 2000. « Le recul du pays [l’Irak] est le plus grave parmi les 193 pays examinés. » Par comparaison, de 1990 à 2000, la mortalité infantile a diminué en Egypte de 54%, en Iran de 39% et en Syrie de 35%.
Les effets cancérigènes des munitions à l’uranium appauvri sont
documentés par diverses études scientifiques. Si une enquête sérieuse de l’ONU devait être conduite, le sujet en est tout trouvé : pourquoi et comment les Etats-Unis utilisent-ils l’uranium appauvri et détruisent-ils de la sorte la vie de milliers d’êtres humains ?
Or, selon les estimations les plus crédibles, les tonnes de munitions à l’uranium appauvri utilisées par les avions de type A-10 (Warthog) et F-15 (Strike Eagle), par les hélicoptères Apache ou les tanks (M1A2 Abrams), ainsi que transportées par les missiles de croisière (Tomahawk), n’ont fait qu’augmenter à l’occasion des guerres conduites par les Etats-Unis : 315 tonnes déversées sur « le champ de bataille » en Irak, en 1991, et 500 à 600 tonnes en Afghanistan en 2001. On peut déjà anticiper l’averse de munitions radioactives qui s’abattra sur l’Irak et ses populations, empoisonnant pour très longtemps terre et cours d’eau et affectant gravement la vie des parents et de leurs enfants.
Les contours de la stratégie impérialiste
Ces constats effectués, une question se pose : quels sont les objectifs déterminants des cercles dirigeants états-uniens ?
La réponse a été énoncée, en septembre 2002, dans le document intitulé Stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis :
1° assurer la permanence d’une domination militaire mondiale, incontestée, des Etats-Unis ;
2° valider la conduite d’« une attaque préventive » contre tout Etat, ou toute force, considéré comme pouvant porter atteinte aux intérêts américains à l’échelle de la planète (ce que permet l’interminable « guerre contre le terrorisme ») ;
3° instaurer un statut d’exception pour la puissance américaine : ses « serviteurs » doivent échapper à toute législation internationale.
Voilà les éléments constitutifs de la stratégie impérialiste qui doit aboutir - dans la phase actuelle - à renforcer le contrôle des Etats-Unis sur la région du Moyen-Orient et à en remodeler les contours politiques.
Cette orientation n’est pas seulement celle de l’administration républicaine actuelle. Elle s’appuie sur les besoins et les exigences du capitalisme impérial américain.
En effet, l’affermissement de leur puissance militaire - donc aussi politique - permet aux Etats-Unis de poursuivre un type de développement économique qui s’appuie sur l’appropriation de diverses ressources en provenance de tout le globe. Parmi elles, on peut en citer deux types.
1° Une masse de capitaux permettant de financer les déficits étatiques et commerciaux et qui sont aussi mis à disposition des grandes firmes américaines ; ces flux de capitaux doivent soutenir la place financière de Wall Street, dont les Bourses du monde entier dépendent. 2° Un ensemble de ressources naturelles, dont au premier rang le pétrole, source d’énergie décisive pour encore quelques décennies.
De plus, la position dominante de l’impérialisme américain facilite la surexploitation de la très large majorité des populations des pays de la périphérie, au Sud comme à l’Est. Elle permet également de reléguer ses concurrents impérialistes d’Europe (de l’Allemagne à la France), ainsi que le Japon. Tout cela ne peut que déboucher sur une recolonisation ouverte d’une grande partie du monde et sur de nouvelles guerres. La politique extérieure des Etats-Unis constitue une réponse aux graves problèmes qui rongent l’économie et à la nécessité qui en découle d’étendre leur hégémonie planétaire, quitte à mettre en danger le monde.
Les guerres du « complexe militaro-industriel »
La guerre est, littéralement, une bonne affaire pour un vaste réseau de firmes industrielles, de sociétés de construction, de transport, de services (de l’informatique au secteur médical). Le « complexe militaro-industriel » américain - incorporé à l’Etat - englobe 85000 entreprises. Au cours de l’année fiscale 2000, les 100 premières parmi elles ont reçu des commandes à hauteur de 82,5 milliards de dollars. Les dix premières firmes, à elles seules, en ont accaparé 75 milliards. Leurs noms sont connus : Raytheon, General Dynamics, Northrop Grumman, Litton Industries, United Technologies, TRW (achetée en décembre 2002 par Northrop Grumman), General Electrics, Science Applications International Corporation (SAIC), Lockheed Martin, Boeing-McDonnell Douglas.
