La semaine dernière, après cinq semaines de manifestations quotidiennes, l’occupation pacifique du Capitole à Madison et la fugue de 14 sénateurs démocrates menant à la suspension des procédures parlementaires, l’infâme gouverneur républicain s’est servi d’une entourloupette pour faire adopter sa loi impopulaire. La loi intitulée « budget repair bill » élimine de fait le droit de négocier collectivement aux employé-es du secteur public, impose des réductions salariales jusqu’à 7 % et réforme le système d’assurance maladie pour les démunis.
La rage et la colère étaient perceptibles lors de la dernière manifestation de samedi dernier. Est-ce que ce sera le chant du cygne de ce spectaculaire sursaut du mouvement ouvrier états-unien ? Les représentants démocrates et les dirigeants des centrales syndicales font tout pour détourner cette colère, ignorant les appels populaires à la grève générale pour canaliser le mécontentement dans un mouvement de « recall », la révocation des parlementaires républicains.
Ses stratégies électoralistes et conformistes n’arrêteront sûrement pas une opposition plus musclée des travailleurs et travailleuses du Wisconsin et d’autres États. Les républicains du Wisconsin ont peut-être perdu l’appui de l’opinion publique, mais ils ont de solides appuis parmi les gens d’affaires. Le Wisconsin est un laboratoire : si l’issue de la lutte devait être une défaite des travailleurs, d’autres gouvernements, républicains ou démocrates, s’empresseraient d’adopter des lois antisyndicales, menaçant le droit à la négociation collective aux États-Unis. Déjà, une lutte similaire se déroule déjà en Indiana.
Toutefois, des signes positifs permettent de croire à la poursuite de la lutte : l’unité et la solidarité intersyndicale, entre les différentes centrales de secteur public et du secteur privé, n’ont jamais été aussi grandes qu’au cours de cette bataille. Aux États-Unis, on retrouve la fierté d’être membre d’une « union ».