tiré du site du NPA
jeudi 16 avril 2009
Il aura suffi qu’une demi-douzaine de patrons soient retenus - quelques heures ! - par leurs salariés pour que se déchaîne une vaste campagne politico-médiatique sur les « séquestrations », les « prises d’otages », le « climat de violence » et les « atteintes à l’Etat de droit » !
Et même ceux qui, à gauche, affirment « comprendre » les salariés en colère se croient obligés de s’en démarquer et de condamner ces formes d’actions. Eh bien, pas nous !
Des dirigeants et des actionnaires qui se goinfrent de stock-options, de dividendes, de bonus et de parachutes dorés, quand de plus en plus gens ordinaires connaissent des fins de mois difficiles : ça, c’est violent ! Des salariés qui ont trimé dix, vingt ou trente ans pour des salaires médiocres, qu’on vire du jour au lendemain, qui se retrouvent sur le carreau, au cœur de régions sinistrées, sans espoir de retrouver un emploi : ça c’est violent ! Des travailleurs usés, abîmés par les cadences et le stress, qui meurent au travail, soit par accident, soit par suicide : ça c’est violent ! Des « cadres stratégiques », envoyés par la multinationale, qui débarquent dans une entreprise, sortent moult chiffres et graphiques, font bien comprendre aux salariés qu’ils ne sont qu’un « coût de production » à réduire d’urgence, et qui annoncent brutalement la fermeture du site, puis repartent sévir ailleurs : ça, c’est violent !
Lorsqu’en désespoir de cause, parce qu’ils n’ont plus rien à perdre, par sursaut de dignité aussi, des salariés décident de « retenir » leur patron - le plus souvent uniquement pour obtenir l’ouverture de négociations - imagine-t-on seulement la somme de souffrances et d’exaspérations, face à la rapacité et à l’arrogance patronales qu’il leur faut, pour passer à l’acte ?
Alors, franchement, comme ils sont vraiment dérisoires les cris d’orfraies des bonnes âmes hypocrites qui confondent les débats policés et mondains qu’elles affectionnent avec… la lutte de classe !