Or, depuis l’année 2000, les commandes d’armement n’ont cessé de croître. Comme le souligne le Wall Street Journal, quotidien lié au grand capital et à l’administration Bush,, c’est la plus forte croissance depuis la période de la « guerre froide » (du conflit latent avec l’Union soviétique). Rien d’étonnant dès lors à ce que le « portefeuille de la guerre », c’est-à-dire les actions des firmes qui produisent de l’armement, ait connu de bonnes performances à la Bourse, au moment où le cours des actions des autres firmes connaissait la débâcle. Le Wall Street Journal remarquait : « Alors que le ralentissement de l’économie mondiale est plus long que prévu et a dévasté des secteurs industriels entiers, celui de la défense représente une lumineuse exception. »
Les « coûts » de la guerre - énormes pour les populations qui en sont la cible - représentent les profits de la guerre pour ce vaste réseau de l’industrie d’armement. La militarisation d’un secteur de l’économie est présentée comme une audacieuse course aux « progrès technologiques » dont les armes dites intelligentes sont l’emblème. De la sorte, armement et guerre sont assimilés à de fantastiques jeux vidéo. Or, militarisation et déclenchement de guerres, bien réelles, relèvent des exigences de domination des principales économies impérialistes. Et cela au moment même où les forces de ce système non seulement détruisent la planète (réchauffement climatique, pillage énergétique...), mais nient les droits les plus élémentaires de des centaines de millions d’êtres humains : 1,3 milliard n’ont pas accès à l’eau potable, 800 millions souffrent gravement de la faim, 40 millions d’Américains ne disposent pas d’une assurance maladie et 20 millions ont de la difficulté à se nourrir.
Toutefois, pour ce capitalisme armé, tout va bien ! Saddam Hussein laissé en place en 1991 - il avait reçu le feu vert pour écraser le soulèvement populaire au Sud de l’Irak comme dans les régions kurdes du Nord - a servi durant huit ans d’épouvantail. Cela a facilité des ventes colossales d’armements américains à l’Arabie saoudite, au Koweït, aux Emirats arabes unis... dont les régimes oppressifs ne suscitent pas de réprimandes de la part des défenseurs autoproclamés « de la paix et de la démocratie ». George W. Bush, élu par la « Cour suprême » des Etats-Unis, après une campagne électorale financée par les grandes sociétés de l’industrie pétrolière et de l’armement, est bien placé pour comprendre cette observation de Justin Dart, président de Dart Industries : « Parler aux politiciens, c’est bien. Mais, avec un peu d’argent, ils vous écoutent bien mieux. » Rien d’étonnant que les représentants du big business garnissent les rangs de l’administration Bush. W.H. Hartung, l’un des spécialistes de l’armement aux Etats-Unis, constate : « En bref, l’industrie de l’armement nucléaire n’a pas besoin de groupes de pression dans l’administration Bush, à un fort degré ils sont l’administration Bush. » (The Nation, 13 juin 2002)
Finalement, les guerres - telle celle à basse intensité menée déjà contre l’Irak - permettent de détruire des armes. Cette destruction est « utile ». Elle permet d’en produire de nouvelles plus sophistiquées - et encore plus meurtrières - et de les vendre à l’Etat, tout en les faisant payer grâce à une ponction sur les revenus des salarié·e·s contribuables qui subissent, en même temps, les effets d’une dégradation des dépenses sociales.
La dictature du régime pétrolier
Un des experts reconnus des problèmes d’énergie en Allemagne, Hermann Scheer, lié à la social-démocratie de Gerhard Schröder, n’hésite pas à affirmer : « Pour une guerre contre l’Irak, il n’existe pas d’autre raison que le pétrole. » Cette formule est réductrice, mais elle touche un point essentiel.
En effet, le renforcement du contrôle des Etats-Unis sur les principaux fonds d’énergie (pétrole et gaz naturel) du monde et sur les territoires ayant une importance stratégique est au centre de la nouvelle guerre contre l’Irak. En ce sens, la continuité avec la guerre en Afghanistan s’affirme. Ce que confirme le récent accord (décembre 2002) entre le Turkménistan, l’Afghanistan et le Pakistan pour la construction d’un pipeline (TransAfghanistan Pipeline) permettant d’acheminer - donc de contrôler - le transfert du gaz (puis du pétrole) d’Asie centrale vers l’océan Indien.
