Les scrutins de l’année 2004 (référendum et élections régionales) avaient démontré l’accroissement du soutien populaire au « processus révolutionnaire » incarné par Chavez, et déclenché une nouvelle vague de revendications du mouvement populaire. S’en est suivie l’ouverture d’un débat national sur la construction du « socialisme du xxie siècle », dans lequel la gauche révolutionnaire défend l’appropriation sociale des moyens de production et la neutralisation de l’appareil d’État, entre autres.
Avec les élections législatives prévues pour le 4 décembre, l’enjeu est de refermer la parenthèse ouverte en 2001, qui avait vu 25 députés élus dans la majorité rejoindre les rangs de l’opposition, réduisant à peau de chagrin la majorité « bolivarienne » à l’Assemblée nationale (86 contre 79). Or la « Constitution bolivarienne » de 1999 prévoit que les lois organiques soient votées par deux tiers des législateurs et par trois cinquièmes lorsqu’il s’agit des lois habilitant le président à légiférer par décret.
De fait, depuis 2001, la majorité « chaviste » est confrontée à une guérilla parlementaire qui s’est dénouée, le plus souvent, en faveur de l’opposition. L’enjeu de ce scrutin est donc de remettre en conformité la représentation parlementaire avec les aspirations du mouvement populaire et d’obtenir deux tiers au moins des sièges. Pour y parvenir, les partis de la coalition majoritaire (MVR, PPT, Podemos et PCV) ont formé une alliance qui couvre l’ensemble du territoire. Côté opposition, c’est la division qui domine : pour masquer une défaite prévisible, certains appellent au boycott, d’autres veulent sauver quelques postes, mais tous convergent dans l’appel à se retrouver dans les églises le 4 décembre. Dieu serait donc le dernier recours d’une opposition en déroute.
Si la victoire des deux tiers était au rendez-vous, le bloc au pouvoir ne pourrait plus se cacher derrière le pouvoir de nuisance de l’opposition parlementaire au moment de traduire, dans les lois, la formidable poussée populaire et révolutionnaire que connaît le Venezuela ces dernières années.
Édouard Diago