Un document officiel - Les défis énergétiques stratégiques du XXIe siècle - permet de faire la lumière sur la politique pétrolière de Washington. Il a été rédigé sous la direction de James Baker, ex-secrétaire d’Etat des Etats-Unis à l’époque de la présidence de Bush père, et publié en avril 2001. Donc avant l’attentat du 11 septembre 2001.
Après avoir insisté sur le rôle « perturbateur des marchés pétroliers » pouvant être joué par le régime de Saddam Hussein, ce rapport conclut que « les Etats-Unis doivent dès lors réexaminer immédiatement leur politique face à l’Irak, en prévoyant des contrôles militaires sur l’énergie et des pressions économiques et politico-économiques ». Puis, il envisage « la nécessité d’une intervention militaire » !
Ce qui intéresse les Etats-Unis, ce n’est pas prioritairement de mettre sur le marché, à moyen terme, quelque 4 à 5 millions de barils de pétrole supplémentaires. Ils veulent que des firmes américaines (Chevron-Texaco, Exxon...) extraient ce pétrole et qu’il soit transporté dans leurs oléoducs. Et, dans ce but, les ressources pétrolières irakiennes doivent être privatisées. Cela permettra aussi de renégocier des contrats passés entre l’actuel pouvoir irakien et des firmes française (TotalFinaElf), russes (Lukoil, Zarubezneft Mashinimport), chinoise (China National Petroleum), espagnole (Repsol) ou italienne
(Agip).
Pour mener à bien cette rapine, un « changement de régime » est nécessaire. Traduisez : une intervention militaire et la mise en place d’un régime à la botte de Washington.
Un hold-up planétaire
Une telle mobilisation militaire ne s’explique que par l’ampleur du hold-up : l’Irak, selon les données datant de plus de dix ans, dispose des plus importantes réserves pétrolières du monde (112 milliards de barils), après l’Arabie saoudite. Toutefois, les experts sont d’accord sur un point : les réserves pétrolières effectives doivent avoisiner les 250 milliards de barils. Ce qui permettrait, au niveau présent des importations des Etats-Unis, de couvrir leurs besoins durant 98 ans. En outre, étant donné la guerre Irak-Iran (1980-1988), la guerre du Golfe (1991) et l’embargo, 55 sur les 70 champs pétroliers recensés ne sont pas effectivement exploités. Huit parmi ces derniers disposent de réserve de plus d’un milliard de barils de pétrole gisant quasi à la surface, peu cher à extraire, de très bonne qualité et aisément transportable (Middle East Research&Information Project-Merip Report, décembre 2002).
Or, ce pactole se trouve au centre d’une région - celle du golfe Persique - qui contient 70% du total des réserves pétrolières confirmées. Les Etats-Unis sont le plus gros consommateur de pétrole du monde : 25% de la production annuelle totale. Mais ils ne disposent que de 2% des réserves certifiées mondiales. Ils cherchent donc à diversifier leurs importations. Cependant, comme le reconnaît le sous-secrétaire à l’énergie du gouvernement Bush, John Brodman, l’importance des pays de la région du Golfe reste incontournable (New York Times, 26.12.2002).
Dans ce panorama, en plus des données citées plus haut, le pétrole irakien est quadruplement précieux aux yeux du gouvernement Bush.
1° Le « retard » pris dans l’extraction fait que le rapport entre les réserves et la production quotidienne à venir sera bien meilleur. Autrement dit, dans 40 ans, alors que les gisements des différents pays de la région seront près de s’épuiser, le pétrole irakien coulera toujours.
2° La maîtrise sur l’Irak permet de disposer de moyens de pression sur les autres pays producteurs. Beaucoup d’analystes parlent de l’Arabie saoudite, ce qui n’est pas sans fondement. Moins insistent sur la Russie de Poutine qui mène, sans être mis au ban de la « communauté internationale », sa guerre d’extermination en Tchétchénie. Or, la Russie assiste à un accroissement de la présence militaire et économique des Etats-Unis en Asie centrale, jusqu’en Géorgie. Néanmoins, elle doit faire contre mauvaise fortune bonne mine si elle veut espérer attirer des capitaux internationaux. Ainsi, Poutine et ses pétroliers font des « efforts » pour démontrer leur disponibilité à servir les projets de diversification énergétique de l’administration Bush. Au côté de l’Arabie saoudite et du Mexique, la Russie vient de déclarer sa disponibilité à accroître sa production journalière afin de freiner une hausse des prix du brut liée à la réduction de la production suite à la guerre à venir et à la présente « crise vénézuélienne ».
3° A moyen terme, une participation pleine et entière au marché pétrolier d’un Irak placé sous tutelle poussera le prix du brut à la baisse... rendant ainsi plus problématiques des investissements en Russie et dans la région de la Caspienne, car les prix d’extraction et de transport sont élevés. Donc, dans le futur, le rapport de force, lors des négociations entre les Etats-Unis et la Russie, s’améliorera encore en faveur de Washington.
4° Une présence politique et militaire en Irak, qui s’ajoute à celle déjà acquise en Asie centrale, en Turquie, au Koweït, en Arabie saoudite, au Qatar, à Oman, au Pakistan et en Afghanistan, rendra de plus en plus dépendante, pour l’obtention de ressources énergétiques, une puissance économique montante comme la Chine. Il en ira de même pour les pays de l’Union européenne et le Japon.
Malgré des différences d’intérêts sur diverses questions (commerce, agriculture, acier, monnaie) face aux Etats-Unis, les pays impérialistes de l’Europe se placent aujourd’hui dans le sillage de la politique américaine, espérant négocier au mieux des gains en leur faveur. Dès lors, aucune illusion ne peut être cultivée sur une « opposition européenne » au dessein de Washington. En outre, les impérialismes européens développent, à l’instar de leur leader nord-américain, une politique de rapine dans les pays de la périphérie. Le pillage de l’Argentine par les transnationales françaises, espagnoles, suisses en est un exemple. Au-delà de réticences, l’alignement subordonné des pays européens à une OTAN élargie, sous direction américaine, en est une autre expression.
Les raisons de réagir
Alors que se prépare l’agression contre l’Irak et son peuple, l’Etat israélien occupe les territoires palestiniens et humilie leurs populations, détruit les récoltes, rase les maisons, emprisonne des milliers de personnes, impose un blocus économique, multiplie les « exécutions ciblées » et les assassinats. Avec l’aide militaire et financière des Etats-Unis, Israël reproduit, à une échelle plus restreinte, la politique coloniale mise en œuvre par les Etats-Unis. L’Etat sioniste échappe à toute sanction du droit international, grâce au veto systématique de Washington au Conseil de sécurité de l’ONU. Les souffrances infligées aux populations d’Irak et de Palestine relèvent d’une politique analogue et l’alliance Bush-Sharon ne relève pas de la circonstance.
La mobilisation la plus large contre la guerre en Europe et en Suisse vise donc :
1° à éviter des dizaines de milliers de morts, victimes directes et indirectes d’une guerre en Irak ;
2° à mettre un cran d’arrêt à la politique militaire impérialiste des Etats-Unis et de leurs alliés européens, entre autres ;
3° à apporter un soutien à celles et ceux qui, aux Etats-Unis, se mobilisent pour freiner la militarisation et la guerre de Bush contre l’Irak ;
4° à élargir le soutien aux droits du peuple palestinien ; et à apporter un appui aux forces qui, en Irak, s’opposent à la politique impérialiste et luttent pour les droits démocratiques et sociaux contre la dictature de Saddam Hussein ;
5° à contrebattre les relents racistes qui accompagnent, depuis toujours, les conquêtes impérialistes conduites sous l’étendard de la « civilisation » et de la « liberté » ;
6° à susciter un débat public sur la nécessité de changer le système socio-économique et politique dominant qui porte en lui la guerre comme la nuée l’orage.
En effet, cette guerre n’est que l’expression la plus extrême d’un système où s’impose le pouvoir d’une infime minorité aussi bien sur les ressources de la planète que sur les richesses produites par des centaines de millions de mains et de cerveaux auxquels est dénié le droit de décider de leur avenir. - 6 janvier 2003
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Tract du Mouvement pour le socialisme (MPS) - 6 janvier 2003